AFRIQUE REDACTION | Créé le 15.12.09 à 08h08 Mis à jour le 15.12.09 à 08h28 |
Le Premier ministre italien Silvio Berlusconi est secouru par la police après avoir été attaqué par un homme lors d'un meeting électoral, Milan, le 13 décembre 2009. /REUTERS
Le président du Conseil pourrait faire fructifier politiquement l'incident...
«Se poser comme victime est un des grands ressorts de l’action de Silvio Berlusconi. Il est victime des magistrats, de l’opposition, des médias… qui s’acharnent alors que lui ne pense qu’à l’Italie et aux Italiens, explique Marc Lazar, professeur à Sciences Po Paris. Là, il est effectivement victime d’un attentat et on peut lui faire confiance pour en tirer profit, surtout dans cette période de grande tension.»
Soutien de l’ensemble de la classe politique
Depuis dimanche, les rancœurs sont rangées au placard et les marques de soutien de l’ensemble de la classe politique affluent. Du porte-parole du Vatican au leader du Parti démocrate, tous dénoncent cette agression. Même le «peuple violet», le mouvement de bloggeurs qui a lancé le «No Berlusconi day», rappelle que la base de son action est la «non-violence».
Pas «seulement le geste d’un fou»
«En Italie, tout acte de violence remue des souvenirs des années de plomb (décennie marquée par des attentats de l’extrême gauche et extrême droite). C’est pour cela que même l’opposition est allée à son chevet, pour éviter au maximum une nouvelle agression», rappelle Marc Lazar.
Mais cette harmonie risque de ne pas durer. «On pourrait espérer qu’une réflexion collective pour stopper cette tension prenne place, mais déjà les gens se déchirent pour manifester leur joie ou leur colère», analyse Massimo Nava, journaliste du Corriere della Sera.
Jeu de lancer de statuette
Les groupes appelant au génie de l’agresseur fleurissent sur Facebook, un jeu de lancer de statuette vient d’être créé et certains demandent à une mise en perspective de ce nez cassé. Mais les alliés de Berlusconi n’en démordent pas. Ils assurent que «ce geste n’était pas seulement celui d’un fou» -l’agresseur est soigné depuis dix ans pour troubles psychiatriques- et qu’il existe un vrai risque d’émulation. Possiblement nourri par la gauche.
Un doute que va entretenir Berlusconi, selon Marc Lazar. «La stratégie de la tension permanente va continuer car Berlusconi risque de voir arriver de nouvelles assignations en justice, de perdre ses alliés... Il veut rester en permanence au centre de l’attention et toute cette actualité va lui permettre.»