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LUTTE D’INFLUENCE: Le mystère Katumba dévoilé dans un bras de fer avec Lumbi

Créé le 29 -04-2011 à 07h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |  ACTUALITE | RDC | Mis à jour le vendredi 29 - 04-2011 21 h00 | AFRIQUE REDACTION  PAR : CONGONEWS



Rarque la presse parle du tout-puissant Augustin Katumba Mwanke dit AKM ou encore AK 47 (Lisez en anglais, AK forty seven comme l’intéressé affectionne bien l’entendre lui-même de la bouche de ceux qui l’ont connu en Afrique du Sud).
Et quand les médias kinois le font, ils n’osent pas aller plus loin que broder autour du petit pan exposé sur la.... place publique, de ce qui est” connu de tout le monde. A la limite, ils se taisent, dans leur ensemble, avec l’air d’avoir reçu un mot d’ordre d’on ne sait de qui, comme si la question était taboue. Conséquence de cette rétention délibérée: le public ne connaît rien d’un homme qu passe pourtant pour le Raspoutine de Joseph Kabila Les personnes averties qu épiloguent sur lui le décrivent comme un homme de l’ombre qui fait et défait dan l’entourage présidentiel. A l’image, sous le règne de Mobutu, de l’omnipotent Jean Seti Yale dont le visage est inconnu jusqu’à ce jour du commun des mortels.

 

Les deux hommes ont, à peu près, le même physique. Frêles et de pas grande taille, avec un semblable regard fuyant, propre à ceux qui sont enclins à passer sans être aperçus. Ce regard, à la fois fugitif et perçant, d’un «agent» formé pour être en permanence sur le qui vive. L’un et l’autre personnages ont également en commun de dégager la puissance pour tout venant, au point de donner l’impression qu’ils sont sortis du sein maternel coiffés d’une auréole supra- humaine ou revêtus d’une prédisposition à avoir l’ascendant sur les autres. La puissance. Seti a conservé la sienne jusqu’au dernier jour du régime Mobutu. Un documentaire montre un ambassadeur d’une puissance occidentale obligé, sous les années-transition, d’attendre pendant de longues heures pour être reçu à Kawele. Qui parle alors avec le Maréchal Mobutu pendant tout ce temps? C’est Seti. La puissance. Celle de Katumba fait matière à débat depuis un certain temps.

 

Depuis que Pierre Lumbi, le conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, a fait écrouer à la prison de Makala le Dg-a de SEP-Congo, Alain Ilunga, protégé de Katumba de notoriété publique, les entourages se demandent si les rôles et les positions n’ont pas changé au Palais de la nation. Presque tous se posent désormais une question, à savoir si AKM est un véritable homme de l’ombre comme l’a été Jacques Foccart de Charles de Gaulles à Jacques Chirac ou si ce n’est pas simplement son côté taciturne de nature qui a créé et entretenu le mythe. La réponse est à chercher dans le parcours de l’homme, à défaut de requérir l’avis de Giala Mobutu, le député propre frère de Nzanga Mobutu, connu pour ses attitudes désinvoltes chaque fois qu’il s’est retrouvé en face de Katumba.

Maître d’orchestre

Si cela ne tient qu’au parcours, AKM n’a rien d’un homme de l’ombre tant il se plaît dans des fonctions qui l’amènent à apparaître le plus souvent. En tout cas, les fonctions de secrétaire exécutif de l’ex-AMP n’étaient pas pour se cacher des autres, même si Katumba avait pris la précaution de laisser passer son second Louis Koyagialo au devant de la scène. Il est quand même député ce Katumba. Pour se faire élire, il a dû battre campagne c’est-à-dire aller au devant des foules, ce qu’exècrent le plus les casaniers. N’empêche qu’au Palais du peuple, Katumba redevient ce personnage réservé qui balaye le micro de la main chaque fois qu’un journaliste tente de lui tirer le vers du nez. «Augustin Katumba n’a jamais accordé la moindre interview à un ou un autre journaliste qui couvre les activités de l’Assemblée nationale», témoigne le confrère d’une chaîne de télévision affecté au Palais du peuple, depuis la mise en place des institutions de la IIIème République. Si Katumba peut jouer au discret en tant que simple député, ce n’est pas le cas dans son rôle de «député maître d’orchestre» de la défunte AMP. Ici, il est contraint de sortir du bois, de donner des ordres, de laisser les grosses pontes de l’AMP-PPRD s’agglutiner autour de son siège pour s’enquérir de la position à prendre quand le débat prend une tournure inattendue dans la salle du congrès.

