Après l’interdiction d’exploitation minière artisanale à l’Est Joseph Kabila suspend toute nouvelle attribution des carrés miniers

Créé le 14 -12-2010 à 09 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDCongo | Mis à jour le mardi 14 -11-2010 à 10 h00 | PAR : LE POTENTIEL

Il est temps pour le Congolais moyen de savoir à quoi auront finalement servi les immenses ressources minières de son sous-sol. L’ordre doit régner dans le secteur minier, a promis mercredi dernier le Président de la République, devant le Parlement réuni en congrès. En attendant le nettoyage du système, il a annoncé une « pause » dans l’attribution de nouveaux carrés miniers.

Du haut de la tribune de l’Assemblée nationale où il intervenait devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès, le président de la République a annoncé une « pause » dans l’attribution de nouveaux carrés miniers. Ainsi, après la mesure d’interdiction de toute exploitation minière artisanale à l’Est de la RDC, Joseph Kabila a décidé de remettre de l’ordre où l’anarchie commençait de plus en plus à gagner du terrain, faisant perdre quelque fois de millions de dollars américains à la République.

Après avoir présenté sa vision pour la RDC, il a fait remarquer « pour sécuriser les perspectives de notre développement, le défi le plus important que nous devons relever aujourd’hui est celui du contrôle et de la mise en valeur de nos ressources naturelles. Ressources du sol ; ressources du sous-sol ; ressources forestières, ligneuses et non ligneuses ».

Mais, comment atteindre si le secteur des ressources naturelles, particulièrement celui des mines est gouverné dans une opacité la plus totale.

Conscient de cette situation, le chef de l’Etat a invité les principaux animateurs de ce secteur à se reconvertir. « Il nous faut pour cela, a-t-il indiqué, une politique claire et visionnaire, basée sur une évaluation sérieuse de nos potentialités, et mue uniquement par l’intérêt national ». Dans la foulée, il a annoncé le lancement d’une « campagne de prospection général, utilisant les techniques les plus fiables, dont la télédétection ».

Entre-temps, le chef de l’Etat a souligné l’urgence d’arrêter l’hémorragie qui gangrène le secteur minier. Aussi, a-t-il décidé de suspendre tout octroi de nouveaux carrés miniers, en attendant l’assainissement de la chaine d’attribution par des procédures claires et objectives, nettement collées aux dispositions les plus pertinentes du Code minier.

D’une certaine manière, le chef de l’Etat a fait observer que la revisitation des contrats et conventions minières a révélé tout le désordre qui entoure le processus d’octroi. Le Cadastre minier qui coordonne les mécanismes d’octroi n’a pas été mis dans les conditions de travailler en toute indépendance. Bien souvent, ce service a été vidé de sa substance jusqu’à lui amputer de la plus source de ses recettes, les droits superficiaires, au profit de la DGRAD, le condamnant à fonctionner dans la précarité.

Pour le chef de l’Etat, il était donc temps de marquer la « pause » pour réorganiser le système, sans toutefois déroger au Code minier. « Dans le secteur minier, après la conclusion du processus de révisitation, une pause s’impose dans l’attribution de nouveaux carrés ».

APRES LA REVISITATION, VOICI L’EVALUATION

La révisitation n’a fait que baliser le chemin. Place maintenant à l’évaluation des contrats et conventions validés au terme de ce processus, a souligné le Président de la République. « Nous devons en effet prendre le temps d’évaluer la performance du portefeuille des projets déjà approuvés ».

L’épée de Damoclès est donc suspendue sur la tête des entreprises minières, quoique validées, qui n’ont pas su accélérer le rythme dans la mise en œuvre de leurs projets. Le Gouvernement devait passer à la vitesse supérieure. L’on devait donc s’attendre dans les tout prochains à des mesures de recadrage de l’action de l’Etat dans le secteur minier.

Les détenteurs de carrés miniers sur des projets moins performants pourraient donc se voir dépouiller de leurs titres, par défaut de commencer tel que l’exige le code minier. Un tsunami, de l’amplitude forte que ne l’a été au moment de la révisitation, est en gestation dans le secteur minier. Seuls les moins aptes pourraient être emportés.

Pour le Président de la République, l’évaluation des contrats et conventions revisitées, puis revalidées, est un exercice qui s’impose pour une nation qui veut se reconstruire par les mines.

« Bien plus, après quarante ans d’une politique qui fait la part belle à l’exploitation artisanale, dont ni le pays, ni les exploitants eux-mêmes, n’ont tiré aucun dividende visible, il est temps de réexaminer la sagesse de ladite politique, à la lumière notamment de l’expérience des pays qui ont mieux réussi que nous, à faire de leur industrie minière un puissant levier de développement », s’est, par ailleurs, interrogé le président de la République.

Dans la foulée de nouvelles orientations annoncées par le chef de l’Etat, il y a également la remontée en surface de la mesure d’interdiction des minerais bruts ou en semi-finis. Bientôt, les entreprises minière devraient donc être contraintes à raffiner les minerais extraits du sous-sol congolais jusqu’au produit fini. « Dans tous les cas, la rationalité économique exige que dorénavant soit limitée l’exportation des minerais bruts, et que la recherche d’une plus grande valeur ajoutée locale devienne la règle », a indiqué le président Kabila.

Faisant le rapprochement avec le secteur forestier, le chef de l’Etat a reconnu que des erreurs « regrettables » ont été commises dans les mines. D’où, son engagement à remettre rapidement de l’ordre dans ce secteur pour « éviter » que les mêmes erreurs ne se répètent dans le secteur des forêts