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Actualité Aux Etats-Unis, la francophobie n’a pas disparu

Crée le 14-02-2014  - 06H30 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE  PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE, AFRICAINE ET INTERNATIONALE Mis à jour vendredi le  14-02-2014 - 12H40 PAR :LE POTENTIEL


Selon un sondage Gallup, la cote de la France aux Etats-Unis atteint 78 % d’opinions favorables. Un regain d’amour qui n’efface toutefois pas la vieille rancœur que nourrit la société américaine à l’encontre des Frenchies.

Depuis 1991, [l’institut de sondage] Gallup demande aux Américains ce qu’ils pensent de la France. Les Américains sont généralement bien disposés à l’égard des autres démocraties libérales de l’Ouest. Mais, en 2003, après l’opposition de la France à la guerre en Irak, seuls 34% des Américains disaient avoir une opinion favorable de l’Hexagone. Soit, à peu de chose près, le score de l’Arabie Saoudite ou de Cuba.

Il aura fallu plus de dix ans, mais la cote d’amour de la France aux Etats-Unis a fini par se redresser complètement pour atteindre le chiffre considérable de 78 % d’opinions favorables. Soit (beaucoup) plus du double de son plus bas historique. Son président, François Hollande, a d’ailleurs semblé  faire allusion à cette embellie en glissant un bon mot mardi soir [le 11 février] au dîner officiel de la Maison-Blanche : « Nous aimons les Etats-Unis et vous aimez les Français, mais vous ne le dites pas toujours parce que vous êtes timides ».

L’HUMOUR ETHNIQUE ANTIFRANÇAIS

Les dispositions des Américains à l’égard de la France ont-elles vraiment changé ? Je n’en suis pas sûr. Les plaisanteries sur les Français – une forme d’ « humour ethnique » qui serait un motif de licenciement si elle faisait référence à tout autre peuple mais qui est largement acceptée aux Etats-Unis – existaient bien avant 2003 et l’affaire des « freedom fries ».

Même dans les années 1990, à l’époque où les Américains affichaient des opinions très positives à l’endroit de l’Hexagone, la francophobie était loin d’avoir disparu. Les Simpson ont parfaitement résumé l’opinion américaine vis-à-vis de la France en 1995 en traitant les Français de cheese-eating surrender monkeys [littéralement : singes capitulards bouffeurs de fromage], une locution qui est restée depuis et qui a même fait son apparition à deux reprises dans le dictionnaire de citations Oxford.

En 1945 déjà, l’armée américaine distribuait des brochures aux soldats sur le point de débarquer en France, intitulée « 112 gripes about the French » [112 griefs à l’endroit des Français] et censée endiguer une francophobie jugée endémique.

Comme je l’ai écrit dans The Atlantic dans un article paru en 2012 – inspiré par les commentaires politiques selon lesquels Mitt Romney avait commis une grave erreur en glissant, au détour d’une phrase, que la France était un pays agréable – l’hostilité des Américains à l’égard de la France et des Français est si profondément enracinée - et si déroutante - qu’elle a donné naissance à une microlittérature universitaire visant à en établir l’origine.

IL NE PEUT Y AVOIR QU’UN NUMERO UN

Certains de ces travaux soutiennent que les éléments censés rapprocher la France et les Etats-Unis - des valeurs culturelles partagées, des régimes politiques quasiment identiques, un passé militaire commun au Vietnam et dans les guerres mondiales - ne font en réalité que creuser le fossé qui les sépare.

Les systèmes politico-culturels américain et français sont universalistes, ce qui veut dire que chacun de nous part du principe que son système est si parfait que le reste du monde devrait l’adopter. Et nos deux pays se posent en inventeurs et en champions de ces idéaux démocratiques. Or, il ne peut y avoir qu’un seul numéro un. Etant fondamentalement exclusifs, les postulats français et américains peuvent entraîner un sentiment très réciproque de rancœur et de dédain. La paternité de cette thèse dite « des deux universalismes » est attribuée aux universitaires français Pierre Bourdieu et Stanley Hoffman.

L’historien [français] Justin Vaïsse, à l’inverse, défend l’idée que c’est l’absence de communauté franco-américaine forte et soudée qui explique l’enracinement profond de l’hostilité antifrançaise des Américains. Si l’on éprouve aussi peu de honte à brocarder les Français, analyse-t-il, c’est parce qu’il n’y a pas grand monde qui en prendrait ombrage aux Etats-Unis.

THE WASHINGTON POST

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