C’est lors de l’affaire Kamerhe que le gourou a été le plus vu à l’oeuvre. Rien n’aura été fait sans un conciliabule préalable sur le banc que Katumba partage à chaque plénière avec son indéfectible compagnon Antoine Ghonda Mangalibi. Le tout retransmis en live. Donc à la portée du grand public. Katumba s’est même découvert très télé ces derniers mois. Quand il n’accorde pas une interview à sa propre initiative à une télévision lus-hoise avant d’amplifier l’événement avec une rediffusion sur Télé 50 de Jean-Marie Kasamba, ce sont les images de sa communion avec sa base à Pweto qui envahissent le petit écran. Le clou, c’est qu’il se fait chanter maintenant lui-même par les musiciens. Lorsque JB Mpiana chante «AKM, l’homme qui a la confiance du chef» dans Engobo (album Soyons sérieux), il s’agit d’Augustin Katumba Mwanke’ qui cède là à une pratique qu’il a longtemps classée, à en croire ses proches, parmi les «kinoiseries». Et aux exégètes de rappeler que «le tigre ne crie pas sa tigritude mais il saute sur sa proie». «Quand une autorité a besoin de faire chanter sa puissance, cela signifie que celle-ci a peut-être baissé en réalité», tente d’expliquer un observateur de la vie au Palais. Un point de vue démenti par l’expérience .là où l’étoile de Katumba trône toujours au firmament lorsque les mauvaises langues le donnent en disgrâce. Ses détracteurs n’ont qu’à se rappeler ce qui avait colporté au moment où le secrétaire exécutif de l’AMP avait été contraint à la démission. S’ils ont le temps de plonger dans le dossier Alain Ilunga, ils se rendront vite compte que certains collaborateurs de Lumbi ont intérêt à étouffer la vérité à propos d’une sale affaire d’exonération frauduleuse à la SEP pour Une valeur de plusieurs millions de dollars. Cette affaire implique même l’ancien patron de Total en Rd-Congo, le français Bourgues.

Le passé de Katumba ne le prédestinait pas, à priori, à jouer les premiers rôles à la tête de la République. Ses études de polytechniques achevées à l’Université de ‘Kinshasa en compagnie de son collègue Kimbembe Mazunga, l’ingénieur en mines s’est laissé tenter, au début des années 90, par l’aventure d’aller chercher des meilleures perspectives dans une Afrique du Sud débarrassée fraîchement de l’apartheid. Il avait été stimulé par son beau-frère, Simon Tomawaku (en fait ils sont des mbanda c’est-à-dire qu’ils ont épousé dans la même famille). Ingénieur civil sorti de l’ULB -Université libre de Belgique- ce dernier (fils d’un diplomate plusieurs fois chef de mission diplomatique de l’ex-Zaïre dans plusieurs capitales européennes) s’est installé en Afrique du Sud dans les années 80 pour évoluer jusqu’à exercer les fonctions de directeur chez Batman, contrôlée aujourd’hui par un Juif proche de Dan Getler qui est en même temps l’actionnaire majoritaire à la BIC -Banque internationale de crédit. Katumba et Tomawaku ont travaillé d’abord, tous les deux, dans la mine d’or de la société de charbon JCI. Le destin de Katumba prend une nouvelle dimension chez Equator Bank sous la direction de Bruce Jewels. Pour une banque d’affaires, Equator est continuellement à la recherche des niches pour fructifier l’argent. Le Zaïre de Mobutu fait partie de ses cibles.

Jewels y entretient plusieurs relations d’affaires via la défunte fille de l’ancien Premier ministre Jean Ngunz Karl-i Bond qui touchent jusqu’à une ouverture pour des investissements liés à la Gécamines. Ce Katumba que Jewels recrute comme consultant est donc une passerelle de plus pour faire prospérer les affaires de la banque dans l’ex-Zaïre. Plus encore avec l’avènement de l’AFDL en raison des «affinités ethniques» entre le consultant et le nouveau pouvoir de M’zee Laurent-Désiré Kabila. Venu rencontrer LDK en compagnie d’autres investisseurs, le nom de Katumba fera tilt dans la tête du maquisard de Fizi-Baraka. Ce nom lui a rappelé celui du père qu’il avait connu et côtoyé, selon des proches de l’ancien ministre des Finances, Mawampanga Mwana Nanga, témoin de l’événement. C’est à lui Mawampanga que Laurent-. Désiré Kabila demandera de caser le consultant d’Equator Bank. Katumba se retrouvera chargé d’études ou de missions dans l’immeuble en verre sur le boulevard du 30 juin sous la responsabilité du conseiller Bernard Mena devenu aujourd’hui l’un des bras droits d’AKM Katumba a travaillé également avec Jeannot Mwenze Kongolo. Pendant ce temps, au Katanga, le gouverneur Gaëtan Kakudji s’illustre dans des frasques répétées. Il va jusqu’à décréter férié pour recevoir sa femme belge à Lubumbashi. Kabila qui en a marre se’ laisse convaincre que Katumba peut faire l’affaire. C’est donc comme gouverneur du Katanga que Katumba développe des affinités avec Joseph Kabila pendant que celui-ci dirige les opérations au front de Pweto comme chef d’état- major de la force terrestre. Lorsque Joseph Kabila prend l’avion pour venir se faire introniser à Kinshasa, il est accompagné de Katumba.

Matthieu Kepa

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