Les dictateurs ne cèdent en démocratie que par une révolution.‏

28/02/2011 18:46

La démocratie est elle un luxe pour le tiers monde de telle sorte que l'Occident, qui en bénéficie de longue date, en offre si généreusement ou doit-elle être combattue pour faire valoir ses avantages ailleurs? Le mode de gestion de la chose publique dans les pays du tiers monde en dictature est étroitement lié avec le développement des pays dits de vielles démocraties. Lorsque, pour paraitre correct politiquement devant leur électorat et le monde, les dirigeants des pays développés et démocrates disent qu'ils "veulent étendre la démocratie partout dans le monde", non seulement ca parait trop bon pour être vrai mais c'est aussi trop vrai pour être utopique.

Comme derrière un grand homme politique, il y a une grande dame, derrière un dictateur il y a au moins un pays démocrate comme pilier. Tous les vieux dictateurs le savent mais découvrent tard que ce pilier sur lequel ils s'appuient finissent par les lâcher au profit d'un autre présentable lorsque les premiers deviennent encombrants. Pour autant que les régimes changent à la fin des mandats accordés aux démocraties, les représentants des nouveaux régimes sont fiers de collaborer avec les mêmes dictateurs qui emmagasinent à eux seuls 5, 6, 7, 8 mandats successifs voire l'éternité.

A y regarder de très près, sans exagération aucune, les foyers de tension observés dans le monde en général sont en grande partie tributaires de la demande sur les marchés des produits émanant de ces régions: le pétrole, l'or, le diamant, le gaz, le coltan et autres minerais. Une partie infime des troubles provient du fait de l'injonction des démocraties en régions où elles ont du mal à pénétrer. La majorité des minerais provient des pays pauvres d'où sont imposées des dictatures à la solde des multinationales des pays démocrates pour leur développement et leur croissance.

La RDC est le modèle par excellence de cette logique depuis son accession à la souveraineté nationale le 30 juin 1960. Par ce que ce pays est, dans la philosophie des maitres l'ayant colonisé, conçu pour être un pays pour tout le monde. La soit disant Conférence de Berlin de 1885 et ses aboutissants ont crée ces conditions pour que même Lumumba (par ce que seul) ne puisse défier. Les démocrates l'envoyèrent au repos éternel avec illusion d'éteindre une protestation quelconque dans ce sens. Qui donc ne veut pas de démocratie en Afrique, les Africains ou les démocrates de longue date?

Après l'assassinat odieux du premier Ministre réellement élu des Congolais, commandité par les "démocrates" des vielles démocraties du monde, est venu l'ami dictateur Mobutu pour 8 autres mandats américains, pour qu'on nous impose à sa succession un Rwandais dans les bagages de Laurent Désiré Kabila. L'Union Européenne en définissait en ce temps, "l'homme de la situation" que nous avons clarifié en ajoutant " à tuer les Congolais" (selon ses propres mots "We'll crush you") afin de céder le Kivu au Rwandais après avoir massacré au maximum ses habitants. Le plan de l'américain Cohen et du Français Sarkozy (tous deux démocrates) n'ont pas encore pris feu. Est-ce de cette logique occidentale que le Congo en particulier et le tiers monde en général attendra recevoir ce don precieux de démocratie?

Mais arrive le temps où la population se révolte puisqu'elle n'en peut plus et n'en veut plus; un à un, ces amis tombent devant la pression populaire non armée, les démocrates amis des dictateurs sont dans l'embarras et s'effrayent. Soudain, après d'énormes hésitations, les démocrates amis des dictateurs se retractent pour supporter les révolutions populaires qui ne demandent qu'un peu plus de démocratie. L'exemple de l'Égypte sort de l'ordinaire mais est plus éloquent à cet effet. Un allié de taille des démocraties occidentales, au régime stable en l'espace de 32 ans de dictature (l'équivalent de 8 mandats américain) est défait et tout le monde considère, en retard, légitime le droit du peuple meurtris est une contrarieté. Nous pouvons certes affirmer que les démocraties sont plus en œuvre dans le support et le maintien des oppresseurs des peuples. Comment le dirions-nous autrement au vu et au su des protestations légitimes des Égyptiens ou des habitants de Bahreïn qui en est un autre cas d'école au Moyen Orient, après des longues années de misère et d'attente de changement?

