4 Novembre 2011
Créé le 04-11-2011 à 14 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE | Mis à jour le Vendredi 04-11-2011 à 14H 40 | AFRIQUEREDACTION PAR : LES FINANCES
A la veille des scrutins à venir, la plupart de paris ont connu des fortunes diverses. Mais au RCD, c’est le vide total. Le parti s’est totalement vidé de sa sève, et se retrouve le corps à l’air libre. Le phénomène est particulièrement remarquable dans les Kivu, ces provinces orientales qu’Azarias Ruberwa prétendait être son fief pendant la Transition 1+4. Mais où il obtint ses records d’impopularité aux élections de 2006.
Il avait pourtant sillonné monts et valons, collines et plaines de ce beau Kivu. Mais partout, des foules hilares lui lançaient à la figure des vigoureux «votez Kabila» après chacun de ses meetings, lorsqu’une meute d’enfants ne menaçait pas carrément de lancer l’assaut sur son cortège à Kamituga. Tout cela l’a fait réfléchir il a, de lui-même, décroché des Kivu.
Le RCD détient un record historique : il est le seul parti à avoir perdu tous ses élus nationaux alors tous sans exception. Ainsi, Adolphe Onusumba (Lodja/Kasaï oriental), Etienne Katolu Mumone Malu (Mbuji-Mayi/Kasaï oriental), Célestin Vunabandi et Georges Sabiti Muhire (Rutshuru/Nord-Kivu), Bertin Banganyigabo et François-Xavier Ayobangira (Masisi/ Nord-Kivu), Trésor Kapuku (Kananga/Kasaï occidental), Ejiba Yamapia (Kinshasa 3/Mont-Amba), et Mugenyi (Irumu/Province orientale) ont rejoint l’UC Union des Congolais pour le progrès d’Eugène Serufuli Ngayabaseka. De leur côté, Schadrac Baitsura Musowa (Beni/Nord-Kivu) a rejoint l’ECT, André Mbata Mangu (Dimbelenge/ Kasaï occidental) l’UNC de Vital Kamerhe, Pascal Tshitoka Ngalamulume (Luebo/Kasaï occidental) le PPRD, et Claude Mabo (Djugu/ province Orientale) l’AFDC de Bahati Lukwebo. Tous sont donc partis sous des cieux plus cléments. Mais là où ça détonne, c’est lorsque le «RCD newlook» de Ruberwa n’aligne nul candidat dans les Kivu, cette région qui le vit naître, faire le coup de feu, et prospérer.
Même pas à Goma, la belle capitale du Nord-Kivu qui lui servit de quartier-général 5 ans durant, et dont il porta, malgré lui, le nom par opposition à l’autre aile, celle dite «Kisangani» d’Antipas Mbusa Nyamwisi. Même pas à Fizi, le propre territoire natal et d’origine d’Azarias Ruberwa. «Finalement, ça sert à quoi de prétendre diriger un parti politique, lorsqu’on n’est soi-même candidat à rien, et que, pire encore, on ne justifie même pas d’une base même dans son propre village d’origine ?», interroge un observateur. Selon tous les observateurs, Azarias Ruberwa paie une politique clanique qui n’a que trop favorisé les frères du village au détriment des ressortissants des autres communautés. «Au lieu de placer l’Eglise au milieu du village, il a placé son village au centre des intérêts du parti, et il se retrouve aujourd’hui nulle part dans les Kivu», note un journaliste, expert de la région. Qui ajoute : «Il est à noter que la seule exception demeure la candidature de Moïse Nyarugabo, pour laquelle on a réussi à mobiliser ce qu’on n’a pas pu ailleurs, c’est-à-dire des colistiers dont les voix peuvent aider à le faire élire à Uvira ».
La revanche de Laurent Nkunda
Pendant que le RCD a cessé d’être à l’Est, deux partis issus de sa mouvance s’installent et font preuve d’une réelle vitalité. Il a d’abord l’UCP d’Eugène Serufuli Ngayabaseka. C’est le parti qui regroupe l’ex-aile sociologique du RCD. Pour les scrutins de novembre, il a aligné du gros et du lourd, particulièrement dans le Nord-Kivu, Au total, ce sont 24 candidats qui sont alignés au starting-block au Nord-Kivu, et 8 au Sud-Kivu.
