13 Décembre 2009
AFRIQUE REDACTION | FAITS DIVERS | dimanche 13.12.2009, 12:54 - PAR ARNAUD DUFRESNE
Plusieurs coups de feu ont retenti à Lille, hier, à trois reprises dans trois quartiers différents. Un suspect était activement recherché hier soir.
Deux impacts de calibre douze ont d'abord percé les portes d'entrée d'un restaurant rapide à Wazemmes peu avant midi. Puis, dans l'après-midi, un animateur du foyer ABEJ a été blessé dans le dos par deux tirs de plombs près du Grand Palais. Et enfin, vers 18 heures, un père de famille a été tué d'une balle dans la tête en pleine rue dans le quartier Faubourg de Béthune. Un jeune homme armé et circulant dans une petite Peugeot était très activement recherché hier soir.
Il est bientôt midi, hier rue des Postes à Lille. Au comptoir d'Allo Couscous, quelques clients se pressent pour récupérer leurs repas. « Tout à coup, il y a eu une déflagration, explique un père de famille monsois, on a senti un souffle et reçu des bouts de verre. On n'a pas du tout compris de quoi il s'agissait, on a juste vu des impacts. »
L'enseigne vient d'être visée par un homme armé. Il se serait garé à bord d'une petite 106, en double file devant la vitrine, serait sorti, aurait tiré par deux fois, peut-être au fusil à pompe calibre 12, avant de regagner sa voiture et de repartir. « Ça a fait poum poum », confirme un voisin. Et dans la porte vitrée coulissante, deux gros impacts sont très nets. À l'intérieur, deux clients sont très légèrement blessés par les éclats, et l'un d'eux hospitalisé.
Les forces de l'ordre investissent aussitôt l'enseigne, et envisagent d'abord un simple différend. « Mais on ne sait pas qui est cette personne , explique le patron du restaurant, il avait des lunettes de soleil, il est arrivé, a tiré, est reparti, c'est tout. »
L'enquête en est à ce stade lorsque, vers 15 h, de nouveaux tirs sont signalés, cette fois au foyer ABEJ, à deux pas du Grand Palais. Un animateur est assez sérieusement blessé par une multitude de plombs, notamment dans le dos. « On a entendu deux coups comme des pétards , explique un résidant, on est allé voir. Nicolas (l'animateur) était par terre près de la grille dehors, il criait"appelle, appelle !" » L'homme est pris en charge par les sapeurs-pompiers et le SAMU et les policiers débarquent en nombre, retrouvant aussi deux douilles au sol.
Mais ici, plus de mystère. Le tireur est connu à l'ABEJ pour y avoir été accueilli jusqu'en mars, « où il n'avait jamais fait parler de lui », dit-on. Hier après-midi, il se serait présenté afin de récupérer son vélo. L'animateur, étonné par ce motif, lui aurait demandé de revenir lundi. Le jeune homme aurait accepté, serait ressorti et alors que l'animateur repartait vers l'intérieur, lui aurait tiré à deux reprises dans le dos à travers la grille fermée, avant de disparaître.
Cette fois, les policiers mettent en place un vaste dispositif pour le traquer, craignant maintenant de nouveaux incidents. Et malheureusement, peu avant 18 heures, une nouvelle alerte tombe, en provenance du Faubourg de Béthune.
Dans la rue Verhaeren en impasse, un jeune père de deux enfants vient d'être assassiné d'un coup de feu en plein visage, sur le trottoir face à son immeuble. Là encore l'agresseur a disparu mais plusieurs riverains évoquent un jeune homme du quartier, celui-là même soupçonné dans les deux précédentes séries de tirs.
L'enquête a été confiée à la brigade criminelle de la PJ de Lille. Hier soir, le parquet soulignait que « le lien de causalité » n'était pas établi entre les trois affaires. La préfecture, elle, évoquait juste « l'hypothèse » d'un tireur unique. Le jeune homme, si c'est celui-là, est âgé d'une vingtaine d'années et décrit comme « instable » au Faubourg de Béthune. « Un suspect est identifié, expliquait encore la préfecture, toutes les forces de sécurité disponibles ont été mobilisées pour le retrouver, avec des renforts venant d'autres circonscriptions. »
• Le suspect : un jeune homme fragile Hier soir, au Faubourg de Béthune, les témoins et voisins évoquaient le nom d'un suspect, celui d'un jeune homme du quartier âgé d'une vingtaine d'années. « On le voyait très peu. Il a déjà fait un peu de prison mais il est surtout très perturbé. C'est un gars très solitaire qui était toujours charrié par les jeunes et vivait caché. Vous allez voir que quand tout cela sera fini, on dira que c'est encore l'histoire d'un gars qui avait des problèmes psy et qui n'a pas été soigné à temps. » Le jeune homme sur lequel les policiers fondaient leurs hypothèses hier soir avait déjà été interpellé notamment pour de petits vols dans le centre de Lille et a donc vécu un moment à l'ABEJ (lire ci-contre). Il était soupçonné de se déplacer dans une 106 rouge et d'être armé, peut-être d'au moins un fusil à pompe. LA VOIX DU NORD |