30 Juin 2015
Plusieurs faits ont décidé le ministre de l’Industrie, Germain Kambinga, à s’adresser à l’opinion via la presse au cours d’une interview qu’il a accordée le samedi 27 juin 2015 à son cabinet de travail à quelques journalistes.
Il s’agit notamment de l’aube de la célébration du 30 juin- jour de l’indépendance-, des attaques acerbes dont fait l’objet le gouvernement Matata II et bien entendu les consultations présidentielles en vue d’un dialogue politique.
Bien entendu, le ministre a saisi cette opportunité pour faire le point de décliner sa politique industrielle et partant il a parlé aussi de la Campagne made in Congo, sa marque de fabrique, dont le succès est incontestable.
Bilan de la Campagne Made in Congo, pas un slogan mais une vision L’Histoire retiendra de Germain Kambinga, actuel ministre de l’Industrie, comme le ministre du patriotisme économique, en ce sens que le jeune ministre a poussé et continue à inciter, autant que faire se peut, ses compatriotes à consommer les produits fabriqués localement. C’est le sens de la Campagne Made in Congo. Kambinga est devenu l’ambassadeur du « consommer congolais ». C’est-à-dire la priorisation par les rd-congolais dans leur choix de consommation. Ce changement de comportement de ses compatriotes va booster l’économie en induisant une plus grande production des entreprises installées en RDC tirée par la consommation locale. Prêchant lui-même par l’exemple, le ministre était habillé par un industriel rd-congolais qui excelle dans l’industrie textile et de la mode, connu sous le nom de Okasol (président des stylistes et des modélistes du Congo).
Selon le ministre, la campagne est un franc succès en ce que les rd-congolais ont compris sa vision qui est de privilégier la consommation locale au détriment des produits importés. Mais pour autant le gouvernement n’a pas préconisé une sorte d’autarcie économique où les importations sont stigmatisées ajout-t-il tout de suite. « Consommer congolais » est un processus dynamique au fur et à mesure que nous produirons localement tous les biens dont nous avons besoin, nous évincerons les produits importés dit-il. Mais à ce stade notre économie n’est pas en mesure de fournir tous les biens et services dont a besoin les rd-congolais, constate avec lucidité le ministre. Et de répondre à la critique qui a été faite au gouvernement d’avoir équipé son nouvel hôtel du gouvernement, place Royale sur le boulevard du 30 juin, avec des meubles italiens.
Le ministre a dit clairement que certains meubles d’un certain standard ne pouvaient être fabriqués et livrés dans le délai exigé par un ébéniste rd-congolais.
Voilà pourquoi le choix a été fait d’importer. Mas insiste-t-il, la campagne made in Congo va y remédier mais cela est une dynamique qui nécessite du temps (moyen et long terme). D’ailleurs pour accroitre la capacité de l’industrie locale à fournir des biens et services de qualité, le ministre travaille sur un projet qui vise à ressusciter toutes les industries qui existaient avant les pillages de 1991 et de 1993. Selon le ministre, sur 9600 à peu près d’industries existantes en 1990, il n’en existe plus que 300 aujourd’hui.
Une véritable hécatombe industrielle ! En ce moment Kambinga, répertorie les entreprises décimées par les pillages de triste mémoire pour ensuite envisager de les redynamiser. Le ministre se désole du fait que la Commune industrielle de Limete qui fourmillait des milliers d’entreprises ne plus que l’ombre d’elle-même. D’où l’élaboration par ses soins d’une cartographie industrielle de la RDC. Sur le Made in Congo, ce n’est pas un slogan mais une vision qui s’étend sur plusieurs années et qui ne doit pas se résumer à la visite de tel ou tel site industriel a dit le patron de l’industrie. Il s’agit de la combinaison des plusieurs politiques publiques pour favoriser l’essor industriel de la RD-Congo. Cela va de la politique fiscale, à la politique douanière en passant par la politique industrielle notamment. Le tout dans un environnement incitatif (sécurité juridique, judiciaire et sécurité physique : paix) ajoute-t-il.
Les contraintes aux quelles il fait face.
A la question de savoir comment fait-il, malgré tout ce qu’on lui reconnait comme mérite, pour industrialiser la RD-Congo alors que les préalables ne sont pas réunis ? Allusion faite notamment à l’absence des infrastructures, énergétiques et routières surtout, ainsi qu’au peu des moyens financiers dont dispose son ministère.
