CANDIDAT PRESIDENT PRISONNIER: Bemba démobilise ses propres troupes

Le chairman du MLC n’est pas encore assuré de quitter les geôles de La Haye mais il est décidé de se jeter à l’eau pour la présidentielle de 2011. Acte de suicide susceptible d’asséner un coup fatal à son édifice avec l’inévitable mécontentement de ses lieutenants les plus ambitieux, Muamba et Kanku, quand Mbungani, le président du MLC/Benelux a entamé une campagne de dénigrement contre José Makila.

A Kinshasa, les opposants, notamment Clément Kanku Bukasa et Jean-Claude Vuemba ont beau évoquer la probabilité d’une candidature unique de l’opposition à la présidentielle de 2011, même si chacun y va avec son approche, de sa cellule de La Haye, Jean- Pierre Bemba a choisi de bouleverser la donne en se portant lui aussi candidat, selon les confidences du secrétaire général adjoint Thomas Luhaka Losendjola à un de ses proches. La nouvelle est susceptible de déplaire et de démobiliser certains présidentiables de la maison MLC ou de l’édifice Union pour la Nation -UN-, respectivement gardés par deux présidentiables, François Muamba Tshishimbi et Clément Kanku avec Jean-Lucien Busa Tongba embusqué. Le camp bembiste va inévitablement se lézarder. Signe avant-coureur: la croisade que le fidèle des fidèles Jean-Jacques Mbungani a entamée mardi 15 février 2011 contre José Makila, accusé de vouloir déstabiliser le MLC à l’Equateur et de rouler pour Joseph Kabila.
Même en prison, Jean-Pierre Bemba Gombo ne lâche pas prise. 11 se prépare pour la présidentielle de 2011. Légitime mais irréaliste parce que le candidat n’est pas encore sûr de gagner la bataille judiciaire face â l’intraitable Moreno Ocampo. Sans blague, l’acte constitue une insulte vis-à-vis des RD-Congolais apparemment jugés naïfs au point d’accepter d’être dirigés par un Président de la République prisonnier.

Mais il constitue aussi et surtout une décision suicidaire. Bemba a entrepris d’asséner un coup fatal à son parti et de démobiliser ses propres troupes, à commencer par son principal lieutenant, le secrétaire général François Muamba Tshishimbi, qui se voue lui aussi et c’est logique en l’absence du chairman, un destin national. Certains au sein du MLC estiment que Bemba serait le candidat de l’unité du parti longtemps miné par la crise depuis l’arrestation et l’incarcération de son leader. Mais une large opinion ne partage pas cet avis, li y n en a qui ne s’expliquent pas la propension du ‘chef à tout prendre pour lui-même et ne rien laisser aux autres. «Après avoir été défait à la présidentielle de 2011, le chairman a cru que le poste de porte-parole de l’opposition était son apanage. Il a travaillé dans ce sens à partir de sa cellule et ordonné à ses employés du MLC de faire obstacle à tous ses concurrents. La machine s’est grippée jusqu’à ce jour et l’opposition a raté l’occasion de se trouver un porte-voix», se plaint un cadre du MLC sous couvert de l’anonymat. Comme lui, beaucoup d’autres raflent mais en silence, de peur de se faire broyer. Face à la toute puissance du patron, ils ne peuvent que se plier. Si Bemba est assuré de bénéficier une fois de plus de l’allégeance du SG Muamba, même au péril de son oeuvre, tous attendent voir comment il va s’y prendre pour gérer le coordonnateur de l’UN Clément Kanku, déterminé â jouer sa carte et capable de prendre sa liberté s’il s’estime à l’étroit. D’autres candidats non encore déclarés comme Jean-Lucien Rusa guettent et sont prêts pour a fronde. Le décor est donc planté pour l’implosion. La sortie du président du MLC/Benelux Jean-Jacques Mbungani prouve que Bemba a engagé une guerre fratricide. Pour l’heure, les flèches des Bembistes sont décochées vers José Makila Sumanda qui revient d’une tournée réussie à l’Equateur et risque de bouleverser les calculs de Bemba.

Le gouverneur honoraire MLC de l’Equateur est L’objet des attaques directes et d’une campagne de dénigrement menée par Mbungani, campagne lancée mardi 15 février 2011 via internet.’ Dans un article intitulé Profitant de l’absence de Jean-Pierre Bemba, José Makila Sumanda tenté de déstabiliser le MLC à l’Equateur, Mbungani ne pardonne pas à Makila de s’être proclamé membre du parti de l’Equateur, qualifiant son discours de populiste. «Tentative de déstabilisation du MLC Equateur par le gouverneur honoraire José Makila», attaque le Bembiste de la diaspora avant d’aligner les griefs: «Lors .de sa visite u Sud Ubang4 ce dernier qui se dit être du parti de l‘Equateur a volontairement voulu distraire la population avec un discours populiste qui ne rencontre en rien les besoins vitaux des populations rurales. Lors de sa tournée, on pouvait sans peine apercevoir les originaires de la province arborer divers drapeaux PPRD, UDEMO et MLC créant ainsi la confusion et semant le doute dans le fief électoral du sénateur Jean-Pierre Bemba Gombo actuellement retenu à la Haye». Puis d’asséner: «l‘attitude affichée par .José Ma kilo frise le ridicule car, il n ‘est un secret pour personne qu’il roule pour le pouvoir en place en RDC et Joseph Kabila alors que c‘est par la volonté du MLC qu ‘il a été ministre des TPI et gouverneur de I ‘Equateur. Dommage pour la RDC, quand certains politiciens s’évertuent dans une volte face politique». Clair qu’au non de son maître, Mbungani veut désormais la, peau de Makila, l’élu le plus emblématique du MLC aux législatives de 2006, même au risque d’une dislocation.