30 Janvier 2012
La Commission nationale électorale indépendante (CENI) a finalement levé le suspens autour des législatives du 28 novembre 2011. Jeudi 26 janvier tard dans la nuit, elle a proclamé les résultats provisoires de ces élections alors que les médias tant nationaux qu'internationaux avaient déjà parlé d'un possible report sine die à cause d'un spectre d'annulation qui semblait planer suite à la vague des contestations.
En effet, sur les 500 députés nationaux attendus dans la prochaine Assemblée nationale, 424 noms issus d'une plus grande partie des circonscriptions électorales du pays ont été révélés à l'opinion cette nuit du jeudi par les membres du bureau de la CENI. D'autres noms seront ajoutés sur cette liste ce lundi 30 janvier lorsque la CENI va publier les résultats de certaines circonscriptions, à savoir, les circonscriptions du Mont Amba, de Lukunga et de la Tshangu à Kinshasa, ainsi que la circonscription de Mbuji-Mayi dans le Kasaï-Oriental.
La liste des 500 sera complétée et clôturée lorsque la CENI va de nouveau organiser les élections législatives dans quelques circonscriptions, principalement à l'intérieur du pays où ces élections viennent d'être annulées sur décision de la CENI.
Il s'agit des circonscriptions ci-après. Kiri dans le Bandundu, Ikela à l'Equateur, Punia au Maniema ; Masisi au Nord Kivu, Kole et Lomela au Kasaï-Oriental et Demba au Kasaï-Occidental.
Le président de la CENI, Daniel Ngoy Mulunda, dans un mot qu'il a prononcé avant de procéder à la publication des résultats provisoires, a expliqué cette décision d'annulation des législatives du 28 novembre passé dans ces circonscriptions, par les actes de violence qui y ont été perpétrés le jour du scrutin contre les installations et agents de la CENI.
Par conséquent, la CENI, a laissé entendre son président a décidé de déférer devant la Cour suprême de justice, ceux des candidats qui s'étaient illustrés par ces actes de violence ; candidats que Ngoy Mulunda a cité nommément.
Parmi eux, l'on peut citer des noms très connus : c'est notamment le cas de Jean-Claude Baende, actuel gouverneur de la province l'Equateur, qui est d'ailleurs proclamé élu par la CENI ; des honorables Delly Sesanga et Gape Monoko élus en 2006, également proclamés élus en 2011 ; de Fidèle Likinda, député provincial élu en 2006 et actuel questeur de l'Assemblée provinciale de l'Equateur, non élu en 2011, tout comme l'honorable Beya Jean.
" Pour ces candidats, même si pour certains, ils sont élus, la CENI se réserve de les proclamer élus et s'en remet à la Justice jusqu'à ce qu'un jugement soit rendu en vue de leur validation ou invalidation et pour toutes autres poursuites appropriées " a averti Ngoy Mulunda. Même chose du côté des agents de la CENI où son président a fait part des poursuites judiciaires engagées à l'encontre d'une trentaine d'entre eux soupçonnés d'actes de corruption de la part des candidats et condamnés à des peines de servitude pénale.
Toujours dans son mot d'introduction, Daniel Ngoy Mulunda a également fait part d'une série de mesures arrêtées en vue de l'amélioration du travail au niveau des CLCR (Centres locaux de compilation des résultats) ; mesures consécutives à des vives critiques adressées à la CENI suite à des graves irrégularités observées dans le travail de compilation des résultats.
Parmi elles (mesures), il a cité l'introduction des changements dans les équipes de travail et le relèvement de leurs fonctions des agents qui se sont compromis. Le redressement des résultats par l'utilisation des plis des résultats comparés aux résultats ouverts des plis CLCR ; le fait de s'assurer que les résultats sont annoncés et affichés aussitôt que la compilation terminée et que le PV des opérations sont signés par les témoins et membres des CLCR. Mais en dépit de toutes ces mesures plusieurs esprits sont restés septiques et pensent que la CENI devait faire plus.
