Afrique Rédaction

Actualité africaine et internationale en continu ! Afrique du Nord, Afrique de l'Est, Afrique de l'Ouest, Afrique Centrale et Afrique Australe en continu avec des nouvelles fraiches.Des brèves et des tweets...Actualité sur Facebook en direct avec des news fraiches

Nord-Kivu - Goma : les blessés de guerre laissés pour compte sont furieux



Créé le 22-04-2010 à 06h00 | AFRIQUE REDACTION | CONFLIT ARMÉ | RDC | Mis à jour le Mercredi 22-04-2010 à 09h00 Par : LE POTENTIEL

http://www.lavdc.net/portail/wp-content/uploads/Hopital-Soldats-Blesses.jpg


L’accord d’Ihusi signé en mars 2009 entre le gouvernement congolais et les groupes armés du Kivu prévoit la prise en charge des miliciens invalides. Cet accord exclut les militaires loyalistes blessés de guerre, qui trouvent cette mesure injuste et inacceptable et se payent sur le dos des habitants. Quant aux soldats actifs, ils préfèrent fuir plutôt que de finir comme eux. «J’ai fait la guerre, perdu une jambe et risqué ma vie pour protéger les civils. Aujourd’hui, pourquoi n’ai-je pas droit à une assistance?», s’exclame Désiré Monga, essoufflé après une vive altercation avec un policier qu’il a gravement blessé à l’œil, dans un restaurant du centre de Goma. Ex caporal dans l’armée régulière, Désiré Monga a perdu l’usage de sa jambe droite en septembre 2007, lors des combats qui opposaient les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) aux rebelles du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) à Kirolirwe, à 40 km au nord-ouest de Goma.

DEUX POIDS, DEUX MESURES


Pour survivre, rien de plus simple que de racketter les restaurants et les populations civiles qu’il estime avoir une dette envers lui. Arrivés sur les lieux à l’appel du restaurateur, les policiers se sont heurtés à la fois à la colère de Désiré Monga et à l’injonction d’un major de l’armée qui leur a intimé l’ordre de vider les lieux, afin que le militaire invalide puisse se servir en toute impunité...

Pour cet officier, «l’abandon des militaires invalides par l’armée ainsi que le mépris et les railleries de la part des civils, qui les traitent de mendiants et de voleurs, justifient les comportements déviants». Sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue, ces éléments loyalistes invalides, communément appelés kajorités (tiré de l’anglais casualty), manifestent leur colère en exigeant de l’argent aux commerçants ou en s’en prenant aussi aux passants. Ceux qui refusent d’obtempérer subissent agressions physiques ou menaces de mort à l’aide de grenades.

Les experts militaires estiment que le sort réservé aux militaires invalides des FARDC, abandonnés par l’armée, explique en partie le fait que les troupes gouvernementales perdent toujours la guerre. Les soldats préfèrent fuir les combats, par peur d’être blessés. «L’incertitude suite à l’invalidité physique d’un militaire et la honte de retourner dans son milieu d’origine, sans pension de guerre, en récompense des services sous le drapeau, est à la base de tous les déboires que connaissent les forces loyalistes sur les champs de bataille», déclare un colonel qui s’exprime dans l’anonymat.

Selon lui, la hiérarchie militaire «semble encore ignorer ce signal d’alarme», malgré le comportement déplorable des «kajorités» depuis la signature de l’accord d’Ihusi. Apparemment, «le sort de ces unités ne préoccupe aucune institution étatique dans les deux Kivu», ajoute l’officier. Ce qui explique, toujours selon ce colonel, que les deux tiers des condamnations prononcées dans des juridictions militaires à Goma, portent sur des faits commis par des militaires.

PROMESSES NON TENUES


Pourtant, la plupart des kajorités ne se considèrent pas comme des vulnérables. Plutôt des déshérités. Les uns souhaitent apprendre un métier, les autres, faire un petit commerce ou travailler dans les champs. «Pourquoi prendre en charge quelqu’un qui a combattu le gouvernement pendant des années et laissé celui qui a été loyaliste ?», se demande sergent Rambo. D’où les représailles contre les civils pour les promesses non tenues. «On avait appris au centre d’instruction que nous dépendrions de l’argent des contribuables pour notre prise en charge», lâche-t-il.

Un an après sa signature, l’accord d’Ihusi qui prévoit la prise en charge économique des ex-éléments du CNDP par le gouvernement central, n’a pas empêché le maintien d’une administration parallèle dans plusieurs localités du Nord-Kivu. Ainsi, selon les témoignages de conducteurs, un camion transportant des denrées alimentaires doit acquitter une taxe de 400 $, 350 $ pour un chargement de planches, et 50 $ pour un tout-terrain. Une «obligation civique», jadis appelée «effort de guerre», que les responsables de l’ex-rébellion justifiaient alors pour la prise en charge des insurgés invalides.

SYFIA/LP

 


 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article