24 Avril 2013
Par ailleurs, l’Archevêque de Kinshasa continue à soutenir le dialogue pour arriver à la paix.
Personnalité congolaise de premier rang, Mgr Laurent Monsengwo soutient la création de la Brigade d’intervention destinée à traquer les forces négatives. Mais à condition que les uns et les autres soient sincères. Le Prélat n’a pas précisé pour dire qui doit être sincère pour que la Brigade accomplisse la mission qui lui a été fixée par la Résolution 2098 du Conseil de sécurité.
LA RECONCILIATION NATIONALE
Mais on peut les yeux fermés supposer sans crainte d’être contredit par le Cardinal Monsengwo que ceux à qui il réclame sincérité, ne peuvent être que les différents intervenants dans la crise à l’Est de la Rdc, entre autres les 11 Etats qui ont signé l’Accord-cadre d’Addis-Abeba mais où les principaux concernés comme l’Ouganda et le Rwanda continuent sur le terrain à faire le contraire des engagements pris. La sincérité aussi en ce qui concerne la Résolution 2098 avec la création de la Brigade d’assaut de la Monusco pour traquer les forces négatives que certains s’évertuent à bloquer et contre laquelle le M23, une force négative promet hécatombe.
Quant à l’option de la force qui est préconisée, l’Archevêque de Kinshasa s’inscrit en faux. Il continue à soutenir la voie du dialogue pour arriver à la paix, donc la réconciliation qui pour lui reste une vertu cardinale. C’est par cette même voie de la réconciliation, assure-t-il, qu’on peut éponger une autre crise politique qui a secoué le pays après les élections de novembre 2011. Ici également, ce Prince de l’Eglise ne voit pas encore les jalons qui seraient posés pour un processus de réconciliation nationale.
Sur cette question Monsengwo Pasinya a raison dans la mesure où le Dialogue national préconisé par Joseph Kabila pour mettre tous les Congolais autour d’une même table n’a jamais eu lieu. Au point que certains gouverneurs de provinces lors de leur conférence annuelle tenue le mois dernier à Kananga pince-sans -rire appelé à un Dialogue uniquement entre institutions de la République. Lesquelles ? Aberration étant donné qu’il n’y a aucune crise entre ces institutions qui doivent aller discuter seules au Dialogue. De quel objet discuteraient-elles ? Un tel Dialogue entre institutions qui est actuellement un non-sens mettrait-il fin à la balkanisation qui menace le pays par l’Est ? Non. Il faut donc revenir sur la terre ferme.
MANQUE DE SINCERITE
Pourtant la Rdc est vraiment menacée d’éclatement par le M23 soutenu par le Rwanda, l’Ouganda et les ténors de la maffia financière internationale. Tous les actes posés par les rebelles démontrent cette réalité. Aux négociations de Kampala tout comme sur le terrain au Nord-Kivu. Aux négociations par exemple, le projet d’Accord que le M23 a déposé à la Médiation ougandaise à l’attention du gouvernement congolais comporte pour chacun de ses 25 points, la matérialisation de la balkanisation.
Le fait par exemple de décréter comme zone sinistrée les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Maniema et une partie de la Province Orientale qui deviendraient un espace spécial avec une gouvernance appropriée, administration, Armée, Police et Service de sécurité. Au profit de qui ? Ce que les Congolais doivent savoir c’est que c’est justement ça qui a toujours été convoité par le Rwanda et l’Ouganda qui y pillent richesses du sol et du sous-sol en instrumentalisant des groupes armés à leur solde comme le M23, les FDLR, les Maï-Maï.
Les rebelles du M23 qui se disent Congolais peuvent-ils dire à leurs compatriotes quel intérêt a leur pays, la Rdc, tire de la création de cet espace vital englobant 4 provinces. C’est là le manque de sincérité dont parle Mgr Monsengwo Pasinya. Tous les 25 points du projet d’Accord de paix du M23 couvent un relent de balkanisation. Ce mouvement donne la preuve qu’il n’est qu’une machine de guerre au service du Rwanda et de l’Ouganda pour accomplir leur basse besogne sur le terrain militaire. Alors que la conception intellectuelle de leurs revendications est toujours du ressort des officines secrètes basées à Kampala et à Kigali. Ce sont elles qui ont élaboré ce document introduit par le M23.
Deuxième motif d’inquiétude, sur le terrain, dans la partie occupée par le M23, alors que l’on s’attendait à voir ces rebelles se préparer à déposer les armes en prévision du déploiement imminent de la Brigade d’intervention, c’est le contraire que l’on observe. Outre les menaces fermes faites aux pays contributeurs comme l’Afrique du Sud et la Tanzanie par le biais de leurs Parlements, les rebelles sensibilisent contre cette force dans des agglomérations sous leur contrôle. Ils avaient même projeté des marches populaires contre la Brigade. Manque de sincérité. Quand il est établi que le M23 ne peut prendre aucune initiative sans l’aval de ses parrains rwandais ou ougandais, on s’interroge pour savoir comment d’eux-mêmes les rebelles pouvaient se permettre de menacer une puissance militaire comme l’Afrique du Sud.
On peut tout de suite deviner d’où venaient ces menaces. Manque de sincérité. Le Rwanda et l’Ouganda sont liés à la Résolution 2098 du Conseil de sécurité autorisant la création d’une Brigade spéciale pour traquer les forces négatives. Du reste, la réunion avait eu lieu sous la Présidence du Rwanda. Pourtant, quelque 2 semaines après, Kigali par la bouche de sa ministre des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo qui présidait une autre réunion du Conseil de sécurité, a critiqué la création de la Brigade spéciale par la Résolution 2098 arguant qu’il n’y a que par la voie politique, donc par les négociations qu’on peut parvenir à la paix à l’Est de la Rdc et jamais par la force. Quelles négociations ? Celles de Kampala où Kagame et Museveni tentent d’imposer leur plan de balkanisation au gouvernement congolais comme ce qui est écrit noir sur blanc dans les 25 articles de l’Accord de paix du M23 ? Les Congolais sont appelés à veiller. Il y a péril en la demeure.
Cette prise de position, le Cardinal Monsengwo l’a faite au cours d’une interview accordée hier à la BBC à la suite de sa nomination par le Saint père comme membre d’un conseil consultatif composé de 8 Cardinaux chargés de réfléchir sur la réforme de la curie romaine. Un choix justifié sans aucun doute par les qualités intellectuelles de ce prince de l’Eglise catholique romaine. Le Prélat congolais est une sommité scientifique et un brillant exégète doublé de polyglotte. C’est aussi un fin politique, ancien Président de la CNS et du HCR où les Congolais alors Zaïrois avaient étonnamment découvert ses talents d’arbitre. A chaque impasse, alors qu’on le croyait vaincu, Laurent Monsengwo Pasinya revenait à la charge et démontrait qu’il avait toujours plus d’un tour dans ses manches. Outre les affaires de l’Eglise Catholique, il a aussi abordé quelques questions du domaine temporel. Kandolo M.