Interdiction d’organiser les veillées mortuaires au Centre culturel congolais « Le Zoo »

31 Mars 2011

PAR : LE POTENTIEL

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A Kinshasa, les veillées mortuaires accompagnées de musique moderne et traditionnelle ainsi que des cérémonies de prières constituent le lot quotidien. Les lieux publics ne sont pas épargnés de ces spectacles ainsi que les terrains de jeux et les avenues. Pour une ville d’environ huit millions d’habitants, en majorité pauvres, les dépouilles mortelles se comptent par dizaines chaque jour.

En général, les Kinois habitent les parcelles taillées sur mesure sans espace suffisant pour accueillir une foule importante en cas de fête ou deuil. C’est la raison pour laquelle les places publiques sont, de nos jours, transformées en lieux mortuaires. Un autre aspect qui concourt à cet envahissement s’appelle « insécurité ». Parce que dans beaucoup de quartiers, le lieu où l’on pleure un mort est considéré par une certaine classe des jeunes délinquants communément appelés « kuluna » comme terrain d’expérimentation de leur force. Même si on fait appel à la police, les « kuluna » attaquent et agressent les paisibles citoyens au vu et au su des éléments de l’ordre qui assistent impuissants. Ainsi, les familles éplorées préfèrent organiser le deuil et les veillées mortuaires là où la sécurité est garantie : cas de terrain municipal ou d’espace clôturé, à côté d’un commissariat de police.

Le Centre culturel congolais « Le Zoo »

Le Centre culturel congolais « Le Zoo » occupe la partie centrale du Jardin zoologique de Kinshasa. C’est un lieu merveilleux où touristes, habitants de la capitale, élèves et écoliers peuvent aller passer le temps en contemplant les bêtes sauvages domestiquées, les oiseaux, les reptiles et autres espèces d’animaux aquatiques. Le bâtiment sert de bureaux à la division provinciale de la Culture et Arts de Kinshasa et l’extérieur a toujours abrité les artistes peintres et de la chanson folklorique, etc.

Ces derniers temps, le Centre culturel congolais « Le Zoo », était devenu un temple pour cérémonies de prière pour églises de réveil, et tout à la fois un lieu de cérémonies mortuaires par excellence. Parce que les deux dernières activités sont une source financière sûre. Bref, le centre avait été détourné de son objet pour se faire de l’argent.

En date du 5 février 2011, le ministre de tutelle en charge de la Culture et des Arts a pris un arrêté portant interdiction d’organiser des cérémonies et veillées mortuaires au Centre culturel congolais « Le Zoo », non loin du marché central de Kinshasa, face au Jardin botanique de Kinshasa, sur l’avenue Kasa-Vubu.

Cette décision a soulagé les visiteurs du « Zoo » ainsi que les agents et fonctionnaires de la division urbaine de la Culture et des Arts qui sont aujourd’hui épargnés du vacarme tant des veillées de prière que des pleurs et musique funèbre.

Il a fallu que cet arrêté soit signé pour que les choses reviennent à la normale au CCC « Le Zoo ». Même si ceux qui percevaient de l’argent regrettent la fermeture du robinet. Il appartient maintenant au ministère de tutelle, dont l’arrêté a été largement diffusé par la direction générale du Centre culturel congolais « Le Zoo », de doter ce complexe de moyens nécessaires pour son épanouissement.

Le Jardin botanique de Kinshasa

C’est un véritable bijou, le Jardin botanique de Kinshasa a déjà fait l’objet de convoitise de la part à la fois des nationaux que des expatriés. On se souviendra du bruit que les Kinois ont fait il y a quelques années lorsqu’une partie de son patrimoine avait été affectée à la construction des magasins pavillonnaires.

L’affaire est allée jusqu’au niveau du gouvernement central et la Justice a été dite. Finalement, l’Etat a récupéré le jardin dans son intégrité et le constructeur de magasins a abandonné son projet de spoliation.

Quelques mois plus tard, le Jardin botanique de Kinshasa est pris d’assaut par les familles à la recherche des places publiques spacieux pour organiser des funérailles. On pouvait voir les dépouilles mortelles étendues ça et là dans le Jardin botanique de Kinshasa, en dessous des arbres abritant les pique-bœufs. Chaque jour, on était prévenu par un ou plusieurs communiqués annonçant le deuil et les cérémonies mortuaires dans ce jardin, y compris les familles des autorités.

Heureusement, la coopération française est intervenue pour voler au secours de ce patrimoine en le réhabilitant complètement. Depuis lors, les pleurs ont cessé au Jardin botanique de Kinshasa bien clôturé et capable d’accueillir tous les visiteurs. Désormais, le Centre culturel congolais « Le Zoo » et le Jardin botanique de Kinshasa ne sont plus des lieux mortuaires. Mais combien de temps durera ce moratoire ? Dieu seul sait.