Le ministre a dit que la politique doit s’observer avec un prisme dynamique et non statique. Il s’est réjoui du développement des projets énergétiques que le gouvernement a lancés. La réponse structurelle à la problématique du déficit énergétique, le ministre estime qu’elle sera apportée par Inga III (4800 MW) dont les travaux préliminaires sont presque terminés en termes d’études de faisabilité et de bouclage du montage financier. A côté de ce gigantesque projet, le ministre a vanté notamment les autres projets de moindre envergure comme Kakobola au Bandundu et Katende au Kasaï. Mais il a aussitôt précisé qu’il faut compter avec le temps. Au moins 5 ans pour Inga III.
Si pas plus ! En marge de ces projets énergétiques, le ministre a dit que le gouvernement examine d’autres projets alternatifs écologiques. Sur l’absence de routes, le ministre a dit que beaucoup de routes sont construites. Et que cette
dynamique porte déjà des fruits et portera davantage des fruits avec la livraison des chantiers routiers en exécution. Sur la contrainte des moyens, Kambinga a dit que c’est une question qui se pose à tous les départements ministériels. Le sienne fait pas exception. C’est la sempiternelle problématique des besoins illimités face à des ressources limitées. Loin d’être des contraintes, tous ces obstacles sont des opportunités que le ministre entend capitaliser grâce à l’énergie, aux idées et à l’audace. C’est sur cette lancée que le patron de l’Industrie a rendu un hommage appuyé au premier ministre Augustin Matata Ponyon. Il l’a fait en saluant les performances économiques de ses gouvernements, Matata I et Matata II. Mais Kambinga s’est permis de sortir de son droit de réserve en égratignant au passage l’ancien premier ministre Muzito qui dit-il se complait à critiquer systématiquement le gouvernement de son successeur. « Pour donner des leçons il faut être un modèle » c’est le pic lancé contre Muzito. Et de lui attribuer le désordre monétaire de 2011.
Sur Matata, le ministre de l’Industrie n’a eu que des éloges.
Un hommage appuyé au premier ministre
En trois ans et demi dit-il, on a le parc agro-industriel de Bukanga Longo, le Guichet unique pour la création rapide des entreprises, l’adhésion à l’Ohada pour l’amélioration du climat des affaires, la bancarisation, la modernisation des infrastructures comme la nouvelle aérogare de N’djili, la construction des routes, l’érection du nouvel hôtel du gouvernement, la création des milliers d’ emplois dans un pays où on en détruisait, la poursuite de la construction des hôpitaux et des écoles (1000) partout en RD-Congo, etc. Sur la pertinence du nouvel hôtel du gouvernement, le ministre
a dit que les institutions de l’Etat, pour un certain nombre d’entre-elles, étaient locataires. Ce qui occasionnait la perte des ressources.
Avec toutes ces réalisations, le ministre s’est exclamé en disant que c’est beaucoup ! Il y a une dynamique de fond. Les résultats sont déjà là et vont encore se faire sentir. Il faut garder le cap.
Germain Kambinga est aussi revenu sur la stabilité macroéconomique et tous ses corollaires : taux de croissance élevé, inflation quasi nulle et courbe du chômage inversée. Notre économie est parmi les 10 économies les plus dynamiques de l’Afrique se réjouit-il en s’appuyant sur une étude de la banque mondiale.
Pour Kambinga, la vision présidentielle, l’Emergence, est à notre portée, pourvu qu’on le maintienne le cap.
Il faut continuer à maintenir la bonne gouvernance.
C’est pourquoi le ministre s’insurge contre toute idée de chaos en 2016. Pour lui, tous les différends doivent faire l’objet d’un règlement à l’amiable sous le leadership de Joseph Kabila. Le ministre s’est dit plus que favorable au processus de
dialogue initié par le président de la République.
Cela permettra de consolider les acquis démocratiques, la paix, les performances économiques et l’amélioration du social des rd-congolais. Avec Bukanga Lonzo, le ministre Kambinga veut en faire le projet pilote de l’éclosion de la classe moyenne rd-congolaise. Bukanga Lonzo sera une sorte d’incubateur pour favoriser l’émergence des capitaines
d’industries rd-congolais.
Pour ce faire, ils bénéficieront de l’accompagnement de l’Etat selon Kambinga.
Le ministre de l’industrie a terminé l’interview en souhaitant à ses compatriotes une excellente fête d’indépendance.
MTN