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4 Août 2014
Crée le 04-08-2014 - 11H05 | AFRIQUE
REDACTION | REDACTEUR EN CHEF
: ROGER.. BONGOS | SITE
PANAFRICAIN |ACTUALITE NATIONALE
AFRICAINE INTERNATIONALE
. Mis à jourlun
lundi le 04-08-2014 -12H10 PAR :FORUM DES AS
Des milliers des Kinois se sont rendus vendredi 1er août dans des cimetières où sont enterrés leurs proches pour entretenir les tombes. Une façon pour eux d’avoir une pensée pieuse en mémoire des disparus.
Sur place, l’émotion est au comble. Des familles entières fondent en larmes ça et là. Tant de peine à voir. Mais tous ne pleuraient pas. Car au milieu de ce beau monde, il y avait aussi des travailleurs occasionnels, hommes, femmes et enfants désœuvrés, venus pour gagner un peu d’argent en échange de services qu’ils proposent : défricher, refaire la couche de chaux, renouveler les écriteaux sur les croix, apporter de l’eau, des briques… Dans certaines allées du cimetière, un véritable marché où l’on trouve un peu de tout, s’est installé. Un tour au cimetière « Tuna nzoto » de Kinkole dans la commune de la Nsele.
Tôt ce matin du 1er août, un engouement particulier a été constaté sur la route qui mène au cimetière « Tuna Nzoto » de Kinkole dans la commune de la Nsele à l’Est de Kinshasa. Créant même des embouteillages sur les 2 fois quatre voies de la route nationale N°1.
Un engouement qui n’est pas dû au fait que les gens soient en train d’aller enterrer leurs proches, mais plutôt se recueillir sur leurs tombes à l’occasion de la commémoration de cette journée nationale dédiée non seulement aux parents, mais aussi aux morts. Au cimetière de Kinkole, dès l’entrée du site, le décor est tout planté. Le rendez-vous n’est pas seulement celui des personnes venues rendre hommage à leurs proches morts, mais aussi des vendeurs d’objets funéraires liés à cette circonstance : bouquets ou couronnes de fleur, croix, vin de palme, et tant d’autres petits trucs servant à orner des tombes.
A chaque arrivée d’un nouveau bus, à peine les passagers ont un pied à terre qu’ils sont envahis par ces vendeurs dont certains les suivent jusqu’au cimetière. Une fois sur place, des familles sont face à des groupes de jeunes gens voire de personnes âgées sans emploi qui veulent gagner un peu d’argent en proposant leurs services : le défrichage, le lavage ou un simple coup de balai ou encore remettre une couche de la chaux, renouveler l’écriteau. Ces services, d’autres le proposent à la criée. Un bidon de 5 litres est vendu à 500 FC, il faut débourser 3000 FC pour remettre une couche de la chaux, 3000 FC également pour l’écriteau, pour remplacer une croix cassée, il faut sortir 25 dollars. Un simple coup de balai revient à 200 FC, le défrichage coûte entre 700 et 1000 FC à la famille qui sollicite ce service. « C’est ma troisième année de suite que je viens chercher de l’argent au cimetière comme peintre. A la fin de la journée, je peux m’en tirer avec 20 ou 30 dollars », affirme Matthieu, 40 ans. Un sceau de chaux dans la gauche, une brosse dans la main droit, Matthieu va de tombe en tombe offrir son service. Mais tous n’ont pas la chance de Matthieu. D’autres rentrent bredouillent car certaines familles ont tout apporté et font tout elles-mêmes.
Un long balai sur l’épaule gauche, une machette dans la main droite, Mfumu Nani, 50 ans révolus, arrivé depuis 7h00 au cimetière n’a encore rien trouvé. Père de 6 enfants, il est venu avec sa femme « chercher de l’argent au cimetière pour avoir de quoi manger à la maison ». Mais trois heures plus tard, il est toujours sans-le-sou. « C’est pour ma première fois de chercher du travail dans un cimetière », confie-t-il. Comme Mfumu Nani, elles sont nombreuses les personnes qui ont effectué le déplacement du cimetière de dans l’espoir de gagner un peu d’argent. Elles sont de tous âges. Beaucoup cependant ont buté au refus de certaines familles qui avaient amené quelques gros bras pour faire le travail.
Chaussé des lunettes vu clair, pantalon jeans remonté à mi-jambe, Jacques Bangela, 25 ans, s’attaque aux mauvaises herbes qui ont envahi la tombe de sa tante maternelle. Il a 3 membres de sa famille qui sont enterrés dans ce cimetière. Et depuis 2003, Bangela n’a jamais manqué le rendez-vous du 1er août pour mettre de la propreté sur les tombes des siens. Séminariste chez mes Marianistes, il dit faire cela en souvenir de l’amour qu’il a pour ses défunts proches.
A quelques pas du futur prêtre, une dame venue de la commune de Kasa-Vubu fait remettre la couche de chaux sur la tombe de son mari décédé en 2010. Bras croisés, assise devant la tombe de son mari le regard fixé sur la croix, elle fond en larmes, dit des paroles inaudibles à l’endroit de son mari. Elle donne de la peine à regarder. Au même moment, des cris de pleurs se font entendre un peu partout sur le cimetière. « Serge mon fils, tu es parti trop tôt, à qui as-tu laissé ta pauvre mère… » dit une autre maman en pleurant.
A cause des herbes qui ont repris droit de cité à certains endroits, certaines familles n’ont pas pu retrouver les tombeaux des leurs. Beaucoup erraient ça et là avec des bouquets de fleur en main sans retrouver où étaient enterrés leurs proches.
Le hic, les cimetières, pour la plupart, n’attendent que la journée du 1er août pour se voir être entretenus.
Pour la plupart du temps, les cimetières de la capitale sont abandonnés et les services de l’Etat commis à leur entretien ne fonctionnent pas et peut-être, n’existent plus. Des familles en colère expliquent à Forum des As que « l’entretien revient normalement à l’Hôtel de ville ». Car indiquent-elles, les frais alloués à l’enterrement sont reversés à l’Hôtel de ville de Kinshasa.
Les familles qui viennent avant le 1er août le sont souvent montrer les tombes à leurs enfants. Mais celles qui viennent le 1er août apportent bien sûr des bêches, des houes pour entretenir directement. . Le cimetière est envahi par des herbes et certains tombeaux sont cassés. Le respect dû aux morts doit être une règle d’or, et les autorités doivent y veiller, a indiqué un des visiteurs du site venu s’incliner sur la tombe d’un proche.
Les bourgmestres de la capitale qui ont des cimetières dans leurs municipalités, devraient veiller à l’entretien permanent de ces sites en programmant, par exemple, le désherbage, éventuellement l’abattage des arbres ainsi que le chaulage des tombes afin de leur restituer un plus commode aspect. Didier KEBONGO