24 Janvier 2012
Le dernier week-end a apporté aux analystes politiques un panel de données en rapport avec les opérations interminables de compilation des résultats des élections législatives nationales du 28 novembre 2011 que certaines langues n'hésitent pas à taxer de complication. La grande nouvelle a été la menace de démission du pasteur Daniel Ngoy Mulunda de son poste de président du Bureau de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante). Cet homme de Dieu, indiquent des sources branchées, en aurait ras le bol des « pressions » des candidats non élus de la Majorité Présidentielle sur sa personne ainsi que sur les responsables tant du Centre national que des centres locaux de compilation. A ce sujet, certains commentateurs pensent qu'il s'agirait d'un chantage destiné, à faire peur à ses amis de la Majorité. On laisse entendre aussi que des listes noires, élaborées dans des officines de la famille politique du Chef de l'Etat seraient régulièrement injectées dans les centres locaux de compilation, provoquant un bordel tel que le nombre de candidats ayant lamentablement échoué dans les urnes aurait largement dépassé celui des compatriotes ayant réellement mérité les suffrages du souverain primaire. On apprend également que ministres, gouverneurs, députés, sénateurs, mandataires publics en fonctions et autres dignitaires de la République auraient déversé, en quantité industrielle, des espèces sonnantes et trébuchantes sur des agents de la CENI en vue de les obliger à maquiller les scores issus des urnes.
Pendant que le peuple congolais et les observateurs étrangers, déjà soumis à deux changements de date de publication des résultats provisoires des élections législatives nationales - 13 et 18 janvier 2012- attendent impatiemment le respect de la prochaine échéance, fixée au jeudi 26 janvier 2012, l'heure est à l'étalage des linges sales de la CENI dans la rue. Au vu de la montagne des dossiers des fraudes électorales livrés à la presse par des candidats malheureux de la Majorité Présidentielle, aucun doute n'est plus permis : les scrutins du 28 novembre 2011 étaient bel et bien un hold up électoral.
A la lumière du coup de colère du pasteur Daniel Ngoy Mulunda à l'endroit de certains de ses coreligionnaires au sein de la Majorité Présidentielle, il y a lieu de penser qu'en dehors du travail de compilation réalisé à la CENI, des listes de futurs députés nationaux sont apprêtées dans des centres de compilation parallèles. On croit savoir qu'au regard de la multitude de prétendants du camp présidentiel à l'exercice des mandats de députés, les arbitrages en «laboratoire» sont devenus si compliqués et complexés que les déçus refusent désormais de se taire.
La non transparence du processus électoral confirmé
Les sons discordants ainsi que les guerres de clans, de tribus et d'ethnies pour le positionnement au sein de la future Assemblée Nationale, entre membres de la Majorité Présidentielle, peuvent être interprétés comme de la confirmation de la non transparence du processus électoral de 2011. Grâce aux déballages venus de la famille politique du Chef de l'Etat, l'on a désormais la certitude que des mineurs d'âge, des étrangers, des hommes en uniforme et des millions d'électeurs fictifs avaient été injectés sur les listes électorales de la CENI.
Grâce à la crise qui secoue la Majorité Présidentielle, l'on ne devrait plus douter du bourrage des urnes, le 8 novembre 2011, avec des bulletins vote cochés en dehors des bureaux de vote. Tout ce qui s'était dit au sujet des bureaux de vote fictifs, du serveur contenant des données 'suspectes, des opérations de soustraction, d'addition voire de multiplication des voix pour faire gagner des candidats préalablement sélections par le « pouvoir parallèle» vient de se confirmer.
Grave escroquerie politique
En attendant la suite des événements, des millions de Congolais qui s'étaient rendus aux urnes le 28 novembre 2011 constatent qu'ils sont victimes d'une grave escroquerie politique. Alors qu'ils avaient cru avoir décidé du sort du futurs locataires de l'hémicycle de Lingwala, les nouvelles du dernier week-end leur révèlent que les bulletins qu'ils avaient soigneusement remplis dans les isoloirs avant de les glisser dans les urnes avaient une valeur égale, sinon inférieure à celle des papiers hygiéniques.
L'on peut dès lors se demander pourquoi la Majorité présidentielle avaient-ils exigé et obtenu du Parlement le couplage des élections présidentielle et législatives, laissé des candidats à la présidentielle et à députation nationale se ruiner en dépenses de campagne électorale et des compatriotes s'entre- tuer dans des violence pré et post-électorales, alors que la véritable compétition des urnes se jouait en dehors de celles-ci?
Demain, va-t-on encore demander aux candidats députés provinciaux sénateurs, gouverneurs de provinces, bourgmestres et chefs des secteurs de battre campagne alors que les listes des élus sont boutiquées dans des locaux obscurs ? Aura-t-on vraiment le courage d'inviter les électeurs et les témoins des partis politiques à se présenter dans les bureaux de vote ? La mascarade électorale de 2011 est tellement flagrante que si ses commanditaires et exécutants ont encore le sens de l'honneur, ils devraient débarrasser le- palier et admettre le principe de l'annulation de ces scrutins de la honte.
Kimp