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20 ans après, la « révolution » roumaine toujours entourée de zones d’ombre

Rédaction en ligne

AFRIQUE REDACTION | SOCIETE | LUNDI 14-12-2009 | 10H35

lundi 14 décembre 2009, 07:27

Révolution ou coup d’Etat, le soulèvement anti-communiste de décembre 1989 en Roumanie suscite toujours des interrogations et la justice peine à faire la lumière sur l’effusion de sang, sans égale en Europe de l’Est, ayant accompagné la chute du régime.
20 ans après, la « révolution » roumaine toujours entourée de zones d’ombre

afp

A la mi-décembre 1989, un mois après l’effondrement du mur de Berlin, des manifestations éclataient à Timisoara (ouest), puis à Bucarest, réprimées dans le sang.

Le 22 décembre, sous la pression d’une énorme foule massée devant le siège du parti communiste, le dictateur Nicolae Ceausescu et son épouse Elena prenaient la fuite, avant d’être appréhendés, condamnés à mort et exécutés le jour de Noël.

Au total, 1.104 personnes sont mortes durant ces événements, 162 avant le 22 décembre, et 942 après. 3.352 ont été blessées.

« Il y a toujours des questions sans réponse. Nous ne savons pas qui a tiré avant la fuite de Ceausescu, et surtout après », a déclaré à l’AFP Viorel Oancea, le premier militaire à s’être adressé aux manifestants anti-communistes de Timisoara. Malgré ces inconnues, « c’était une révolution, car cela a abouti à un changement de régime », soutient-il.

Son opinion est partagée par un ancien opposant à Ceausescu, Radu Filipescu, qui évoque néanmoins une « implication des services secrets étrangers ». « On ne peut pas parler de +simulacre+ de révolution puisqu’il y a eu des morts », estime-t-il.

Le procureur Dan Voinea qui avait rédigé l’acte d’accusation contre les Ceausescu et avait par la suite été chargé du dossier du soulèvement, assure avoir identifié les meurtriers, qui étaient « tous des militaires ».

« Avant le 22 décembre, l’entier appareil répressif avait agi contre les manifestants. Après le 22, ce fut uniquement l’armée », dit-il.

Il regrette néanmoins que très peu de condamnations aient été prononcées, en raison de « l’absence de volonté politique ».

Selon lui, les légendes tissées autour de mystérieux « terroristes », des francs-tireurs supposés fidèles à Ceausescu, n’étaient qu’une « diversion » émanant de l’armée. Le but ? « Défendre l’administration communiste », dit-il.

L’ex-Premier ministre Petre Roman parle lui aussi de « révolution » : « Le coup d’Etat n’a jamais existé ».

Mais il admet qu’il y a « des raisons suffisantes pour parler d’une +confiscation+ » du soulèvement populaire par le pouvoir installé après la chute de Ceausescu.

« Dans les nouvelles structures il y avait beaucoup de dirigeants ex-communistes. C’était une erreur d’Ion Iliescu », l’ex-apparatchik communiste devenu l’homme fort du pays le 22 décembre, indique-t-il.

Quant à la désignation du simple professeur qu’il était à la tête du premier gouvernement post-communiste, il a une explication simple : « J’étais sous la main, j’avais la légitimité de la barricade ».

Le procès sommaire et l’exécution des Ceausescu, dans une caserne de Targoviste (sud), suscite aussi des questions. Mais très peu de regrets.

« Pourquoi l’avoir exécuté ? Mais vous imaginez combien un procès aurait duré ? », lance M. Filipescu, qui avait purgé trois ans de prison pour avoir distribué des tracts contre Ceausescu.

M. Voinea assure avoir ignoré que le couple était « condamné d’avance » par Iliescu et ses proches. « J’ai eu une heure pour rédiger le réquisitoire et j’ai accusé Ceausescu de crimes contre l’humanité. Tout ce qu’il avait fait était de notoriété publique », a-t-il expliqué.

Et les 60.000 morts, l’un des principaux chefs d’accusation ? « J’avais lu cela dans la presse », affirme M. Voinea.

Il balaie également les doutes quant aux circonstances de la mort des Ceausescu, les images censées les montrer juste après avoir été criblés de balles ayant été mises en doute par des experts.

« J’ai assisté à leur exécution. Cela s’est passé très rapidement, le caméraman n’a même pas eu le temps de filmer ».M. Oancea pense toutefois que « nous ne saurons jamais toute la vérité. Vingt ans après, les fantômes du communisme nous hantent toujours ».

(afp)

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