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HAITI : Un pactole qui suscite les convoitises

Les autorités haïtiennes voudraient gérer directement l'argent qui est pour l'instant versé aux ONG. Mais certaines de leurs décisions font craindre que l'aide ne bénéfie pas en définitive aux victimes du séisme meurtrier du 12 janvier.

Créé le 09.03.10 à 07h10 - AFRIQUE REDACTION | HUMANITAIRE | HAITI | Mis à jour le Mardi 09.03.10 à 07h12. Par :  Frantz Duval, Roberson Geffrard  

Les ONG ont participé, entre autre, à l'aménagement de pompe à eau potable, Port-au-Prince, 8 février 2010

Les ONG ont participé, entre autre, à l'aménagement de pompe à eau potable, Port-au-Prince, 8 février 2010

Un camion de Médecins sans frontières remplace des douches importées, abimées par l’usage intensif qui en est fait depuis plus d’un mois, par de nouvelles, faites localement. Une armature en fer, une feuille de plastique et le tour est joué. Le geste est banal, mais porte toute la signification de la charge que s’attribuent les organisations internationales qui apportent de l’aide. Car, en plus des douches, l’international paie aussi pour l’eau qui est utilisée pour la lessive, le bain, la cuisson et la boisson. Ou incite le gouvernement à la fournir. "Il a fallu un tremblement de terre pour que l’eau coule à flots pour nous", se réjouit une jeune fille qui, sans se soucier des passants, prend un bain, le rideau à peine fermé, dans une des anciennes douches pendant que des ouvriers procèdent à l’installation des nouvelles unités. Dans tous les camps desservis par une ONG ou par l’une des branches de la Croix-Rouge la situation est similaire. Il y a les services de base pour la population. La nourriture est disponible, les soins médicaux aussi. Une grande première en Haïti.

Le jour d’avant, de retour d’une série de rencontres au Mexique avec ses homologues de la région, le président Préval a réclamé l’attribution au gouvernement d’une partie de l’aide internationale canalisée pour l’essentiel vers les organisations non-gouvernementales. Le président se plaint de plus en plus du peu de moyens dont le gouvernement dispose pour faire face à la situation, pendant que tous les Haïtiens additionnent les millions qui sont donnés à Haïti ou, au nom du pays, à d’autres. "Nous connaissons mieux que quiconque le pays et le gouvernement se remet peu à peu. Il faut que nous ayons une partie de l'aide internationale sous la forme d'un appui budgétaire direct, a-t-il dit. Nous remercions la communauté internationale qui est généreusement venue en aide à Haïti après le 12 janvier. Toutefois, ce sont les ONG qui gèrent ces fonds alors que le gouvernement a besoin de l'argent pour fonctionner". Le chef de l'Etat a annoncé qu'un programme de refondation d'Haïti sera proposé lors des prochaines rencontres internationales pour déterminer la nature de l'aide nécessaire à la construction du pays. "Il ne s'agira pas de reconstruire, mais de refonder le pays", a-t-il ajouté. Il veut "un pays plus juste, un pays décentralisé qui ne se contente pas de concentrer toutes ses ressources sur Port-au-Prince où vivent les élites économiques et politiques".

En visite à Port-au-Prince ce jeudi, le président brésilien Luis Inácio Lula Da Silva a fait des déclarations qui vont dans le sens des souhaits de la présidence haïtienne. En effet, le don brésilien de 100 millions de dollars comporte une partie en appui au budgétaire. Les pays réunis au Mexique ont accepté de débourser cette semaine 30 millions de dollars pour aider le gouvernement à prendre en charge ses dépenses courantes. Cette enveloppe financière des nations de la région fait suite à un apport du FMI au gouvernement intervenu dans les premières semaines après le 12 janvier. La décision approuvée le 27 janvier permettra de mettre immédiatement à la disposition des autorités haïtiennes les fonds nécessaires pour rétablir les services financiers de base et entreprendre la reconstruction du pays. Ces montants font partie des rares appuis qui seront gérés directement par le gouvernement haïtien. Mais la vraie bonne nouvelle pour le gouvernement est le nouveau cadeau vénézuélien qui est l’annulation de la dette d’Haïti envers le pays de Bolivar. Cette dette devenue don constitue la cagnotte des fonds dits Petrocaribe et découle de la vente de produits pétroliers mis à disposition du pays par le Venezuela dans le cadre de l’accord du même nom. Ce sont 163 millions de dollars américains que le gouvernement de Jean Max Bellerive va pouvoir utiliser en toute discrétion.

A peine 10% des 163 millions de dollars seront utilisés directement pour servir la population des victimes. "Ces fonds provenant de Petrocaribe m'ont permis de répondre aux obligations dans la période de l'état d'urgence décrété après le 12 janvier", a affirmé le chef de l'Etat.  "Cet argent a également été utilisé dans la finition des projets de développement engagés avant le 12 janvier comme la construction de routes et de ponts un peu partout à travers le pays", a-t-il ajouté. Utiliser des fonds provenant de l’argent de Petrocaribe pour payer des travaux engagés avant le tremblement de terre alors qu'il a été mis à disposition apour soulager la misère des victimes du sésime, est-ce normal ? se demandent de nombreux observateurs. Le gouvernement a-t-il commencé à détourner l’argent de Petrocaribe pour servir à d’autres fins que celles liées au tremblement de terre ? s'interrogent d’autres…

 

 


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