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Pascal Kambale remet en cause l’efficacité du milliard Usd de la Banque mondiale dans les Grands Lacs

Crée le 29-05-2013 09H00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE. Mis à jour le mercredi 29-05-2013 -14H55 PAR : LE POTENTIEL

 


Dans une interview exclusive à la Deutsche Welle

Le mécanisme et le processus qui ont fait germer l’idée de ce fonds sont basés sur la supposition selon laquelle le manque d’opportunités économiques pour les populations et de développement pour les sociétés est l’une des causes principales de la poursuite de la guerre dans l’Est de la RDC. On croit dès lors que le développement va amener la paix. C’est le point de vue défendu par Pascal Kambale Kalume, spécialiste des questions de gouvernance et observateur des questions des Grands Lacs, dans un entretien avec la radio allemande, la Deutsche Welle.

L’ONU et la Banque mondiale pensent que la paix dans les Grands Lacs passe par des investissements en vue de susciter le développement. Qu’en dites-vous ?

Je pense que cette hypothèse est erronée. Il y a manque de développement et d’opportunité économique à travers toute l’étendue du territoire national, et pourtant il n’y a pas de guerre partout. Et comme la Société civile du Nord-Kivu l’a souligné dans sa lettre au secrétaire général des Nations unies, la communauté internationale ne développera pas le Congo. Le Congo se développera lui-même, à condition qu’on l’aide à restaurer la paix.

Quelles sont finalement les motivations qui ont guidé ce choix ?

Il est clair qu’il y a des motivations économiques derrière les interventions répétées de l’Ouganda et du Rwanda en RDC. Mais je pense que la volonté de puissance de la part de Kampala et Kigali est un facteur important. Plus importante peut-être encore est la faiblesse de l’Etat en RDC, faiblesse qui se traduit par une absence maladive de vision de gouvernance et une incapacité à se protéger des immixtions des voisins dans les affaires nationales du Congo. C’est ce qui explique que même l’Angola intervient militairement et économiquement au Congo (Luanda occupe des territoires entiers au Bandundu et au Bas-Congo), alors que ce pays a des richesses dont il ne sait pratiquement pas quoi faire.

Quelles chances donnez-vous à la mise en œuvre d’une telle stratégie ?

D’une certaine manière, ce fonds procède aussi de la stratégie de la carotte et du bâton que la communauté internationale entend appliquer à la résolution de la crise dans les Grands Lacs. Tout porte à croire, néanmoins, que cette stratégie est un mort-né. Par exemple, plus personne ne parle des sanctions financières dont on avait menace le Rwanda et l’Ouganda au cours des semaines qui ont suivi la publication par le groupe d’experts des Nations unies des révélations sur leur appui aux rébellions congolaises. Au contraire, on nous sort tout d’un coup ce milliard de fonds de développement. On voit donc bien que la Banque mondiale et les Nations unies se sont empressées de jeter un sac de carottes aux pieds des gouvernements de la région sans avoir le courage de brandir sous leur nez le moindre bout de bâton. C’est donc une stratégie des carottes et encore plus de carottes.

Qu’en est-il des actions antérieures entreprises dans le même but dans la région ?

A elles seules, la Banque mondiale, l’Union européenne, l’USAID et DFID ont mis plus d’un milliard dans le développement de l’Est depuis 2006 (notamment à travers STAREC depuis 2009). Le procédé était toujours le même. On évite de parler avec Kinshasa et de confronter la nécessite des réformes institutionnelles (surtout la réforme de l’armée et de la justice), et en revanche, on fait semblant de croire que la construction des routes et des barrages dans une partie du pays apportera la paix, malgré une armée appauvrie et indisciplinée, malgré une justice inexistante et incapable de sanctionner la corruption qui gangrène le système d’octroi des marchés publics. Beaucoup de nos compatriotes pensent que ces millions de dollars investis dans l’Est du pays servent en réalité à enrichir la multitude d’ONG internationales, d’intermédiaires et de soi-disant experts étrangers qui pullulent dans les régions de l’Est du Congo et qui feraient croire que misère et problèmes de sécurité n’existent qu’a l’Est du pays.

Vous êtes donc pessimiste ?

Je pense que le milliard de la Banque mondiale va profiter davantage à l’Ouganda, au Rwanda et aux pays comme la Tanzanie qu’au Congo pour une raison simple. Dans ces pays, il existe des plans économiques clairs sur lesquels ce milliard va venir se greffer et qu’il va consolider. En RDC, il n’y a aucun plan de développement économique. Et s’il en existe un, les autorités congolaises sont incapables de le mettre en œuvre. Dans ces conditions, le milliard sera jeté dans un trou comme c’était le cas avec les millions de STAREC, à moins que la Banque mondiale s’occupe elle-même de l’exécution des travaux de développement.

Qu’est-ce qui vous intrigue exactement dans ce milliard de dollars promis par la Banque mondiale ?

Peut-être plus important, il y a lieu de s’inquiéter que ce fonds ne vienne frustrer la lutte permanente pour la construction de notre unité nationale. Consacrer des millions pour le développement d’une petite partie du territoire seulement n’a aucun sens logique si c’est toute la Républiques qui souffre de déficit de développement. Va-t-on également construire des barrages dans le Nord-Katanga en proie aux Maï-Maï de Gédéon? Dans les deux Kasaï ou la liquidation criminelle de la MIBA a jeté des milliers de jeunes dans une misère plus noire que celle du Kivu? Que dire de l’Equateur ou des territoires entiers n’ont plus connu de sucre ni de savon depuis plusieurs années? Nous avons déjà perdu un Premier ministre à cause de la préférence des puissances mondiales pour une partie du territoire (le Katanga en 1960) au détriment des autres parties

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