C'est le cas du Réseau d'observation électorale (RHODESIC) qui, en ce qui concerne particulièrement des sanctions prises par la CENI à l'endroit des agents CENI et candidats qui se sont compromis s'interroge sur le silence observé par cette dernière autour des cas avérés de détention illégale par certains candidats des bulletins de vote avant le jour des scrutins.
Le réseau recommande donc que les mêmes sanctions soient prises à l'endroit de tous ceux qui se sont rendus coupables de cet acte directement et indirectement. Il y a également ceux qui pensent, par souci de transparence des ces législatives, que la CENI devait faciliter le travail de contre vérification des résultats des élections que devaient effectuer les experts américains venus expressément en RDC sur sa propre invitation, mais qui, malheureusement sont rentrés sans faire ce travail au motif, a-t-on appris, que cette dernière n'a pas mis à leur disposition les moyens nécessaires requis pour effectuer leur mission, à savoir les différentes données (fichier électoral, plis des résultats etc.) des élections du 28 novembre.
Voilà pourquoi, au regard de ces faits évoqués et de beaucoup d'autres irrégularités qu'ils ont dénoncées et dont ils disent avoir été victimes, plusieurs candidats malheureux favorables à l'annulation de ces élections à travers des déclarations se sont permis de qualifier les candidats proclamés par la CENI des députés nommés et non élus.
L'ancienne majorité reconduite
S'agissant de la configuration de cette nouvelle Assemblée nationale made in CENI, il n'y a pas de surprise du tout. Elle (configuration) était déjà connue avec les premières tendances des résultats communiqués. Au vu de ces résultats, l'ancienne majorité issue des élections de 2006 est restée inchangée.
Le PPRD, parti de Joseph Kabila, avec ses autres partis politiques dits satellitaires crées seulement à l'occasion des élections de novembre dernier, ainsi que des partis alliés se sont vu attribuer la majorité des sièges dans la nouvelle Assemblée nationale. L'UDPS d'Etienne Tshisekedi avec 33 députés, vient juste derrière le PPRD qui occupe la première place avec 63 députés, d'après les résultats de la CENI.
Le parti du sphinx de Limete est suivi du PPPD (25 députés), parti satellitaire du PPRD qui lui est lui suivi du MSR, parti allié du PPRD avec 22 députés.
Le MLC de Jean-Pierre Bemba vient en 5ème position avec 19 députés, suivi de l'UNC de Vital Kamerhe avec 16 députés ; de l'ARC d'Olivier Kamitatu avec 14 députés, du Palu avec 12 députés, de l'AFDC de Modeste Bahati (11 députés) de la CCU de Lambert Menda (5 députés) ; de l'ATD de José Makila (4 députés) ; et de l'UFC de Léon Kengo wa Dondo avec 3 députés, etc.
L'analyse de cette classification permet cependant d'observer une certaine percée réalisée par certains partis politiques crées juste à la veille des élections de novembre dernier. C'est le cas notamment de l'AFDC de Modeste Bahati et de l'UNC de Vital Kamerhe qui, d'après les résultats de la CENI, a raflé plus de sièges que le Palu d'Antoinne Gizenga et l'ARC d'Oliver Kamitatu deux anciens partis politiques de la majorité.
Un autre élément observé, toujours d'après les résultats de la CENI, c'est le faible score de l'UDPS à Kinshasa où des pronostics étaient pourtant favorables au parti de Tshisekedi.
D'après les résultats de la seule circonscription de la Funa, jusque-là rendus disponibles, ce parti n'a obtenu qu'un seul siège sur les douze que compte la Funa à l'Assemblée nationale. En sera-t-il de même pour les trois autres circonscriptions ? La réponse sera connue ce lundi soir.
Toutefois, Etienne Tshisekedi a déjà fait savoir que son parti ne siégera pas dans la prochaine Assemblée nationale. Lors d'une récente déclaration, le président de l'UDPS a considéré que les élections législatives du 28 novembre étaient nulles.
Freddy Longangu