30 Janvier 2012
On ne sait vraiment plus ce qui ne va plus à l’UDPS. Toutes ses stratégies tombent à l’eau. Aucune ne lui réussit, depuis le tournant concret de la démocratisation du pays fin des années 1990 et début des années 2000. C’est comme si cette formation politique avait perdu tous ses repères après l’effondrement du régime mobutiste auquel elle se posait en proposition d’alternative crédible, qu’elle n’a pu être malheureusement. Je me souviens ainsi de deux moments forts.
Le premier, c’était au début du règne du président Joseph Kabila. Etienne Tshisekedi s’opposait à lui, en estimant qu’il devait récupérer sa légitimité de Premier ministre élu de la Conférence Nationale Souveraine. Personne ne voyait comment, alors même que, d’une part, cette conférence s’était achevée en queue de poisson, et que d’autre part, le président Joseph Kabila n’en avait pas été partie prenante. Faute de pragmatisme, Etienne Tshisekedi préféra évoluer dans les extrémismes et s’éloigna des allées du pouvoir qu’il affectionne pourtant.
Le deuxième, c’était dans les préparatifs du Dialogue intercongolais en Afrique du Sud. Etienne Tshisekedi y était allé dans l’idée de briguer, la présidence de la République, avant de s’entendre répondre à lui, comme à Katebe Katoto, qu’il n’y avait pas de vacance à la présidence de la RDC. Ce fut déconcertant pour l’UDPS qui ne sut pas manœuvrer pour récupérer un des quatre postes de vice-président, dans la mesure où Etienne Tshisekedi devait rabaisser ses ambitions. La suite, on la connaît, un outsider en la personne d’Arthur Z’Ahidi Ngoma, rafla le fauteuil.
Les Congolais n’iront pas en grève générale
Cette tare d’être déboussolé par les événements, caractérise l’UDPS. Prenons les faits d’actualité. Pas plus tard qu’il y a quatre jours, Etienne Tshisekedi a appelé toute la population congolaise à la grève générale devant entrer en application à partir de ce lundi 30 janvier 2012. C’est à se demander si c’est vraiment lui qui le pense de son for intérieur, ou si quelqu’un d’autre qui le lui a soufflé. Quoi qu’il en soit, la voix vacillante que l’on a entendue à la radio qui lui a prêté son micro, Radio France Internationale, est celle d’Etienne Tshisekedi. Il n’a pas hésité d’appeler à « la nation morte ».
Examinons cet appel très froidement. Il ne sera pas observé pour des multiples raisons connues de tous les Congolais. La grève est assimilée à un suicide. Toutes les corporations professionnelles en savent quelque chose, dans le public, le privé ou l’informel. Tout le monde bute à une seule question : « Pendant que je fais la grève, qui prendra soin de ma famille ? ». Et ces Congolais, christianisés, ont la réponse dans la Bible : « Celui qui ne prend pas soin des siens est pire qu’un impie ».
On peut donc parier que la grève générale n’aura pas lieu. D’autant plus que Etienne Tshisekedi n’a rien offert en contrepartie aux gens appelés à aller en grève. Des fonctionnaires, enseignants, chauffeurs et autres gagne-petit, y sont totalement opposés. C’est donc une énième stratégie d’Etienne Tshisekedi vouée à l’échec. C’est surprenant de voir qu’un tel parti politique n’entrevoit pas ce que le commun des Congolais perçoit... L’UDPS ne peut donc pas échapper, à l’analyse la plus sereine, d’être en déphasage total avec la réalité sociale et la mentalité des Congolais.
Qu’est-ce que Etienne Tshisekedi gagne en empruntant des « chemins qui ne mènent nulle part », pour reprendre l’expression du philosophe allemand Martin Heidegger. Citons quelques-uns de ces «chemins », empruntés par Etienne Tshisekedi.
Un. S’autoproclamer « président élu ». Résultat : la Communauté internationale ne l’a pas reconnu. Elle ne recevra pas ses éventuels « ambassadeurs ».
