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26 Février 2015
En phase de déclin depuis quelques années déjà, la nouvelle vague de chanteurs de bikutsi a trouvé la nouvelle formule pour redorer le blason de cette musique originaire des régions Centre et Sud. Face à la « compétition » orchestrée par la musique ouest africaine (Nigéria, Ghana et Cote d’Ivoire), les bikutsi-singers ont donné la « riposte ». Découverte d’une recette avec Atangana Rufus, musicien bassiste, qui pour jovago.com, livre les secrets de ce come-back en puissance.
A l’origine jusque dans les décennies 1960-90, le Bikutsi, musique des peuples Beti, avait le vent en poupe tant au Cameroun qu’en Afrique. C’était l’un des rythmes musicaux tendances et identitaires de ce pays au travers duquel de grands noms ont été identifiés et reconnus comme étant des patrimones vivants : Les Têtes Brûlés ; Gilbratar Dracus ; Rantanplan ; Salla Bekono ; Opick Zoro ; Fam Ndzengue ; Mbabi Mfana ; Nkodo Sitony… Leur style musical, vibrant, enrichi se sonorité, message limpide, pur, puriste même. Cette particularité lui était concédée de par sa signifie radicale : le battement de la terre ; d’où le caractère « brutal » de la danse bukutsi.
Cependant au courant des années 2000, le bikutsi a été renversé comme par un coup d’Etat. Nombre de raisons explique l’effacement de cette musique et de sa danse sur la scène d’abord continentale et aussi mondiale. La prolifération des performers nigérians (Flavour, P-Square, Timaya, Two Face Idibia, Tiwa Savage…) et ivoiriens (mapouka, zouglou, surtout l’impactant coupé-décalé) ont trouvé une cible peu encrée aux anciennes valeurs bikutsi. Atangana Rufus, bassiste prolifique des années 70-80 explique : « C’est cette nouvelle vague musicale très appréciée par un public très jeune qui a pris le dessus. » Par ailleurs, le message véhiculé par la vague d’artiste des années 2000 a fortement « contribué à assassiner cette belle musique. Rien qu’à entendre les folies et inepties chantées dans ces chansons, il était clair qu’il subisse une razzia des rythme d’ailleurs ». En effet, le type de messages y chanté, a suffisamment dégradé les mœurs…
Mais, bien en marge de cela, le phénomène de la piraterie est venu endiguer le mal de manière générale et asphyxier non plus seulement le bikutsi, mais aussi d’autres rythmes. Selon Atanagana Rufus, « il y avait de quoi végéter ! La piraterie a profondément tué l’art musical au Cameroun et ce phénomène est toujours saillant ». Ce sont donc 10 années passées dans l’ombre que le bikutsi camerounais a connu, malgré des promotions poussées par les acteurs du secteur musical, le ministère des Arts et de la Culture ; du Tourisme ; des organisations privées telles www.jovago.com ; des mécènes…
Cependant, un revirement de situation s’observe depuis le début de la décennie 2010. Le Bukitsi a retrouvé son élan d’antan avec ce que des experts appellent « l’appropriation des cultures tierces ». « Vous appelez ça ‘’Featuring’’ et c’est ça la recette clé. Le registre et les messages n’ont pour la plupart pas changé, mais les rythmes ont été évolués si bien qu’on assiste à des mélanges assez étonnants de bikutsi avec du r’n’b, du makossa, du rock, de l’Afro-folklore », s’explique Rufus. Compter avec la nouvelle génération est devenu la clé d’un bikutsi renaissant. Des artistes comme Mani Bella, Coco Argentée, Espo 2 Benz, Dynastie le Tigre, Lady Ponce, Richard Amougou, Ledoux Marcelin… en sont quelques exemples. Cumulé à cet, l’inclusion d’artistes étrangers et le marketing stratégique mis en place, la musique est devenue plus dynamique. « Ils cherchent à connaitre ; ils voyagent ; ils découvrent et ça ouvre l’esprit », assure Rufus. Typique aux peuples du Centre et du Sud, la danse bikutsi, à l’origine ancestrale, était exécutée pour résorber les douleurs, atténuer des maux et apaiser des souffrances. Aujourd’hui, tel un phœnix, il semble renaitre de ses cendres.