Instabilité en RDcongo : Après la passivité, la Monuc fait dans l’agressivité

Par Mohamed Mboyo Ey’ekula

AFRIQUE REDACTION | CONFLIT RDC | SAMEDI 12-12-2009 | 15H25

La Monuc sera-t-elle poursuivie pour sa responsabilité morale dans les massacres perpétrés par les hommes de Nkunda dans le Rutshuru et sa responsabilité direct dans les exactions commises par des casques bleus ghanéens sur des civils congolais à Gemena ? Cette question est dans la bouche des biens des Congolais en désamour avec la mission des Nations Unies au Congo-Kinshasa. La posture de l’organisation onusienne n’a jamais été autant inconfortable. Son action semble tout sauf claire. L’impression que donnent les casques ‘’plus rouges que bleus’’ aux Congolais, c’est d’être venus prêter mains fortes aux Rwandais pour matérialiser leur volonté de balkaniser l’est du pays.

En somme, les casques bleus, envoyés en RDCongo pour aider à la pacification du pays et pour garantir l’inviolabilité de ses frontières, se sont mués en véritables rabat-joie pour le peuple congolais. L’un de plus grand déploiement militaire dans le monde, ils n’ont rien fait pour empêcher que des troupes rwandaises fassent des incursions dans le nord et le sud Kivu et, surtout, s’adonner à leur passe temps favori : massacré des civils congolais et violés des femmes. ‘’Quand c’est des Rwandais qui font le coup de feu, ils croisent les bras et font dans le voyeurisme, accuse un activiste des droits de l’Homme basé à Goma. Mais, quand les Mai Mai se soulèvent pour protester contre la présence de l’armée rwandaise’’, la Monuc tonne.

Avant le soulèvement des Patriotes Résistants Congolais dans la province de l’Equateur, cette politique de deux poids deux mesures de La Monuc, dont le commandant des opérations sénégalais avait dû être relevé pour collision avec le CNDP, les actes posés par les casques bleus choquaient, mais l’on osait aller loin dans la critique. Seulement, depuis le 9 décembre dernier les masques sont tombés. Pour stopper l’avancée des Patriotes Résistants Congolais vers Gemena, les casques bleus ghanéens ont contraints les populations, qui essayaient de fuir les affrontements entre les belligérants, à rester dans la ville pour servir de chair à canons. Mieux des maisons ont été fouillées, des tombes, comme celle de Bemba Saolona et, pire, des pauvres gens ont été molestés.

Cette attitude qui tranche avec l’un des supposés attributs de la Monuc en RDCongo, sécuriser les populations, détone, finalement, d’une attitude partisane. Pourquoi la Monuc ne joue t’elle pas dans le même registre à l’Est du pays ? Pourquoi, la Monuc n’a-t-elle pas engagé ses forces pour se battre contre Nkunda et les nombreuses troupes envoyées par Kigali pour semer la désolation à l’Est de la RDcongo en violant les frontières d’un pays indépendant ? La communauté internationale doit cesser de jouer à ce jeu qui consiste à penser que les Rwandais tutsis, du fait du génocide, ont des droits divin. Comme tuer des millions des Congolais sans que l’on trouve à redire.

D’un point de vue des droits de l’Homme, la Monuc est coupable. Coupable de passivité là-bas et d’agressivité ici. Elle est également coupable de vouloir coûte que coûte protéger un régime de prédation et expert dans les violations des Droits de l’Homme. Un régime qui exerce le pouvoir par le musellement du peuple. Mais, les plus optimistes pourraient toujours rétorquer que les Nations Unies tiennent absolument à sauver les institutions issues des accords de Sun City et des élections qui ont suivi. Mais d’élections, la volonté réelle du peuple congolais a-t-elle été respectée ? Le peuple congolais qui croit avoir fait l’objet d’un hold-up électoral répond unanimement : ‘’J’aspire à la démocratie et à un Etat de droit sans lesquels j’ai le droit de rebeller’’.

Au total, la communauté internationale doit rappeler à la Monuc son devoir de neutralité en RDCongo vis-à-vis de tous les fils et filles du pays. Car, jusque-là, son action s’est avérée être un véritable fiasco. Les élections qu’elle a supervisées ont été un beau gâchis et l’implication des casques bleus dans les viols, trafics des matières premières et, moralement, dans les tueries ont fini de la mettre en mal avec les Congolais qui, hormis le groupuscule au pouvoir qu’elle protége, ne rêve que d’une chose : son départ du pays. A trop tirer sur une corde raide, elle finit toujours par se casser. Le peuple congolais, comme d’autres peuples dans le monde, a le droit de s’autodéterminer. La Monuc veut-elle aussi violer ce principe consacrer par un instrument juridique international de référence : la Déclaration universelle des Droits de l’Homme ?

AFRIQUE REDACTION