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Montée de tension dans le pays alors qu'approche la date du 28 novembre

 

L'opposition acceptera telle le verdict des urnes s'il lui est défavorable? Rien n'est moins certain, à en juger par la récente sortie médiatique d'Etienne Tshisekedi qui s'est autoproclamé président de la République.
Le lendemain du scrutin présidentiel, le 28 novembre prochain, la situation risque d'être très difficile, pose le politologue Jean Marie Kidinda. Qui explique: «Il y aura une vague de contestation qui sera difficile à contenir. Toutes les régions sont susceptibles de connaître des remous post-électoraux, tout particulièrement les provinces les plus sensibles : les deux Kivu en raison de la persistance du conflit, le Katanga la province frondeuse, la province Oriental e caractérisée par une forte insécurité et Kinshasa, la poudrière sociale». Le président de la ligue des jeunes du PPRD, le député national Francis Kalombo, laisse entendre que l'opposition r-dcongolaise se préparerait déjà à contester les résultats du scrutin. Sa stratégie est simple: dénoncer toutes les tentatives de tricheries et toutes les maladresses du pouvoir et de la Commission électorale national e indépendante (CENI), multiplier les manifestations de rue et pousser le pouvoir à la faute en vue de le discréditer aux yeux de la population comme de la communauté internationale. Les évêques catholiques craignent que la R-dC ne replonge dans une situation à l'ivoirienne. De grandes difficultés logistiques. Cette peur du lendemain vient s'ajouter au doute de l'organisation matérielle des élections. Si les délais sont tenus, il s'agira d'un tour de force en matière d'organisation. Le pays compte plus de 400 partis politiques. Onze candidats à la présidentielle seront en lice et plus 18.000 candidats pour les législatives. Le duel va principalement opposer le PPRD de Joseph Kabila et l'UDPS d'Etienne Tshisekedi. Les risques de débordements postélectoraux ne sont donc pas exclus. Si le pari est gagné, ça sera avant tout un succès pour la CENI.

MANOEUVRES.

Mardi i novembre, au Palais du peuple, répondant aux doutes nombreux exprimés par les partis politiques et les chancelleries étrangères, la CENI a confirmé ce qu'elle a déclaré lors du lancement de la campagne électorale, à compter du 28 octobre jusqu'au 26 novembre, que les élections générales se tiendront le 28 novembre prochain. Le doute était permis tant les difficultés d'organisation sont considérables dans cet immense pays - 80 fois la superficie de la Belgique - avec de nombreux territoires enclavés faute d'infrastructures routières. La logistique représente le premier défi des élections. Sans les moyens considérables mis en place par la Mission des Nations Unies de maintien de la paix (MONUSCO), forte d'un contingent de 20.000 Casques bleus et d'un parc de plus de 50 aéronefs qui en fait la troisième compagnie aérienne d'Afrique, les élections ne pourraient pas se tenir. Cet appui aura été indispensable pour aider à l'enrôlement des 32 millions d'électeurs, puis au déploiement du matériel électoral dans les 62.000 bureaux de vote et enfin pour le contrôle du scrutin. Le nombre très élevé des candidats aux législatives, arrêté à plus de 18.000 et à 11 pour la présidentielle, crée un autre défi pour l'impression et la distribution de bulletins de vote. Le scepticisme reposait aussi sur les capacités opérationnelles de la CENI, dirigée par le pasteur Daniel Ngoy Mulunda. Elle a été l'objet de nombreuses critiques. L'enrôlement des électeurs prévu pour le 28 février dernier a été reporté au mois de juin. La publication tardive des annexes de la loi électorale, qui déterminent le nombre des sièges parlementaires par circonscription, a retardé la révision et la validation des électeurs inscrits sur le fichier électoral. Des centaines de milliers de doublons ont été trouvées dans le fichier électoral. Les partis d'opposition ont trouvé de nombreux motifs pour attaquer la CENI. Quant au scrutin proprement dit, Joseph Kabila Kabange, au pouvoir depuis dix ans à la suite de la mort de son père. Laurent-Désiré Kabila, assassiné, en janvier 2001, puis élu, en 2006, contre Jean-Pierre Bemba, est candidat à sa propre succession, se présente comme candidat indépendant, et pourrait gagner avec la dispersion de l'opposition car le scrutin est à un seul tour. En effet, en janvier 2011, la majorité est parvenue à faire voter en force, mais dans le respect de la légalité constitutionnelle, une réforme du scrutin présidentiel, le faisant passer de deux à un tour. Dans ce contexte, l'opposition s'est brutalement trouvée contrainte d'adopter une stratégie d'union, et donc d'empêcher l'expression des diverses sensibilités que ses partis et ses personnalités représentent. Les grandes manœuvres ont commencé très tôt. Au coeur du maelstrom quelques personnalités dominent le jeu électoral. Ils forment le «triangle nucléaire». Etienne Tshisekedi, le «sphinx de Limeté», revendique le statut d'opposant historique et respecté, celui qui fut maintes fois embastillé sous Mobutu avant d'être brièvement son premier ministre. Son audience est forte dans la Capitale et sa base est dans le Kasaï. Deuxième opposant de taille, le jeune et bouillant Vital Kamerhe, originaire du Sud-Kivu, l'ancien fidèle de Joseph Kabila Kabange qui le fit président de l'Assemblée nationale avant de tomber en disgrâce, en 2009, mais devenu pour cette raison encore plus ambitieux. Le troisième, Léon Kengo wa Dondo, plusieurs fois premier ministre de Mobutu, président très respecté du Sénat, prudent à l'extrême, adopte une posture gaullienne, depuis qu'il s'est déclaré candidat, avançant que l'intérêt supérieur de la nation est en jeu.

                                                                                                   TONY NGANGA

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