Afrique Rédaction

Actualité africaine et internationale en continu ! Afrique du Nord, Afrique de l'Est, Afrique de l'Ouest, Afrique Centrale et Afrique Australe en continu avec des nouvelles fraiches.Des brèves et des tweets...Actualité sur Facebook en direct avec des news fraiches

Mères et bébés meurent dans de mauvaises conditions d’accouchement Emmanuel Chaco



maternite.jpg

AFRIQUE REDACTION | SOCIETE| RDC | LUNDI 21-12-2009 | 09H01



KANIOLA, RD Congo (IPS) - Quelque 36.000 femmes meurent chaque année des suites d’une grossesse à travers la République démocratique du Congo (RDC). En moyenne une femme enceinte sur 13 meurt chaque année, affirment des rapports d’organisations non gouvernementales.

Dans la province du Sud-Kivu, dans l’est de la RDC, entre 1.600 et 1.800 femmes meurent des suites de mauvaises conditions d’accouchements sur 100.000 admises dans des différents centres médicaux, ajoutent les mêmes sources.

«La mortalité maternelle est exceptionnellement élevée au Sud-Kivu, particulièrement dans les villages aux alentours de Bukavu où des conditions minima matérielles, techniques et hygiéniques ne sont pas réunies pour la plupart des formations médicales», affirme Pacifique Chirhalwirwa, médecin directeur de l’Hôpital Général de Kadutu, une des trois communes urbaines de Bukavu, la capitale provinciale.

«Nous avons besoin d’une nouvelle génération, jeune et travailleuse ici. Mais dans mon village, environ trois femmes en couche sur 10 meurent avec leurs bébés soit pour n’avoir pas été assistées soit pour avoir été mal assistées ou soit par manque d’expérience du personnel médical, étant entendu que la plupart d’entre eux ont été formés sur le tas», indique à IPS, Donald Kahemula, 66 ans, infirmier depuis plus de 30 ans à Kaniola, à plus de 80 kilomètres de Bukavu.

Mais, «comment espérer avoir une jeunesse espoir de demain pour notre village si plus de 40 pour cent des femmes qui accouchent ici perdent presque toujours leurs bébés du fait qu’elles ne peuvent accéder aux prestations d’un personnel qualifié lors de leurs accouchements?» , demande Chantal Mukanirwa, habitante de Bunyakiri, à 170 km de Bukavu. «Nous sommes pauvres. La seule formation médicale ici est très éloignée et n’inspire pas plus confiance que les sages-femmes qui nous aident depuis des années à accoucher», ajoute-t-elle à IPS.

«La peur d’accoucher est des fois une évidence pour les femmes enceintes. Dans moins d’un mois, j’attends de donner naissance à un bébé. Je n’en connais pas le sexe. Les appareils échographiques n’existent pas ici. Qu’il soit un garçon ou une fille, l’essentiel pour moi est de le voir naître, vivre et grandir», affirme Mukanirwa qui est à sa troisième couche et qui ne se «fait assister que pas des sages-femmes lors de ses accouchements» .

S’exprimant à IPS, Jeannine Kibiswa, une jeune mère habitante de Shabunda, à 130 km de Bukavu, se souvient : «Pour accoucher de mon premier garçon qui a 10 ans aujourd’hui, j’ai dû marcher pendant environ deux heures en compagnie de mon mari et de ma mère, très tard la nuit. Les douleurs étaient interminables. L’enfant est venu plus tôt que prévu et donc finalement, c’est ma mère qui m’a aidée à accoucher en pleine forêt avant même d’arriver à l’hôpital».

«La plupart de ces femmes qui perdent leurs bébés ou qui meurent sont effectivement jeunes. La situation est d’autant préoccupante qu’il y a des femmes qui meurent très jeunes alors qu’elles n’en sont qu’à leur premier accouchement» , a souligné Marie Noël Cikuru, une femme engagée pour la défense des femmes vulnérables et des victimes de guerre dans un projet appelé 'Vision d’espoir' basé à Bukavu.

«Vision d’espoir propose une assistance psychosociale à 500 femmes victimes de violences sexuelles à Kaniola, mais intervient aussi pour accompagner des femmes traumatisées, notamment des suites d’accouchements. L’aide consiste surtout à appuyer ces femmes à reconquérir l’entièreté de leur force psychologique puisqu’elles sont censées retourner vivre dans leurs sociétés d’origine», a expliqué Cikuru à IPS.

«En l’absence d’une politique étatique de protection de la vie, la meilleure manière de lutter contre la mortalité infantile et maternelle, lors des accouchements, est d’informer et de sensibiliser en permanence les femmes tout au long de leur grossesse en faisant recours notamment aux sages-femmes reconnues crédibles au sein de leurs communautés de base», selon Alexis Ntambuka, médecin à Shabunda.

Il faut également «allouer au secteur de la santé et de la protection du couple mère-enfant une ligne budgétaire suffisante et mettre en place des écoles de formation médicale dans les villages du Sud-Kivu», ajoute-t-il à IPS.

Pour soulager certaines de ces femmes en détresse, la campagne «Donner la vie sans mourir», lancée par Memisa, une organisation internationale de droit belge installée dans l’est de la RDC, intervient dans l’équipement des centres de santé en petit matériel médical (ventouses, stérilisateurs, tables d’accouchement, panneaux solaires pour l’éclairage la nuit, etc.)

Ce groupe intervient également dans la fourniture de médicaments, la formation des sages-femmes, la supervision des infirmières responsables des consultations prénatales, la distribution des primes d’encouragement au personnel médical déjà sous-payé, et dans l’organisation de «mutuelles» destinées à couvrir les coûts des césariennes. (FIN/2009)
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article