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Confidences du chauffeur du Ministre - PROFESSION : OB-SER-VA-TEUR DES ELECTIONS…

 

Créé le 29-11-2011 à 10h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |   ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le mardi  29-11-2011 11H 00| AFRIQUEREDACTION :  LE POTENTIEL



Ils sont venus par dizaines, et de tous les horizons. Il y a là-dedans des tifs et des tondus, des échalas et des «bouffe-tout», des humanitaires le cœur en bandoulière et des «profito-situationistes» en quête de «job». Il y a là-dedans également des parle-menteurs internationaux. Ce sont des ob-ser-va-teurs, des « spécialistes », des « experts » en élections !

Ils ont été en Bosnie, en Azerbaïdjan, en Birmanie, en Côte-D’ivoire ; ils viennent de Tunisie et du Maroc, avant de rentrer par la Lybie pour consacrer le « printemps arabe »…

L’autre jour, cette délégation d’observateurs est venue en audience chez mon patron, le Ministre des Affaires stratégiques (à prononcer avec respect…) Tous avaient l’air sérieux, comme s’ils portaient désormais le destin de tout l’univers sur leur dos. Devant mon patron de Ministre, tous se réclamaient apôtres de la paix, et ne juraient que sur la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. La vérité des urnes. Tous avaient l’air bien portants, hommes et femmes, l’air des personnes qui mangent quatre fois par jour, et qui sont venus sauver le monde…

Mon patron de Ministre s’est enquis de leur nombre. Une bonne centaine. Cent pour 2 millions de kilomètres carrés, cent pour 11 provinces, cent pour 30 millions d’électeurs ? a demandé mon patron de Ministre. Pas de problème, ont –ils répondu en chœur. Mon patron de Ministre a tenu aussi à savoir comment les observateurs évaluaient la campagne électorale. Pas de problème, ont-ils de nouveau répondu en chœur. Néanmoins, la cheftaine de délégation, une charmante personne bien dans sa peau, a fait part de certaines originalités bien kinoises. Par exemple l’émergence, lors de la campagne, de nouveaux métiers et « cop » : des commissionnaires en chef pour la mobilisation des « fans », des « animatrices » improvisées et des animateurs bonimenteurs corvéables à souhait au service de tous les candidats à tour de rôle, des « catcheurs » recrutés comme gardes du corps des candidats, mais surtout des graphistes et des dessinateurs de banderoles passablement inspirés, etc . La cheftaine des observateurs a raconté l’anecdote de ce graphiste qui, sur les banderoles, a mis tellement de zèle sur les slogans qu’il y a propagé des fautes d’orthographe à gogo. S’en étant rendu compte bien tard à cause des quolibets de ses adversaires, le candidat du graphiste a piqué une grosse colère, a sommé le dessinateur-grammairien de tout refaire, mais en lingala facile ! « Une faute de français sur l’affiche, a tonné le candidat, c’est au moins cent voix de moins ». La cheftaine a raconté par ailleurs comment un commissionnaire en chef d’un quartier « en-bas-d’en-bas », appelé à recruter dare-dare des « militants » pour un meeting dans le bar du quartier, a dû plusieurs fois faire la navette entre deux candidats adversaires afin d’honorer ses multiples contrats simultanés. Mais seulement voilà : dans la précipitation, et ayant mélangé les genres, le commissionnaire s’était présenté chez l’un des candidats affublé du tee-shirt tabou aux couleurs de l’autre camp. Il a été pourchassé et n’a échappé au lynchage des catcheurs-garde-du corps que grâce à l’intervention rapide de la police. Plusieurs fois, a prétendu la cheftaine des observateurs internationaux, des bagarres du même genre ont été enregistrées parce que la « collation » promise aux « fans » ne correspondait pas aux tarifs standards sur les nouveaux marchés de la propagande. ..

… Ce que je raconte là, qui s’est passé au cours de l’audience entre mon patron de Ministre et la délégation des observateurs, c’est le directeur de cabinet en personne qui l’a raconté à la secrétaire du cabinet qui l’a raconté à son tour au garde du corps de Son Excellence qui enfin me l’a rapporté, chuttt ! chuttt ! sous le sceau du secret. L’audience s’est apparemment bien passée, à voir à la sortie la mine ravie des observateurs et de leur cheftaine. Et leur cortège s’est ébranlé avec tapage, précédé par des motards de la police.

… Confiant dans les propos rapportés à l’issue de l’audience, je suis allé très matinalement voter dans nos bureaux du quartier situés dans le nganda-bar. Or, quelle ne fut ma surprise, en cherchant ma carte d’électeur, de découvrir que mon porte-monnaie était vide ! J’en étais dépité de manquer ainsi à mes devoirs de bon citoyen et de républicain.

C’est le soir du 28, au moment où les bureaux de vote de notre quartier ont commencé à fermer, qu’un quidam m’a appelé pour me signaler qu’il venait de ramasser ma carte d’électeur. Mais il exigeait une récompense conséquente avant de me la remettre. Après d’âpres conciliabules, je suis entré en possession de cette fameuse carte. J’ai demandé à ce soi-disant…

« bon » Samaritain où il avait retrouvé la carte. Il a ri, m’a fait un clin d’œil, et a répondu : « A l’hôtel de passe du coin »…

Yoka Lye

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