15 Janvier 2010
Créé le 15.01.10 à 15h00
AFRIQUE REDACTION | ECONOMIE | RDC | Mis à jour le Vendredi |15.01.10 à 15h10 | Bonne année à tous et merci de votre visite !
La Banque centrale du Congo (BCC) compte dans ses coffres-forts des billets pimpants neufs de 1.000, 5.000 et 10.000 FC (lisez Francs congolais). La question qui brûle les lèvres de tous ceux qui apprennent cette information est celle de savoir pourquoi l’institut d’émission n’ose-t-il pas mettre en circulation ces coupures à valeur faciale très élevée fabriquées depuis un temps relativement long ? La BCC pourrait y répondre si elle le juge nécessaire. Toutefois, le débat est ouvert. Et enfin de compte, elle sera obligée de montrer patte blanche. Car, selon des informations glanées dans les milieux bancaires, des marchés et des services, il appert que des pressions se font pressantes concernant la quantité d’argent que l’on est obligé de transporter sur soi en termes de billets de banque frappés du sceau « FC ». Il s’agirait du transport du dollar US ou de l’euro que l’anxiété serait presque nulle.
Mon voisin de gauche me chuchote que la Banque des banques serait ballotée entre cette « realpolitik monétaire » et les craintes d’une hyperinflation qu’elle ne saurait brider. Surtout en ce moment précis où elle est désignée, dans le cadre de la relance du programme avec le FMI, comme un des pivots de la stabilisation du cadre macro-économique réputé très fragile.
Prudence ? Possible. La BCC ne voudrait porter le chapeau de fossoyeuse de l’économie congolaise et de tous les espoirs suscités récemment.
Pour mon voisin de gauche, le bourreau du cadre macro-économique n’est autre que le comportement du FC. La monnaie nationale perd la face de manière constante face au dollar américain, considéré en RDC comme unité de mesure. La mise en circulation des billets de banque à valeur faciale très élevée en cette période post-crise financière internationale et cadrant avec les négociations avec le FMI causerait le séisme du FC.
Par ailleurs, le comportement du FC aurait pris de court la BCC. Ayant perdu leur valeur sur le marché, à l’instar des pièces (depuis le lancement du FC en 1998) les coupures de 10 et 20 FC ne seraient plus comestibles. Elles subiraient une démonétisation de facto. Cela malgré l’implication des forces de l’ordre.
D’où leur rejet en ce que leur transport ne serait pas aisé quand il s’agit des transactions commerciales ou du paiement des travailleurs. D’ailleurs, il semblerait que l’institut d’émission ne serait plus en mesure de faire face au coût élevé de la fabrication de ces coupures à valeur faciale naine. A cette allure, la coupure de 50 Fc pourrait connaître le même sort. Bref, un mal+1 du FC.
Par Willy Kabwe
Coupures à valeur faciale élevée : la Banque centrale résiste à la pression des marchés
Le lancement des coupures de franc congolais à valeur faciale élevée est imminent. Mais, la primeur est réservée à la Banque centrale du Congo (BCC), autorité monétaire de la RDC. Pendant ce temps, sur les marchés (monétaire et celui des biens et services), l’urgence se fait sentir. Jusques à quand la Banque centrale résistera-t-elle à cette pression ?
Des coupures de franc congolais qui sont refusés dans les grandes villes du pays, des commerçants qui se réfugient derrière la devise américaine pour dénouer les grandes transactions à défaut de s’encombrer des masses de franc congolais. C’est le spectacle que l’on vit aujourd’hui dans les places d’échange de la RDC.
A Kinshasa, Matadi, Lubumbashi ou encore Bukavu et Goma, le spectacle est presque le même. Pour ne pas se promener avec des malles de franc congolais, les grandes transactions sont désormais faites en devises fortes, euro ou dollar américain. Ce qui renforce davantage la dollarisation de l’économie, les opérateurs économiques et les ménages, rejoints depuis quelque temps par l’administration - qui a indexé certains droits et taxes en devises – préférant se référer au dollar américain dans leurs différentes opérations.
