11 Mars 2015
C’est à partir de dimanche 15 mars prochain que Jean-Pierre Bemba attend le verdict de la CPI. S’il est acquitté, il se présentera à l’élection présidentielle de novembre 2016. Eve Bazaiba, Secrétaire Générale du Mouvement de Libération du Congo (MLC) l’a rencontré, dernièrement, pendant plus de trois heures, dans sa cellule à La Haye. Elle s’abstient, en attendant la sentence, de confirmer la candidature de Bemba à la prochaine présidentielle. Bemba vs Tshisekedi, une affiche alléchante en vue.
Eve Bazaiba a simplement fait une indiscrétion selon laquelle le MLC va présenter des candidats à tous les niveaux des élections. L’UDPS, l’autre formation politique d’Opposition ayant fait ses preuves en RDC, affiche les mêmes ambitions. Lors d’une réunion publique, il y a deux ou trois semaines à Bruxelles, à laquelle Etienne Tshisekedi avait pris part, sa candidature à la présidentielle 2016 avait été évoquée. Si les deux opposants maintiennent leurs candidatures, le rêve d’une candidature unique que caresse le Député Clément Kanku aura du mal à se réaliser. Clément Kanku, en effet, a lancé le projet d’une Table-ronde de l’Opposition au cours de laquelle deux questions majeures seraient examinées : la structuration et la candidature unique de l’Opposition.
Kanku, qui s’est envolé la semaine dernière pour un long périple européen et américain, a promis de rencontrer, tour à tour, à Bruxelles et à La Haye, Etienne Tshisekedi et Jean-Pierre Bemba. Les deux leaders ont affronté, dans les urnes, le président Joseph Kabila. Le premier, très dernièrement, en 2011 et le second, au deuxième tour de la présidentielle 2006. Tous deux avaient mordu la poussière. Clément Kanku, au sujet de la dernière élection présidentielle, attribue, pour une large part, l’échec de l’Opposition à la prolifération des candidatures.
Il craint, non sans raison, que l’histoire se répète l’année prochaine. Ce qu’il considère comme une trahison à la mémoire des manifestants tombés, lors des événements du 19 au 21 janvier 2015. Parlant, justement, de ces douloureux événements, Eve Bazaiba a reconnu le bien-fondé de l’unité de l’Opposition. Elle fait constater que quand les opposants, toutes tendances confondues, avaient levé l’option de recourir au souverain primaire, le peuple les avait obligés à définir une stratégie commune. La population, se réjouit Bazaiba, a été à la hauteur de ses responsabilités. La Secrétaire Générale du MLC insiste surtout sur la passation de pouvoir, le 20 décembre 2016, entre le président sortant et un nouveau. Peu importe, dit-elle, si le prochain président de la République provenait de l’actuelle Majorité au pouvoir.
Est-ce une façon d’admettre que l’alternance ne signifie pas une prise automatique du pouvoir d’Etat par l’Opposition ? C’est possible. C’est pour empêcher, comme il l’affirme, lui-même, la Majorité de conserver le pouvoir en 2016 que Clément Kanku a entrepris de conscientiser et mobiliser ses pairs opposants. L’unité de l’Opposition passe par la définition d’une stratégie commune et par la mise sur pieds d’une structure souple.
Peut-être que toutes ces matières seront débattues à la Table-ronde annoncée. Pendant ce temps, dans les rues de Kinshasa, le calendrier électoral qualifié de global, publié par la CENI, constitue le principal sujet de conversation. La CENI s’est engagée à organiser 11 scrutins en moins de 20 mois. Un objectif difficile à atteindre, aux yeux de beaucoup d’opposants. Ils ont élaboré un calendrier réaménagé dont une copie a été déposée à la CENI.
Curieusement, le doute sur l’applicabilité du calendrier électoral gagne certains cadres de la Majorité. Le député Christophe Lutundula est parmi ceux qui entendent soumettre la question du réaménagement du calendrier électoral à l’ordre du jour de la session parlementaire qui s’ouvre cette semaine, à dater du 15 mars 2015. Parallèlement, le processus de décentralisation ainsi que le découpage territorial donnent du fil à retordre à ceux-là mêmes qui sont censés montrer la direction. Autant de problèmes qui augurent des lendemains agités.