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La Ligue congolaise contre la corruption LICOCO accable les Députés versés dans le fétichisme et les sortilèges des gris-gris !

AFRIQUE REDACTION | POLITIQUE | RDC | Kinshasa, 26/12/2009 à 21H20
Un mot nouveau fait irruption dans le vocabulaire politique de la RDC, en l’occurrence « Epokolami » qui fait recette au Palais du Peuple en fustigeant le recours par les élus congolais aux sortilèges des gri-gris et pour se faufiler dans de juteuses commissions
L’épicentre de la corruption en R-dC, c’est bien l’Assemblée nationale, à en croire la LICOCO, la Ligue congolaise contre la corruption. Des Députés n’hésitent pas à trouver des féticheurs pour se faire des charmes, mieux, des gris-gris afin de gagner une place dans une commission parlementaire dont les membres reçoivent, sûr, un pot-de-vin bien en rasade.

L’absence des membres des institutions publiques (ministres et parlementaires) au Forum national sur la lutte contre la corruption n’a pas du tout plu à la mouvance des sociétés civiles et des activistes acharnés dans la lutte contre la corruption. Ils n’avaient de cesse à brandir la menace de quitter le palais du Peuple durant les 3 jours (du 16 au 19 décembre 2009) qu’a duré le forum. Qui, pour l’essentiel, a recommandé au gouvernement d’améliorer les salaires des agents de l’Etat et de vulgariser le code de bonne conduite de l’agent public. La société civile aura donc manqué l’occasion qu’elle tenait ferme pour déballer les institutions publiques, particulièrement leurs Honorables Députés qu’elle tient comme principaux artisans de la corruption qui gangrène la R-dC. « Les députés ont déserté leur propre siège! », rater quelqu’un, au sortir du forum. « A l’Assemblée nationale, tout se monnaie comme des cotes dans les universités et instituts supérieurs... ça se comprend, nombre des députés sont professeurs, chefs de travaux, experts en ceci ou cela... »

Ici, s’acharnent à dire des activistes de la société civile, tout se vend, tout s’achète, motions, questions orales, etc. Et l’on se serait même convenu d’une grille tarifaire, à la tête du ministre ou d’un mandataire public, pour taire ou enflammer une affaire sous le terme d’ « Epakolami » (gratification, pourboire). Rester tout bonnement chez soi afin que le quorum ne soit pas atteint - le Gouv du Nord Kivu, Julien Paluku s’en serait inspiré - varierait entre 250 et 1.500 « dols », selon la tête du ministre visé par une motion de défiance. Pour mémoire, au moins cinq ministres ont fait l’objet d’une motion de défiance au cours de cette mandature.

Même un tout petit Poisson comme Barthélemy Botswali, seulement ministre des Affaires sociales, qui avait tenté de dérober son poste de député resté vacant au détriment de son premier suppléant, a pu se tirer d’affaire. La ligue fait état d’un ministre qui aurait négocié une question orale avec un Député, également avocat d’Etat, pour obtenir du ministère du Budget le déblocage à bref délai de près de Usd 300.000.

Sur une chaîne de télé de place, a-t-­on appris lors du forum, un Député provincial a menacé, au cours d’une émission en lingala, de revenir la soirée suivante sur le plateau, avec la liste des immeubles construits ou achetés en un temps record, le temps d’être aux affaires, par un haut membre de l’Exécutif. Cette nuit-là, même le Député aurait troqué sa liste contre une jeep pimpant neuf et 10.000 dollars.

L’affaire des Députés (provincial, Kinshasa) Gekoko Mulumba et Francis Kalombo (national, Kinshasa) qui auraient tenté, sous la casquette du parti présidentiel PPRD de rançonner - Usd 20.000 - des Libanais qui fabriquaient du savon à la chinoise dans la concession de l’Ex-RENAPI à Lingwala, a été étouffée, marmottait-­on dans le cercle de la société civile. Au forum contre la corruption, l’on a appris que la commission Lumbala, Ekpoli a plutôt donné une version on ne peut plus fantaisiste de l’affaire. Et que les premières déclarations du Député d’opposition Roger Lumbala n’avaient rien d’une sale blague. Que les Libanais Zéidan, père et fils, avaient bel et bien bénéficié des protections.