Deux. Prêter serment de « président élu » devant un parterre d’amis et de membres de famille. Résultat : personne n’a reçu prestation de son serment, faute de qualité constitutionnelle et de mandat. Cela fait rire et pleurer à la fois.
Trois. Sensibiliser la population de Kinshasa par jet des tracts à se mobiliser le mercredi 26 janvier 2012, pour l’accompagner à la présidence de la république, en vue de son installation. Résultat : cette population avait plutôt choisi de vaquer librement à ses occupations.
Quarto. Gouverner le pays par ordonnances à partir de chez soi. Résultat : les juristes attendent bien de voir les références à partir desquelles il nommerait ses collaborateurs et dégommerait les tenants actuels des portefeuilles ministériels.
Quinto. Promettre la sortie prochaine du gouvernement. Résultat : la population se demande bien qui voudrait bien en être membres, et ceux des téméraires qui en accepteraient les charges, résoudraient quels problèmes des Congolais et avec quel budget. Caricature et surréalisme.
Sexto. Annuler les élections législatives sur toute l’étendue de la république. Résultat : contrairement à sa déclaration, par ailleurs non soutenue par une quelconque ordonnance, le dépouillement des résultats des élections législatives continue son bonhomme de chemin.
Sous d’autres cieux, les contradictions de I’UDPS, en proposant des mesures opposées dans leur substance aux résultats à atteindre, auraient occasionné la tenue d’un Congrès. Pour établir les responsabilités des échecs stratégiques répétés. Et en tirer toutes les conséquences possibles.
Quel Député élu de I’UDPS refusera 6.000 dollars et une Jeep ?
Après le président national Etienne Tshisekedi de I’UDPS, c’est le tour de son secrétaire général Jacquemain Shabani de prévenir l’opinion que les Députés élus sur les listes de I’UDPS ne siégeraient pas dans la future Assemblée nationale, dont le siège est installé au Palais du Peuple. Cette déclaration n’a pas été acceptée par bien des sympathisants de I’UDPS qui peuplent les carrefours de Kinshasa.
A suivre leur argumentaire, et ils n’ont pas tort, une telle mesure est injuste et procède de la jalousie. Certains sont allés plus loin, ces Congolais, pour stigmatiser la sorcellerie.
Résumons leurs arguments. Plusieurs militants dans I’UDPS ont émoussé leurs chances et leur intelligence dans les rangs du parti, sans autre perspective d’emploi nettement rémunérateur. Or, aujourd’hui, s’il y a un emploi qui paie bien, c’est être Député. Chacun se voit brassant au moins 6.000 dollars mensuellement, sans compter la Jeep 4x 4 qui accompagne les nouvelles fonctions.
On ne va pas laisser ces avantages pour faire plaisir à Jacquemain Shabani qui devrait plutôt attendre, lui, s’il est élu dans la circonscription électorale du Mont-Amba, d’abdiquer de son siège à l’Assemblée nationale, au lieu d’imposer un inacceptable diktat à ses heureux camarades de parti.
Le débat ainsi ouvert tourne au désavantage de Jacquemain Shabani et, au choix à faire entre le pour et le contre de la politique de la chaise vide. Cette politique avait fait que l’UDPS ait manqué des Députés en 2006. Aujourd’hui les militants la désapprouvent totalement. C’est dans ces circonstances qu’on a appris que les Députés UDPS de Luozi et de Madimba, respectivement Makwala ma Mavambu et Timothée Kombo Nkisi, ont chacun atteint 75 ans d’âge.
Que cherche au fond Jacquemain Shabani, en leur demandant d’affronter les rigueurs du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui n’hésiterait pas de sanctionner les absentéistes patentés. Comme si les privations endurées, les dettes contractées et les biens hypothéqués pour la campagne aux élections législatives, n’avaient servi à rien.
Ir Nkongolo Bujitu