Considérant en particulier les révolutions marquées ces derniers jours au Maghreb, il ressort sans contredit que ces bonnes vielles dictatures sont alliées et amies des dirigeants démocrates pendant la durée de toute leur exercice de nuire les intérêts de leurs populations respectives. Et sans la moindre gêne, certains d'entr'eux demandent de supporter ce que ne veulent plus les peuples opprimés. Alors c'est quoi enfin la démocratie? Est-ce une faiblesse ou une faillite de reconnaitre que la vision de cette politique étrangère qui consistait à supporter et consolider les dictatures est obselète au 21 ème siècle pour qu'on l'améliore afin de prévaloir les intérêts communs des pays et populations réciproques?

En lieu et place d'aménager des régimes policiers, les vielles démocraties encourageraient les protestations déclarant le changement dans les pays où les dictatures ont régit sans partage au mépris du développement humain des populations. Que ces protestations aient lieu aux pays des amis ou des ennemis, de l'Égypte au Libye, de Bahreïn en Iran, du Rwanda en RDC, tous ces peuples ont une demande commune:"la fin des dictatures". Il devient amer d'écouter des langages contradictoires quant il s'agit d'un tel pays ou d'un tel autre selon que les dirigeants démocrates sont amis ou ennemis de tel ou tel dictateur. A la longue, chaque position d'un dirigeant démocrate, soit-il, sur un dictateur, ami ou ennemi soit-il, a un impact sur les relations futures des peuples respectifs du dirigeant et du dictateur. Ne disons-nous pas que l'ami de mon ennemi est mon ennemi?

En Afrique au Sud du Sahara, les dictateurs Hyppolite Kabange alias "Joseph Kabila", Paul Kagame et Yoweri Museveni, amis des puissances occidentales, valent leur pesant d'or dans la spoliation des ressources minières de la RDC. Pendant ce temps les Congolais eux, décryptent rigoureusement leur situation actuelle, découvrent petit à petit si pas tous mais un grand nombre de ceux qui tirent les ficelles dans l'exploitation de leurs ressources humaines et minières; ils comptabilisent leurs pertes et les supporteurs de leurs bourreaux qu'ils retrouvent même dans les rangs des démocrates de longue date. Ils ont appris la lecon selon laquelle le dictateur ne cède pas le pouvoir par la voie des élections. Ils ont compris que le jeu de l'opposition congolaise dite institutionnelle est dangereux et frise la trahison car les préalables minimun pour faire passer des élections credibles ne sont ni exigées ni remplies. Surtout en connaissance des dossiers éprouvés au rapport Mapping de l'ONU d'Août 2010, ils ne tolèrent pas que cette opposition institutionnelle puisse privilégier la voie des élections au profit de celle de la justice ou simplement la révolution.

Sans conditions donc, ces élections sont inacceptables aux yeux la bonne majorité des Congolais. Ils s'inspirent enfin de la seule voie qui descend la dictature, celle en vue dans la région du Nord de l'Afrique. Car inattendu, la dictature Égyptienne s'effond, le coup blanc militaire a du mal à faire la volonté des maitres au dépens de celle des peuples. Il sera aussi possible de voir le système établi au Congo se fondre un jour, de manière inattendue, sans que les gardes-fous ne préviennent. C'est alors que les bons comptes feront des bons amis, chacun ayant choisi son camp.

Dorénavant, toute maladresse (surtout intentionnelle) ou toute planification (surtout cachée) qui corrobore avec une reconduction de ce pouvoir d'occupation au Congo que le peuple s'active à démolir est un signe manifeste d'une déclaration de guerre contre le Congo et son peuple. Il sera donc puni sévèrement au temps de sa reconnaissance. Que prennent gardes ceux qui participent aux réunions de formation de gouvernement chez les amis démocrates amis des dictateurs, que soient aussi alertés ceux qui se fusionnent pour les élections quand ils n'ont de poids que pour se réclamer d'opposition. Les dictateurs et leurs amis démocrates ne changent que si vous êtes en position de force. Nous n'y serons que si nous mettons, comme en Tunisie ou en Égypte, toute la population derrière nous dans une révolution populaire.

Notons que jamais on s'est débarrassé d'une dictature par des élections. Citez-en un et allez le voir et il vous en témoignera. Ceux qui les supportent changent de camp quand la révolution se décide déterminée d'en finir avec eux. Ainsi, les dictateurs et leurs amis démocrates n'offrent pas la démocratie, ils en cèdent par une révolution. Au Congo, mettons-nous ensemble sous ce coup de révolution, poussés par le désir de raviver l'idéal de nos Ancêtres pour recréer les conditions d'un Congo Libre, Uni, Fort et Prospère à léguer à nos générations futures. Autant nous serons nombreux, nous serons plusieurs Lumumba ensemble, ce qui rendra difficile la tâche de ceux qui ne veulent pas de notre démocratie. Cette force nous permettra de renégocier avantageusement notre héritage commun.

Alain Ngubu Matiki.