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Avec les rebelles ougandais de la Lra Dungu : « Nous avons beaucoup souffert », dit la population

Créé le 04.02.10 à 07h42
AFRIQUE REDACTION | CONFLIT ARMÉ | RDC | Mis à jour le Jeudi | 04.02.10 à 08h20. Par : LA REPUBLIQUE 

«Dungu : Nous avons beaucoup souffert» ce titre du film de Seck Ndiaga traduit le cri de cœur de la population du territoire de Dungu, dans le district de Haut Uélé en Province Orientale, victime des exactions des rebelles ougandais de l’Armée de résistance du Seigneur (Lra) de Joseph Koni. Ce film réalisé à la mi-septembre 2009 a été présenté le vendredi 29 janvier 2010 à la presse par le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (Ocha) en présence d’autres acteurs humanitaires dont Unicef et Caritas développement Congo. Un véritable outil de plaidoyer en faveur des populations de Dungu, le réalisateur qui a juste repris les paroles d’un personnage du film, a révélé que son message devant la souffrance et les atrocités dont sont victimes les habitants de Dungu est : « Nous avons beaucoup souffert et ça suffit ». Avant d’ajouter, « Il est temps de penser à autre chose ».

La réalisation de ce film est une façon pour Seck Ndiaga, de mettre sur la place publique et ainsi faire connaître à l’opinion tant nationale qu’internationale, par l’entremise des médias, ce que beaucoup de personnes ignorent étant donné que Dungu est un territoire enclavé.


En effet, les rebelles de la Lra sèment la terreur dans cette zone où ils tuent les hommes, enlèvent les enfants, pillent les villages, incendient les maisons. Devant cette situation, certaines personnes ont fui leurs villages, des femmes sont restées seules avec leurs enfants car les maris sont tués. En tout cas, c’est ce qu’affirment les personnages du film. Un calvaire qui remonte  en décembre 2007 lorsque les éléments de la Lra avaient lancé leur attaque contre la paroisse catholique tenue par les pères Combonniens, accusant ces derniers de révéler leur présence dans la zone au gouvernement congolais. Tout a été déclenché avec des attaques qui ont poussé une partie de la population émigrer du Nord vers le Sud.

A en croire les rares rescapés des otages, lorsque les Lra vous capturent, « ils vous font transporter leurs bagages quels que soient leurs poids. Comme nourriture, ils vous donnent du manioc cru. Ils ne vous donnent pas à boire et la nuit ils vous attachent les pieds et les mains. Durant la période de captivité, les Lra vous torturent et tuent les autres pour vous faire peur. Et tous ceux qui résistent à leur ordre sont tout simplement tués sans autre forme de procès ». Dans ce contexte, le traumatisme est grand au sein de la population surtout pour les femmes et les enfants.  Dans le village Bama en 2008, à la veillée de Noël, les éléments de la Lra ont incendié l’église, les gens ont été calcinés et ceux qui voulaient fuir étaient tués à coup de machette. Chose qui n’étonne personne lorsqu’on sait que la rébellion ougandaise est redoutable pour ces atrocités.

Sentiment de frustration et de révolte, cette situation de souffrance a donné naissance à deux groupes de résistance à Dungu, dont celui de M. Koba qui affirme ne pas avoir peur des Lra. Impuissant devant la souffrance infligée à ses administrés, le chef de district de Dungu  s’est  dit : «choqué» devant ces actes barbares  des rebelles ougandais et pourtant, dit-il,  «Dungu ne partage aucune frontière avec l’Ouganda ».

L’insécurité règne à Dungu et ses environs à tel point que le périmètre de sécurité était réduit à trois kilomètres alors que dans cette contrée, les champs les plus proches se situent à environs 10 kilomètres, indiquent des humanitaires. Ce qui veut clairement dire que la population ne sait plus assurer sa prise en charge alimentaire, condamnée ainsi à vivre de la distribution des humanitaires qui a du mal à arriver vu le délabrement des routes. Une nourriture qui est larguée par le Programme alimentaire mondial, alors qu’on sait que le largage de nourriture coûte trois fois plus cher que le prix de la nourriture. Si non, il faut passer par l’Ouganda, puis le Sud Soudan avant d’acheminer la nourriture à Dungu par camion. Ce qui n’est pas facile non plus.

Devant ce tableau sombre, la population de Dungu ne réclame qu’une seule chose, qu’elle appelle la solution valable : « mettre fin à la guerre, que la population circule librement comme autrefois ».

Pour sa part, le coordinateur humanitaire ad intérim, Dieng, est de cet avis car soutient-il, la solution « C’est la paix et que tous travaillent dans ce sens ». Il estime par ailleurs que beaucoup d’efforts ont été faits par le gouvernement conjointement avec les casques bleus. Maintenant, « il faut de solution politique et non militaire pour mettre fin à cette guerre », a-t-il conclu. 

Il a été surprenant pour le public, composé des journalistes essentiellement, de constater une absence quasi-totale des éléments des Forces armées de la Rdc (Fardc) dans ce film, ni même une quelconque évocation de leur présence par les habitants de Dungu, au moment où l’opinion sait que les opérations Rudia  continuent leur bon homme de chemin afin de traquer les Lra de la région. Interrogé sur cette question, Sech Ndiaga, réalisateur du film, a  précisé que cette absence des militaires Fardc est due au fait que ces derniers, du moins leurs chefs sur le terrain, se sont refusés à toute interview du réalisateur.

«Dungu : Nous avons beaucoup souffert » est une œuvre qui interpelle à la fois les acteurs humanitaires et le reste de l’opinion tant  nationale qu’internationale sur le drame qui se vit dans cette partie de la Province orientale. Œuvre d’un témoin sénégalais – donc impartial – le souhait de tous est de voir ce message sortir la communauté internationale de ses atermoiements face à cette tragédie humanitaire !

Marthe Bosuandole

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