Mais il y a aussi le CNDP, Congrès national pour la défense du peuple, le mouvement fondé dans le maquis du Bwiza par le maître-guerroyeur Laurent Nkunda Mihigo, devenu parti politique classique depuis 2010. Tous les trublions venus du Rwanda pour prendre ses commandes - les Désiré Kamanzi, Jean Munyampenda - après l’entente entre Kinshasa et Kigali ont été dégagés. A la place, les vrais politiques se sont installés. Le parti a ainsi aligné un total de 15 candidats dans le Nord-Kivu. Parmi eux, l’homme d’affaires Emmanuel Kamanzi Runigi à Goma, mais aussi le sénateur indépendant Edouard Mwangachuchu à Masisi. Toute cette élite Tutsi du Nord-Kivu a tourné le dos à Ruberwa pour ce qui est considéré ici comme les trahisons trop nombreuses du président du RCD à l’endroit de Laurent Nkunda.
Tout commence avec l’opération sur Bukavu. A l’époque, fin mai-début juin 2004, «est Ruberwa, tout vice-président qu’il était, qui décide, depuis Bujumbura au Burundi, l’envoi d’un corps expéditionnaire sur la capitale du Sud-Kivu, en vue, selon lui, de mettre fin à la chasse aux Banyamulenge qui s’y produisait. Gouverneur du Nord-Kivu, Eugène Serufuli fait part de sa désapprobation, suivi en cela par le commandant-région, le général Obedi Rwibasira. Le choix sera alors porté sur Laurent Nkunda, officier en rupture de ban avec le gouvernement central. Ce dernier prit la route de Bukavu à la tête des bataillons issus des anciennes forces du RCD venus de Masisi. Mais devant la désapprobation générale que provoqua la chute de Bukavu, Ruberwa feignit l’innocent, et lâcha le chef insurgé. Devenu le pestiféré que nul ne veut défendre, Laurent Nkunda ne dut son salut qu’à des pérégrinations dans l’hinterland Masisi-Rutshuru où il s’installa, -et à ses succès militaires sur le terrain opérationnel. Après mille et une batailles victorieuses, il finit par conclure, en janvier 2007, un accord — un Gentlemen agreement —avec le président Joseph Kabila représenté à Kigali par le général John Numbi. En juin 2008, la mise en oeuvre de cet accord est compromise par une forte pression des députés du Nord-Kivu déchaînés. Nkunda veut faire entendre sa voix. Il sollicite Afrika TV, la chaîne télé d’Azarias Ruberwa qui dépêche une équipe dans son fief de Kirolwire. Une interview et un grand reportage sur la vie en territoire CNDP sont réalisés. Mais Ruberwa décida, subrepticement, de bloquer la diffusion de ces éléments sur sa chaîne. C’est Jean-Pierre Bemba, depuis son exil de Faro au Portugal, qui ordonna la diffusion de l’interview de Nkunda sur sa chaîne CCTV.
«Ruberwa voit tout sous le prisme de la lutte de leadership entre leaders Rwandophones. A l’évidence, il ne peut pas contribuer de quelque manière que ce soit à l’émergence de Laurent Nkunda qui a les qualités qui lui font défaut le charisme, le punch, l’éloquence. En plus, il est polyglotte et dispose d’une belle prestance physique, des faits qui peuvent lui attirer de la sympathie, même au-delà du Nord-Kivu», analyse alors un ancien du RCD, Il n’empêche, pour les Tutsi du Nord-Kivu, ce fut une déception de plus de la part de Ruberwa qu’ils accusent de n’avoir d’intérêt que pour les siens, les Banyamulenge du Sud-Kivu. A l’heure des comptes, il n’a plus personne au Nord-Kivu : après avoir perdu l’élite politique Hutu partie à l’UCP, il a également perdu la notabilité Tutsi qui a rejoint le CNDP.
Mulopwe wa ku Demba