23 Décembre 2009
Ce dimanche 20 décembre 2009, les cieux ne sont pas cléments envers la population kinoise. Il s’abat une pluie torrentielle sur la ville, et les familles restent blotties dans leurs habitations.
Pas toutes, car c’est le jour du Seigneur. Et parmi les croyants qui ont décidé d’aller glorifier l’Eternel, il y a deux petits anges qui viennent d’assister à la messe officiée à l’église St Laurent de la commune de Ngaba. Ces bambins se prénomment Estha et Peter, et ils habiteraient la rue Nzazi. Le petit Peter n’a que deux ans, et sa sœur Estha le dépasse de deux ans à peine.
Bravant les éclairs, ils sont pressés de rentrer à la maison, mais autour d’eux tout semble apocalyptique, et les abondantes eaux les atteignent jusqu’aux genoux. Les frêles êtres se débattent tant bien que mal contre le torrent. Ils se trompent de chemin et sont précipités dans un collecteur d’eau.
Quelques adultes trempés par la pluie battante, et cherchant où aller s’abriter, assistent à la scène. L’un d’eux plonge dans la tranchée, agrippe la fillette qui a déjà avalé quelques gorgées, et la sauve de la noyade. Apeurée et encore sous le choc, Estha crie: « Peter, Peter... ». Mais Peter est invisible. Entraîné par le courant, le petit Peter est jeté dans la rivière Kalamu qui a débordé de son lit. Il n’émerge plus.
La pluie semble interminable, les dieux sont en furie. Ne pouvant plus contenir les eaux qui abondent, la rivière les dévie dans les parcelles avoisinantes. Elles sont toutes inondées, il n’y a plus de place où mettre les pieds. Dans certaines maisons, l’eau est montée au niveau des fenêtres, et les occupants se sont hissés sur des tables. Quant aux lits, les valises et les ustensiles, ils flottent comme du temps de Noé. Entre-temps, quelques âmes de bonne volonté continuent à longer ses abords, dans l’espoir de retrouver l’enfant. Découragés, ils rebroussent chemin.
Lorsqu’une fille passe aux environs de 13h00’ sur la rue Mopulu, la pluie a enfin cessé. Elle fait une mauvaise découverte. Ses yeux sont captivés par une scène insolite : de petits pieds émergent d’un amas de sable qui s’est formé dans une parcelle. Elle hurle de frayeur, comme mordue par une guêpe. Les Curieux accourent, enlèvent le monticule de sable déversé par la rivière. Tout le monde s’exclame. Le corps d’un petit enfant gît là, recroquevillé, ses oreilles sont remplies de sable. Il n’a pu lutter contre les forces de la nature. Les femmes se mettent à pleurer. C’est le petit Peter, un bambin de six ans, mort le jour où il est allé glorifier son Dieu.
Donatien Ngandu Mupompa/Le Potentiel