La monnaie nationale perd de plus en plus son rôle d’intermédiaire au prfit d’autres devises plus sécurisantes et facilement mobilisables. Même stable en certaines périodes, les gens ont plus de préférence aux devises étrangères qu’au franc congolais. Le problème, c’est notamment la faible numération de la devise congolaise dont la coupure la plus élevée est celle de 500 Fc, équivalent à ce jour à environ 0,60 Usd.
Le refus de petites coupures de franc congolais (10 et 20 Fc), et bientôt celles de 50 Fc, relance le débat sur l’émission de grosses coupures de franc congolais. Le sujet a été maintes fois abordé par la Banque centrale du Congo qu’on en vide vraiment le contenu. Chaque fois qu’il a été soulevé, le débat s’est limité au danger d’une émission hasardeuse susceptible de raviver l’inflation.
LA CRAINTE
A la Banque centrale du Congo, plusieurs sources dont Radio Okapi confirment l’entreposage dans ses coffres-forts des coupures de 1.000, 2.000, 5.000, voire 10.000 Fc. La Banque n’attendrait donc plus que le bon moment pour dénoue les vannes. La mise en circulation de ces coupures reste toujours conditionnée par un certain nombre des préalables, dont les mesures d’encadrement pour éviter tout effet inflationniste.
Dans l’entre-temps, les tensions sont bien perceptibles sur divers marchés. La mauvaise monnaie chassant la bonne, le franc congolais s’efface dans les transactions cédant la place au dollar américain. L’attraction se porte de plus en plus vers les devises étrangères que la monnaie nationale. Les réalités du marché rendent difficiles l’usage de franc congolais dans les grandes transactions.
Tous les regards sont désormais tournés vers la Banque centrale du Congo. Cédera-t-elle finalement à la pression des marchés en émettant de grosses coupures de franc congolais ? Sur terrain, rien ne justifie une démarche contraire. Mais, à l’Institut d’émission, l’on préfère jouer à la prudence.
Toutefois, le contexte économique semble avoir complètement changé. Depuis décembre 2009, la RDC est formellement en programme avec le Fonds monétaire international. Ce qui pose l’obligation de se soumettre à un certain nombre de directives des services du FMI pour garantir la stabilité du cadre macro-économique.
UN ATOUT
Il y a cependant un atout majeur que la Banque centrale devait capitaliser. En effet, dans différentes interventions de ses experts de passage à Kinshasa, le FMI n’a pas marqué son opposition au projet d’émission de grosses coupures de franc congolais. Par rapport à la question, il a juste appelé le gouvernement à la prudence, l’invitant à s’entourer de tous les instruments de d’encadrement pour éviter tout effet perturbateur sur le cadre macro-économique.
Aussi le plus important parait-il de concilier les points de vue des uns et des autres en mettant en place un dispositif pour éviter que des pressions se traduisent directement sur les marchés en termes d’inflation ou de perte de pouvoir d’achat de la monnaie.
Il y a bien nécessité de mûrir la réflexion en imaginant tous les scenarii possibles pour éviter que l’économie ne sombre dans l’abime par l’effet d’une émission incontrôlée Ce qui serait d’un grand handicap pour le nouveau programmé économique du gouvernement soutenu par le FMI au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (Frpc).
Toutefois, il y a des signes qui rassurent. Car, depuis le troisième trimestre 2009, l’économie congolaise est sortie de la récession. Avec la conclusion en décembre 2009 d’un nouvel accord formel avec le FMI, 2010 augure de bonnes perspectives de croissance. Globalement, l’année 2009 s’est clôturée avec un taux d’inflation plus élevé que celui réalisé en 2008, soit 53,44 % contre 27,6 % et une dépréciation du taux de change de 30 % contre 21 % en 2008.
Pour rappel, lors du lancement du franc congolais en 1998, la valeur faciale la plus élevée était le billet de 100 Fc qui valait 72,46 Usd et qui ne vaut plus aujourd’hui que 0,22 Usd. Afin d’éviter la manipulation de trop grandes quantités de billets pour le dénouement des transactions financières et de lutter contre la dollarisation de l’économie, en octobre 2004, la Banque centrale avait mis en circulation, au compte-goutte, les billets de 200 FC. Au début de 2005 suivirent les coupures de 500 FC.
Par Faustin Kuediasala
Le potentiel