23 Décembre 2009
Un malfrat arrêté et deux autres en cavale (Récit d’une filature policière au cœur de Cotonou)
AFRIQUE REDACTION - Un groupe de trois malfrats s’apprêtaient à opérer hier en fin de matinée dans les environs de Zongo. Les forces de l’ordre informées, étaient aux aguets en civil. Lorsque les malfrats s’en sont rendus compte, il s’en est suivi une course-poursuite qui s’est achevée à Joncquet, dans la rue menant à la Bsic, avec l’arrestation d’un des malfrats, les deux autres ayant réussi à s’échapper. Récit d’une course-poursuite qui a alerté toute la population de Joncquet et environs.
Mardi 22 décembre 2009. Il sonnait environ 12h 45. Dans la rue qui passe devant la pharmacie Joncquet, souvent animée par les passants, les prostituées et les cambistes, c’est le sauve-qui peut général. « Ils sont encore là, les braqueurs sont revenus », pouvait-on entendre partout. Les motocyclistes et autres passants ne se font pas prier avant de rebrousser chemin. En moins de quelques minutes, la rue est devenue déserte. Les boutiques ont fermé et les cambistes ont disparu comme par enchantement. C’est dans cette ambiance de confusion générale, qu’un conducteur de taxi-moto communément appelé « zémidjan » nous informe que les braqueurs ont opéré une fois encore non loin de la boîte de nuit « Cristal Palace ». Un tour dans la zone et on se rend compte que le théâtre de l’opération est encore loin de l’endroit indiqué et qu’il n’y a pas eu braquage comme on le fait croire, mais une tentative de braquage manqué.
Récit.
Après le braquage du dimanche dernier qui a coûté la vie à un individu dans la zone de Joncquet, les malfrats ont encore failli faire parler d’eux dans la matinée d’hier dans les environs de Zongo. Mais, heureusement, la police veillait au grain et la prompte réaction de deux de ses éléments a mis en déroute, ces déviants. Selon les recoupements faits sur place et qui concordent, les malfrats au nombre de trois, ont projeté d’opérer dans la zone de Zongo hier en plein midi. Mais, c’était sans compter avec la détermination de la police qui a décidé de mettre hors d’état de nuire ces hors-la-loi.
Ainsi, donc, ayant eu certainement vent de ce énième braquage que s’apprêtait à opérer les malfrats, deux éléments de la police dont les identités n’ont pas été révélées, ont pris en filature ces malfrats. Ces derniers ne se doutant de rien, sont arrivés sur leur lieu d’opération où ils ont déjà choisi leur cible. Les deux éléments de la police étaient aussi sur les lieux mais en civil et dans une voiture banalisée, surveillant les faits et gestes de tous les passants. C’est alors que trois individus viennent à moto, descendent et se mettent à se concerter. Leurs faits et gestes ont sûrement attiré l’attention des policiers en civil qui n’ont pas réagi et qui attendaient le moment propice pour agir. Mais en bons délinquants, ils ont flairé la présence des forces de l’ordre et leur réflexe a été de prendre la poudre d’escampette.
Il s’ensuit une course-poursuite, les malfrats à moto et les deux policiers en voiture selon l’itinéraire suivant : Zongo-sous l’échangeur de l’avenue Steinmetz et retour à la case-départ. Pensant semer les policiers qui étaient décidés à les arrêter, les malfrats ont eu la géniale idée de bifurquer dans la ruelle menant à la Bsic du côté de Joncquet. Arrivés à ce niveau, ils ont abandonné leur moto et ont préféré prendre leurs jambes au cou. Les policiers firent de même en abandonnant leur voiture. L’un d’eux, le plus jeune, selon les témoins, escalade le garde-fou, sort son arme, tire en l’air deux fois pour obliger les fugitifs à s’arrêter. Ces coups de feu ont entraîné une panique générale au sein des riverains qui n’ont pas hésité à se coucher à plat ventre pour éviter des balles perdues.
Ces malfrats ne voulant pas se faire arrêter aussi facilement, ont continué leur fuite. C’est alors que, à son corps défendant, le policier fit usage de son arme pour immobiliser un des malfrats. Celui-ci tombe à terre, gisant dans son sang à côté de la moto, ses complices ont escaladé la clôture d’une maison pour s’y réfugier. Pour ne pas permettre aux autres de fuir, les policiers ont appelé leurs collègues en renfort. Selon des témoins oculaires de la scène digne d’un western, les forces de l’ordre ont mis plus d’une demi-heure avant de venir, car la scène se passait vers 12h30 mais c’est après 13 h que les renforts composés de militaires, de policiers, des éléments des Crs et des Raid, sont arrivés pour malheureusement aucun résultat. Les malfrats connaissant certainement mieux la zone, ont profité du retard des renforts pour s’évaporer dans la nature.
La fouille, maison par maison par l’impressionnant dispositif sécuritaire, n’a pas permis de retrouver les deux autres malfrats. Cependant, le seul malfrat blessé a été menotté puis conduit au commissariat central de Cotonou. Toutes nos tentatives pour avoir son nom ont été vaines. Pour les besoins de l’enquête, il ne nous a pas été possible d’avoir son identité. Comme il fallait s’y attendre, les populations de Joncquet n’ont pas été tendres envers les forces de l’ordre qui, une fois encore, ont déploré leur lenteur. Néanmoins, elles ont félicité les deux policiers qui ont mis en déroute ces malfrats. « Sans l’aide de ces policiers, on serait encore en train de parler d’un autre braquage, mais heureusement », a conclu un riverain qui a suivi en live la scène.