2 Mai 2013
L’enseignant du degré primaire, secondaire et professionnel, qui est rémunéré « 2,5 USD par jour », a célébré mardi 30 avril 2013 la Journée nationale de l’enseignement en RD Congo dans l’attente du paiement du « salaire minimum de 102 USD » promis par le gouvernement.
« Le salaire minimum devrait passer de 70.000 (70 USD) à 94 000 FC (102 USD) après la promulgation du budget 2013 par le chef de l’Etat Joseph Kabila. Il va augmenter de 30 USD en 2013 », s’étaient réjouis les responsables des syndicats des enseignants, réunis en intersyndicale dimanche 3 février à Kinshasa.
Selon le ministre Maker Mwangu de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP), « cette augmentation salariale entrera en vigueur à partir du mois d’avril. L’augmentation de la base s’effectuera en deux tranches, soit 10.000 francs à partir du mois d’avril et les 7.000 francs restants à partir de juillet ».
« En difficulté pour scolariser ses propres enfants »
Avec un « salaire insignifiant », l’enseignant congolais éprouve des difficultés « pour scolariser ses propres enfants ».
« Un enseignant diplômé d’Etat gagne 71.195 FC, soit un peu plus de 77 USD. Le gradué touche 74. 897 FC (81,4 USD) et le licencié 76.711 FC (83,3 USD). Et 15.000 FC sont soustraits de ces sommes pour des indemnités de transports. Dans ces conditions, il se trouve en difficulté pour scolariser ses propres enfants ou pour payer son loyer », déplore le Syndicat des enseignants du Congo (Syeco).
En réclamant au gouvernement « l’amélioration des conditions de vie de l’enseignant congolais », le syndicat exige également « l’augmentation du salaire de tous les enseignants et fonctionnaires de l’Education au regard de l’Accord de Mbudi ».
Le Syeco fonde ses revendications salariales sur des statistiques de l’Asadho selon lesquelles « le loyer à Kinshasa varie entre 200 et 8.000 USD dans le district de la Lukunga, entre 50 et 280 USD à la Funa et entre 30 et 200 USD dans le district de la Tshangu ».
Au début de l’année, l’Intersyndicale de l’EPSP a dit avoir « aussi obtenu du gouvernement un supplément de 200 millions de FC (217.000 USD) sur l’enveloppe allouée à la mutuelle de santé des enseignants ».
«La mutuelle de santé va disposer de 600 millions de francs congolais (652.000 USD) par mois pour soigner l’enseignant congolais, son épouse et ses enfants », a indiqué son porte-parole José Boyela Bokele.
Les enseignants congolais ont toujours accusé le gouvernement congolais ne « pas tenir compte » de leurs revendications, rappelant que « les pouvoirs publics ont l’obligation de rassurer les enseignants par rapport au barème salarial ».
« Le salaire que nous touchons aujourd’hui est modique. Les enseignants ont perdu leur pouvoir d’achat », font-ils remarquer.
L’amélioration des conditions « pas intégrée »
Les enseignants relèvent par ailleurs que « les écoles de la RDC fonctionnent depuis 1993 sur la base de la prise en charge des enseignants par les ménages pauvres ».
« Cela a comme conséquence la baisse criante du niveau de l’enseignement, la déperdition scolaire, la perte de la dignité et de l’estime de l’enseignant, l’enrichissement illicite de certains gestionnaires (d’écoles), la paupérisation à outrance des parents, le renforcement de l’insécurité socioprofessionnelle des enseignants, le désengagement de l’Etat en matière de politique éducative », a affirmé un syndicaliste.
A son avis, « le budget de l’Etat 2013 présenté au parlement par le gouvernement n’intègre pas l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants à l’instar des budgets précédents ».
« De nombreux enseignants continuent à prester comme bénévoles, hypothéquant ainsi la qualité des enseignements dispensés. Ils continuent à prester, pendant de nombreuses années, comme de nouvelles unités sans se rassurer qu’ils seront payés avec effet rétroactif », a-t-il stigmatisé.