7 Mai 2013
A l’Assemblée nationale, le compte à rebours a commencé quant à la désignation de nouveaux membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Le président Aubin Minaku a entamé depuis hier lundi des consultations préliminaires auprès de différentes forces politiques et sociales. Pour quel résultat quand on sait que, dans tous les cas, la CENI portera la marque de la Majorité et de l’Opposition? Les forces sociales servant d’ornement, l’on marchera à reculons.
La machine des consultations pour la désignation de nouveaux membres de la CENI vient d’être enclenchée à l’Assemblée nationale. Depuis hier lundi, Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale, a engagé des consultations préliminaires avec différentes forces politiques et sociales.
La course à la nouvelle CENI s’annonce mouvementée. Déjà de chaudes empoignades ont été signalées samedi dernier à la plénière de la Chambre basse du Parlement. La désignation ne devait pas être sans conséquence dans la configuration des forces en présence. Le groupe parlementaire UDPS-FAC est compté parmi les premières victimes de cette bataille qui s’annonce âpre. La gestion des ambitions au sein de ce groupe, première force parlementaire de l’Opposition, l’a contraint à changer sa dénomination. Il devait désormais s’appeler UDPS et alliés. Ce qui, sans doute, devait écarter de la course à la CENI des membres gênants. Qu’importe !
Le go des tractations pour succéder à Ngoy Mulunda et compagnie a été donné lundi dans la salle des Banquets au Palais du peuple, où Aubin Minaku a échangé avec les bureaux des groupes parlementaires ainsi que le comité des sages.
Devant la presse, le speaker de la Chambre basse du Parlement a fait savoir que « c’était une réunion de routine, malgré l’actualité de ce jour », soulignant qu’avec ses interlocuteurs ils ont tablé, notamment, « sur la façon dont nous allons commencer dès demain matin les consultations pour mettre en place les membres de la CENI… ».
Son schéma prend également en compte la Société civile congolaise d’où proviendront trois membres de l’Assemblée plénière de la CENI, en ce compris, les membres du bureau, dont son président. Aussi la suite du calendrier indique-t-il qu’il rencontre ce mardi les représentants des confessions religieuses.
Minaku est formel sur ce point : « C’est clair et net, ça concernera notamment la Société civile. Chaque groupe parlementaire a le pouvoir de choisir ses délégués en toute liberté ».
S’agissant de l’obligation légale faite au bureau de l’Assemblée nationale, en l’occurrence celle d’installer le nouveau bureau de la CENI endéans quarante-cinq jours à compter de la promulgation de la loi portant organisation et fonctionnement de la CENI, Aubin Minaku s’est voulu plutôt rassurant : « Nous allons respecter le délai. Nous allons mettre à la disposition de la République le bureau de la CENI dans les quarante-cinq jours comptant depuis le 27 avril dernier, date de la promulgation par le président de la République de la nouvelle loi sur la CENI ».
Rude bataille en perspective
Si au niveau de la Majorité présidentielle, la discipline et le mot d’ordre ont été répercutés à tous les niveaux pour éviter tout accrochage dans le processus en cours, la bataille s’annonce cependant rude dans le camp de l’Opposition politique et au sein de la Société civile.
La pluralité de l’Opposition et surtout la nébuleuse qui caractérise la Société civile de la RDC vont certainement se poser en handicap dans le choix de leurs délégués respectifs. Des fissures qui sont apparues au sein du groupe parlementaire UDPS-FAC en témoignent avec éloquence.
Le président du groupe parlementaire UDPS et alliés, Samy Badibanga, a d’ores et déjà annoncé les couleurs. Le climat s’annonce délétère. Selon lui, « le choix sera proportionnel au poids numérique des partis politiques au sein des groupes parlementaires ». Il s’est déjà fait une idée de ce que sera la répartition des postes au sein de l’Opposition. « La logique, pense-t-il, voudrait que dans le quota de l’Opposition, ça soit l’UDPS pour le poste de rapporteur et le MLC pour le rapporteur-adjoint ».
Du côté de la Société civile, l’on s’attend à une cacophonie généralisée. L’assaut du labyrinthe ne se fera pas non plus à l’unisson. Deux tendances, assimilées l’une au pouvoir et l’autre à l’Opposition, pourraient s’affronter sans merci. Preuve que la donne politique prendra le dessus sur le choix des délégués à la nouvelle CENI. L’enjeu est de taille ; dans la mesure où le président du nouveau bureau de la CENI devra provenir de cette composante. L’on s’attend à un combat des gladiateurs. Comme dans l’ancienne loi, le président de la CENI, dans la nouvelle loi, jouit de beaucoup de pouvoir.
Dans cette forêt de contradictions où s’affrontent des intérêts de tous genres, l’on est en droit de se poser des questions sur la portée réelle des consultations engagées par Minaku. Parviendra-t-il, à terme, à minimiser le plus possible la variable politique dans le choix des animateurs de la CENI ? Sera-t-il en mesure de franchir le Rubicon pour garantir à la nation une CENI véritablement indépendante, apolitique, neutre et impartiale à tout point de vue ?
Ce sont là de grands défis à relever. Bien plus, il s’agit d’un challenge à partir duquel la nation toute entière jugera de la capacité du président de l’Assemblée nationale à transcender des intérêts partisans de sa famille politique pour ne privilégier que l’intérêt collectif.
D’ores et déjà, d’aucuns laissent entendre que les consultations engagées pourraient se terminer en eau de boudin et faire office de saupoudrage afin de maquiller les faits, notamment ceux d’une CENI embrigadée dans une logique politicienne suicidaire pour la nation. Comme il en fut malheureusement le cas sous la présidence de Ngoy Mulunda.
Pour rappel, la nouvelle CENI comprendra treize (13) membres, dont six de la Majorité, quatre de l’Opposition et trois de la Société civile. Elle sera dotée de deux organes, à savoir l’Assemblée plénière et le bureau. Le bureau, dont la présidence revient à la Société civile, comprendra six membres. La Majorité et l’Opposition se partagent le reste de postes à raison de 3 pour la Majorité (vice-président, rapporteur adjoint, questeur); pour l’Opposition 2, (rapport et questeur adjoint).