22 Décembre 2009
Ça y est. La mesure de fermeture des établissements d’enseignement supérieur et universitaire (ESU) jugés non viables est tombée. Une mesure courageuse, prélude, pensons-nous, à ce que le blason terni de ce secteur soit redoré. Le ministre de la tutelle, Léonard Mashako Mamba, poursuit la concrétisation du projet du gouvernement d’assainir ce secteur. Coup de chapeau ! Pourvu que cette mesure soit de stricte application. Nous l’espérons bien, surtout que le ministre de la Justice, le gouverneur de la ville de Kinshasa et l’inspecteur provincial de la Police nationale congolaise ont rehaussé de leur présence la cérémonie d’annonce de cette mesure qui a eu lieu le samedi 19 décembre 2009 dans la salle Yvonne Compère de l’hôtel Sultani, à Kinshasa.
Quarante-sept institutions d’enseignement supérieur et universitaire (ESU), dont trois du secteur public, sont frappées par la mesure de fermeture décidée par le Conseil des ministres du 4 décembre 2009. Cette décision qui a effet immédiat fait suite aux conclusions de l’audit organisationnel et l’enquête de viabilité initiés par le ministère de l’Enseignement supérieur et universitaire à la demande du gouvernement.
De ces conclusions, il appert que ces établissements ne sont pas viables. C’est-à-dire qu’ils ne disposent pas de leurs propres bâtiments, n’ont pas d’enseignants qualifiés et de matériels didactiques (laboratoires, ateliers…). Une catégorie d’étudiants ne remplissent pas les conditions requises pour faire les études supérieures ou universitaires, car ne détenant un diplôme d’Etat sanctionnant la fin des études secondaires.
Plus de 3.500 étudiants sont concernés par cette décision gouvernementale. Mais des mesures conservatoires ont été prises en faveur des concernés qui peuvent se faire inscrire dans des établissements viables moyennant un test d’admission.
A noter que, pour le cas de l’Université de Kinshasa (Unikin)/Maluku, les étudiants, les professeurs et le personnel administratif sont obligés de quitter ce site pour la «Colline inspirée». Et le ministre de l’ESU a fait remarquer que cette mesure concerne également les établissements non viables fonctionnant à l’intérieur du pays.
Mettre un terme à l’anarchie
Il fallait bien en arriver là. En effet, depuis près de deux décennies, tout le monde reprend le même refrain : le niveau de l’enseignement en République démocratique du Congo a baissé. Cela tant au niveau primaire, secondaire que supérieur. Se plaindre n’est pas une solution, mais il faut frapper. Il est nécessaire de mettre un terme à cette anarchie qui compromet l’avenir de la jeunesse et du pays.
Bien que l’initiative des privés dans le secteur soit saluée dans la mesure où elle épaule l’Etat dans ce domaine névralgique, il convient de relever le caractère mercantile qui l’accompagne au détriment de la vocation sociale de l’enseignement, contrairement à une certaine opinion. On crée des écoles n’importe comment, n’importe où, sans un personnel académique et scientifique qualifié et des étudiants remplissant des critères d’admission aux études supérieures et universitaires. L’essentiel, pour les promoteurs et enseignants de ces établissements, est de se remplir les poches.
Ajouter à cela, les infrastructures qui posent problèmes, n’ayant pas la capacité d’accueil requise pour le nombre pléthorique d’étudiants. Situation qu’on retrouve même dans le secteur public où certains étudiants suivent les enseignements dans des conditions non pédagogiques (dehors à partir des fenêtres ouvertes, assis à même le sol sur les estrades tournant le dos à l’enseignant…).
Respect de la mesure
Pour le secteur privé, la plupart des établissements sont locataires et vivent pratiquement les mêmes conditions. Ici, les filières techniques n’existent que de nom. Le matériel didactique adéquat fait défaut. Les laboratoires et autres ateliers pour la pratique sont inexistants. Comment former, dès lors, des étudiants qui répondent au profil requis ? Les finalistes constituent un danger pour la société. Allusion est faite notamment aux blouses blanches et autres médecins ainsi qu’aux ingénieurs.
Qu’à cela ne tienne ! Mais cette fois-ci, on ose croire que cette mesure de fermeture sera respectée. Les établissements fermés étant implantés dans les communes de Kinshasa, le gouverneur de la ville de Kinshasa a dit sa détermination à accompagner les efforts du gouvernement dans l’assainissement de ce secteur. Pour cela, il va enjoindre les bourgmestres de dénoncer les récalcitrants. Et le ministre Mashako Mamba de souligner que cette mesure sera de stricte application. Raison pour laquelle son collègue de la Justice, Luzolo Bambi, le gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta, et l’inspecteur provincial de la Police nationale congolaise, Jean de Dieu Oleko, ont rehaussé de leur présence cette rencontre.
Par ailleurs, sont également concernés par cette décision les établissements non viables fonctionnant dans les provinces, dont les noms seront rendus publics prochainement. A tout prendre, pour une année académique de l’excellence, comme l’a souhaité le ministre de l’ESU lors de l’ouverture officielle de 2009-2010, il faut séparer le bon grain de l’ivraie. Et cela à tous les niveaux et sur tous les plans.
Diosso Olivier/Le Potentiel