9 Mars 2010
Créé le 09.03.10 à 07h10 - AFRIQUE REDACTION | UNESCO | AFRIQUE | Mis à jour le Mardi 09.03.10 à 07h12. Par : Sidwaya
Réunis en atelier les 1er et 2 mars 2010 à Ouagadougou, les acteurs de l’éducation des pays membres de l’UEMOA ont examiné ensemble le problème relatif aux systèmes éducatifs en cours dans leurs Etats. L’ouverture officielle de cette rencontre a été présidée par le ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, Odile Bonkoungou.
Malgré les réformes du systèmes éducatif, le rapport mondial de suivi de l’Education pour tous (EPT) à l’échéance 2015 montre que les chances d’atteintes des objectifs s’amenuisent.
Les indicateurs contenus dans ce rapport mondial et particulièrement en Afrique subsaharienne préoccupent les acteurs. Le rapport précise également que si les tendances actuelles se confirment, 56 millions d’enfants scolarisables et 71 millions d’adolescents ne fréquenteront pas l’école en 2015, dont plus de la moitié en Afrique.
Les filles représentent 54% des enfants non scolarisés et celles qui sont exclues de l’école primaire ont beaucoup moins de chance que les garçons d’intégrer un jour le système scolaire. Selon un constat fait, par les auteurs de ce rapport, peu de progrès ont été réalisés pour réduire de moitié le nombre d’adultes analphabètes estimés à 759 millions dont deux tiers de femmes. Le même constat fait ressortir également que la malnutrition infantile représente une barrière majeure à la progression de l’éducation et 178 millions d’enfants de zéro à cinq ans sont concernés.
Les jeunes qui partent à l’école primaire sans savoir lire et écrire sont nombreux et certains adultes ayant fréquenté l’école primaire pendant cinq ans sont malgré tout analphabètes, selon toujours le rapport qui tire la sonnette d’alarme. Malgré les réformes du système éducatif le problème persiste et certains s’interrogent sur la pertinence de l’éducation, les forces et les faiblesses du système éducatif, le morcellement de l’éducation à travers un choix dans les priorités, les pertinence dans les offres d’éducation, le concept d’éducation de base répond-t-elle au besoin des populations ? Est-elle adaptée culturellement ? en terme de durée, le cycle primaire est-il suffisant ?
Le cadre curriculaire offre-t-il des dispositions pour tous les types d’apprenants ? Quel est le type d’homme à former ? Autant de points qui ont été débattus par les participants venus des pays membres de l’UEMOA, de l’UNESCO Paris, du Bureau de l’UNESCO à Bamako et des autres bureaux UNESCO en Afrique, des organisations non gouvernementales, des acteurs de l’enseignement et des parents d’élèves.
Le directeur du bureau de l’UNESCO à Bamako, Juma Shabani a révélé que de nouvelles possibilités de formation pour les jeunes vont être opérées parce que l’éducation de base telle qu’organisée ne suffit plus.
"Il faut l’étendre pas seulement en terme de nombre d’années mais en terme de contenu et en terme de compétences professionnelles que les jeunes doivent avoir pour mieux affronter les défis du monde éducatif. Nous proposons d’étendre l’éducation de base jusqu’à l’âge de seize ans en neuvième et dixième de l’école primaire, jusqu’au secondaire pour quatre ans parce que les connaissances et les compétences offertes aujourd’hui au niveau de l’éducation de base ne suffisent plus", a souligné M. Juma.
Quant à la directrice du bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique, Mme Ann Thérèse Dong-Jatta, elle a indiqué que l’éducation apporte non seulement des avantages à l’individu qui en profite, mais aussi à la société qui, par l’éducation se maintient et se reproduit.
"Si l’on regarde le mouvement du flux des apprenants à travers le système éducatif-souvent associé à l’efficacité interne de ce même système, nous voyons des mécanismes qui bloquent le flux et ont pour conséquence l’exclusion effective d’un grand nombre d’enfants.
Les taux de transition du cycle primaire moyens sont faibles, du moyen au secondaire encore plus bas et du secondaire à l’enseignement supérieur négligeable à moins de dix pour cent. Des millions d’enfants entrent tard à l’école, quittent tôt l’école et ne terminent jamais un cycle complet selon le rapport mondial 2010", a relevé Mme Dong-Jatta. Pour elle, les systèmes éducatifs des pays africains semblent dépassés par l’ampleur de la tâche.
Des millions d’enfants sont donc laissés en dehors du système éducatif, soit parce qu’ils sont incapables d’accéder au niveau d’éducation suivant, soit parce qu’ils trouvent que ce n’est pas la peine de rester à l’école, soit parce que, pour quelqu’autre raison, ils ne participent pas au processus de l’éducation.
Dans son discours d’ouverture, le ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, Odile Bonkoungou a indiqué que le Burkina Faso accueille cet atelier sur la vision élargie de l’éducation de base au moment où il s’engage lui-même dans une réforme de son système éducatif qui préconise un cycle d’enseignement de base allant jusqu’aux quatre premières années du secondaire appelé enseignement post-primaire.
"A travers cet atelier dont le thème est consacré à la vision élargie de l’éducation de base, les organisateurs et les responsables de l’éducation en Afrique particulièrement entendent dégager une vision consensuelle quant au contenu de l’éducation de base", a souligné Mme Bonkoungou.
Elle a enfin souhaité que les orientations et les débats menés au cours de cet atelier puissent aboutir à l’élaboration d’un document de stratégie d’opérationalisation d’un Programme d’extension de l’éducation de base en Afrique (PEBA).