L’ « Epakolami » (littéralement, on a été oint, on a touché) a atteint son paroxysme avec la commission des Députés partis s’enquérir de la gestion des comptes à l’Hôtel des impôts. Alors que de l’aveu de Vital Kamerhe, alors président de l’Assemblée nationale, la dizaine des Députés, onze apprend-on, avaient reçu chacun 3.000 dollars pour « ne pas se faire corrompre à la DGI », précisait Vital Kamerhe, les Honorables ont quand même été achetés, qui, à 500 dollars, qui, 1.000 ou 1.500 dollars.

L’accusé accuse

C’est d’ailleurs à cause de cet écart dans les « Epakolami » que l’affaire s’est déversée sur la place publique. Se défendant devant ses pairs, un Député trempé dans  l’affaire, a soutenu que bien des cas plus flagrants de corruption ont été recensés en R-dC, personne ne s’en est ému. « Qu’a-t-on fait du rapport Lutundula ? », fonçait-il.

Autres pratiques sur lesquelles pèsent de fortes présomptions de détournements de deniers publics, ce sont les opérations relatives au désengagement de l’Etat dans différentes entreprises parapubliques de la place, soupçonne-t-on, cette fois à la Chambre basse. La commission ECOFIN de l’Assemblée nationale s’acharne, en effet, à ce que le gouvernement ne vende pas les 51% des parts laissées par des Chinois de ZTE dans CCT sans un audit préalable de l’Assemblée nationale. Il en est même pour les parts de l’Etat dans Cimenterie nationale, CILU.

Pour le gouvernement la vente des participations de l’Etat dans CCT et CILU devrait rapporter 4.419.000.000 FC, moins de 5 millions de dollars. La commission table par contre sur des recettes dix fois plus, soit 42.795.000.000 FC, donc plus de 45 millions de dollars. Selon nos sources, toute cette surenchère découlerait du fait que le gouvernement a déjà vendu les 31% de ses parts dans la Cimenterie nationale, CINAT, au cimentier français Lafarge sans tenir compte des recommandations de la cellule de l’Assemblée nationale chargée de la crise du ciment en R-dC qui s’est plutôt proclamée favorable aux Rawji, propriétaires de la Raw Bank, qui proposaient, semble-t-il, 45 millions de dollars pour racheter les parts de l’Etat dans CINAT. Et l’opération s’est déroulée pendant que les députés se prélassaient en vacances parlementaires.

Les absents ont eu tort comme toujours ... et n’ont rien eu. Alors que l’opinion marmotte que « tolérance zéro » ne s’applique qu’à la plèbe, le Chef de l’Etat, lui-même, s’est montré fort déçu, lors de sa récente adresse à la nation, devant Députés et Sénateurs réunis en Congrès. Joseph Kabila Kabange s’est élevé contre cette pratique qui consiste à tourner les pouces, à grands frais, à travers des études en études, et à recruter experts après experts.

Il est une corruption plutôt intelligente et budgétivore qui se développe en R-dC. Celle qui consisterait à monter des ONG, à organiser à la queue leu leu, conférences, séminaires, colloques, ateliers, etc., à recourir à tout bout de champs à un consultant international. En 2009, le gouvernement aurait déjà englouti quelque 88 milliards de FC, soit plus de 150 millions de dollars dans les études... des réformes qui marquent plus les pas que les points, a fait comprendre le Chef de l’Etat dans son discours à la nation.

Déjà en 2008, le gouvernement avait déjà alloué plus de 11 millions de dollars au service du consulting. Quelque 92 études ont, au finish, été commandées par le gouvernement cette année... pour une facture globale, renseigne-t- on, au Comité de pilotage de la réforme des entreprises du Portefeuille de l’Etat, COPIREP, de plus de 23 millions de dollars. L’Etat aura conclu, entre 2004 et 2009, plus de 600 services de consulting qui ont englouti, au bas mot, 50 millions de dollars. D’autres sources bien renseignées passent au double cette facture. Hélas...

Le Soft
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