27 Décembre 2010
Créé le 27-12-2010 à 07 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le Lundi 27 -12-2010 à 07 h40 | PAR : LE POTENTIEL
Y aura-t-il élections en 2011 dans les limites prévues par la Constitution ? Cette question, anodine pour certains, vaut cependant son pesant d’or au regard de l’enlisement dans lequel se trouve plonger le processus électoral. Plus d’un mois après la désignation de sept personnalités indépendantes, la mise en place du bureau de la Commission électorale nationale indépendante va de report en report. L’incertitude plane.
A quelques jours de la fin de la session extraordinaire du Parlement, censée planter le décor du processus électoral, le nuage d’incertitudes se répand sur la tenue de futures élections. Le calendrier de la CEI, qui fixait l’élection présidentielle au 27 novembre 2011, a été frappé de caducité.
Le président de la République en a décidé ainsi, aux termes de son adresse, le 8 décembre 2010, devant le Parlement réuni en congrès (quatrième fois consécutive depuis le début de son mandat). A l’occasion, il avait fait part de sa ferme détermination à « assurer à la CENI l’appui et le soutien dont elle a besoin pour nous conduire aux élections dans la sérénité, la concorde et selon un calendrier réaliste ».
Après cette déclaration du garant du fonctionnement des institutions, tous les regards devaient être portés sur la seule CENI, dont la mise en place du bureau est le point de départ des élections de 2011. De ce point de vue, il devait se dégager une obligation de présenter, selon le vœu du chef de l’Etat, « un calendrier qui tienne à la fois compte du cadre juridique en vigueur, et des conditions techniques et matérielles requisses pour l’organisation des élections réellement libres, transparentes et démocratiques ».
Mais, depuis la promulgation de la loi organique n°10/013 du 28 juillet 2010 portant organisation et fonctionnement de la CENI, le processus électoral se trouve presque au point mort. Même la désignation de sept personnalités devant siéger à son bureau n’y a rien fait. Les fortes tractations qui ont précédé cette désignation n’auront pas servi à grand-chose.
L’ENLISEMENT
Pour l’instant, c’est l’Assemblée nationale qui est indexée dans l’enlisement relatif à l’installation effective du bureau de la CENI. Son péché, c’est d’avoir passé outre la procédure prévue dans la loi du 28 juillet 2010.
Elle a, pour des rasions qui lui sont propres, alourdi le mécanisme de répartition des responsabilités entre les sept personnalités dûment désignées par la Majorité et l’Opposition en leur qualité de principales forces politiques siégeant à la Chambre basse du Parlement. Cela conformément à l’article 10 de la loi du 28 juillet 2010 qui dispose que : « La CENI est composée de sept membres dont quatre désignés par la Majorité et trois par l’Opposition à l’Assemblée nationale. La désignation des membres tient compte de la représentation nationale dont celle du genre ».
Plus les jours passent, plus les perspectives de l’organisation de prochaines élections dans les limites fixées par la loi s’éloignent davantage. Les deux Chambres du Parlement n’arrivent toujours pas à accorder leurs violons sur la question et les discussions se corsent, quant à l’interprétation correcte de l’indépendance des sept personnalités désignées.
D’ores et déjà, des analystes imaginent des scénarii au cas où, à trois mois de la fin du mandat du chef de l’Etat l’on se trouverait dans l’impossibilité d’organiser l’élection présidentielle.
RETOUR AU PARTAGE DU POUVOIR
En dehors de cette querelle autour de la composition du bureau de la CENI, où l’Opposition a envoyé des personnalités non indépendantes, ce qui bloque la mise en place du bureau de cette institution chargée d’organiser les élections en République démocratique du Congo.
L’hypothèse la plus probable, en pareilles circonstances, serait l’ouverture de concertations internes au sein de la classe politique pour sortir du vide juridique créé. Le risque est d’aller d’impasse en impasse, la classe politique congolaise étant habituée à s’éterniser pour la question de partage « équilibre et équitable » du pouvoir.
Ce qui pourrait déboucher sur une nouvelle et longue transition qui prendrait, une nouvelle fois le peuple en otage, bloquant le fonctionnement normal du pays. En vertu de la formule consacrée en 2002 à Sun City (Afrique du Sud) : « Personne n’ayant gagné… ».
A-t-on besoin de pareil gâchis après une dizaine années d’apprentissage démocratique ? L’effort national de reconstruction s’en ressentirait. Il est plus qu’urgent de libérer la machine électorale pour donner une fois de plus l’occasion au peuple congolais d’élire librement et de manière démocratique ses prochains dirigeants.
Par ailleurs, la querelle autour de la mise en place du bureau de la CENI cache mal un autre problème fondamental : la question du fichier électoral que l’Opposition relèvera le moment venu pour bien bloquer la machine. Car au bout du parcours, la manœuvre vise à mettre en place, faute d’avoir organisé les élections dans les délais, un gouvernement d’union nationale, ce qui donnerait à ces acteurs la possibilité de se présenter à un scrutin à venir à chances égales.
Le seul moyen d’éviter que le pays ne retombe dans ce piège est d’organiser les élections à temps. Une mobilisation pour sauver le processus électoral s’impose. Malheureusement, tout se passe comme si, dans la classe politique, tous redouteraient les élections. Personne ne semble assuré d’être à l’endroit rêvé au terme des élections de 2011. Ainsi, de part et d’autre, on multiplie des exceptions pour retarder davantage la mise en place du bureau de la CENI.
En fin de compte, le président de la République devrait tout faire pour conduire la nation congolaise aux élections dans les délais constitutionnels pour éviter de tomber dans ce piège tendu par l’Opposition.
De quoi dire qu’il tramerait un complot contre le peuple congolais ; un complot qu’il faudrait à tout prix déjouer avant qu’il ne soit trop tard.