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8 Juin 2010
Créé le 08-06-2010 à 06h30 | AFRIQUE REDACTION | ASSASSINAT |RDC | Mis à jour le mardi 08-06-2010 à 16h30 Par :CONGONEWS
Des têtes sont tombées à la suite de l’ignoble assas¬sinat de Floribert Chebeya. Le Général John Numbi a été suspendu, le 5 juin, de ses fonctions d’inspecteur géné¬ral de la police et le colonel Daniel Mukalay, le numéro 2 des services spéciaux de la police, mis aux arrêts le même jour. Bien de gestes pour prouver la bonne foi de Joseph Kabila. Pas suffisant, jugent les activistes des droits de l’homme qui s’ap¬prêtaient à demander la dé¬mission du Général Jean de Dieu Oleko, le patron de la police dans la ville de Kins¬hasa, sitôt l’autopsie opérée sur le corps de Chebeya. «Le Général Oleko a menti. Ce qui trahit une complicité. Il ne pourra pas ne pas payer comme les autres», a af¬firmé, à «CONGONEWS», une des figures de proue du mouvement droidelhom¬miste en RD-CONGO. Oleko s’était empressé de faire passer l’assassinat de Che¬beya pour un crime pas-sionnel, affirmant que la dé¬pouille ne portait «aucune trace de violence».
Ce qui a été démenti quand la famille a eu accès à la morgue de l’Hôpital général de Kinshasa, le 3 juin. La fa-mille a découvert le visage d’un Chebeya tuméfié à l’oeil gauche avec un cou enflé qui laisse supposer une mort par strangulation. Diantre! Où donc Oleko était-il allé trouver que le corps de Che¬beya ne portait aucun signe de maltraitance? «C’est sim¬ple à comprendre. Le Géné¬ral Oleko n’a rien fait d’autre chercher à effacer les tra¬ces», accuse le même ac¬tiviste. Un fait grave étant donné que l’assassinat s’éta¬blit avant, pendant et après la commission de l’infraction. Avant, c’est la planification qui implique un ou des com¬manditaires. Pendant est le moment de l’exécution, du passage à l’acte. L’après concerne tout acte ou geste posé dans l’intention d’effa¬cer les traces.
Impardonnable
Quiconque a participé à un de ces trois niveaux est pas¬sible des poursuites pour «association des malfai¬teurs». Oleko est donc... Des activistes des droits de l’homme entendent lui de¬mander sur quel rapport de ses services avait-il fondé ses déclarations. Si ces pro¬pos lui avaient mis dans la bouche ou s’il a été manipu¬lé, il faudra qu’il dise par qui. «Oleko a commis un crime plus grave que ceux qui ont assassiné Floribert Chebeya. Il a cherché à salir la mémoi¬re d’un homme pourtant no¬ble et digne comme Chebeya et à jeter l’opprobre sur sa famille. C’est impardonna¬ble», fulmine la même sour¬ce avec le trémolo dans la voix. Même si Kabila a lâché Numbi, les activistes n’en¬tendaient pas lever le pied quant à l’exigence de la mise en place d’une enquête mix¬te et indépendante. Une exi¬gence soutenue partout en Occident, depuis les Etats- Unis jusqu’au Canada très remonté contre Joseph Ka¬bila à cause de la rupture de la convention minière avec la multinationale canadienne First Quantum. Rien d’autre ne les rassurera, surtout pas l’ouverture d’un comme an¬noncé par le Procureur gé¬néral de la République, lors d’une conférence de presse réunie le 7 juin. Derrière l’exigence d’une enquête internationale se profile un dilemme cornélien. Si Kabila s’y oppose, le raccourci sera vite trouvé de lui montrer du doigt dans toutes les capita¬les occidentales qui parais¬sent avoir saisi le prétexte pour régler les comptes à un «protégé» qui leur a tourné le dos au profit de la Chine.
S’il accepte, il fera à son tour une expérience du genre Commission Kofi Atsou Ame¬go dépêchée, en RD-Congo, en 1997, pour enquêter sur le massacre présumé des ré¬fugiés hutus pendant l’avan¬cée de l’AFDL. Le champ d’action de la commission avait été la première pom¬me de discorde entre les Na¬tions-Unies et Laurent-Dé¬siré Kabila. La mission finira par être arrêtée et Kinshasa frappée d’ostracisme sur la scène internationale. La sui¬te, tout le monde la connaît.
Un feuilleton pas loin de la disgrâce du Maréchal Mobu¬tu qui commence en 1990, sitôt après la démocratisa¬tion du 24 avril 1990, avec le fameux massacre de Lubumbashi. C’est dire que les Occidentaux ne lâche¬ront pas ce qu’ils tiennent avec le meurtre de Chebeya. D’ailleurs, Philip Alston, rap-porteur spécial sur les exé¬cutions extrajudiciaires des Nations-Unies, avait estimé, le 4 juin, «vraisemblable» la participation du gouver¬nement congolais dans cet assassinat. A qui sait com¬prendre demi mot suffit. Qui sait comprendre ne peut pas ne pas se demander quelles sont les chances de connaî¬tre, le 30 juin prochain, une célébration du cinquantenai¬re de l’indépendance natio¬nale apaisée. Avec l’annonce des funérailles de Chebeya programmée le même jour, le doute risque de s’instal¬ler chez nombre des hôtes, même si l’amabassadeur de Belgique à Kinshasa a ras¬suré que le voyage du Roi Albert II n’était pas annulé. En vertu du rapport de force, les activistes des droits de l’homme ont très de chance d’imposer leurs funérailles le jour même de la commé-moration du jubilé d’or de la RD-Congo. Qu’importe pour eux. Ce qu’ils visent, c’est juste de vicier l’athmosphè¬re. Mais si d’aventure, ils ve¬naient à braver un probable quadrillage de la ville, il y a à craindre qu’un nouveau deuil ne vienne ternir la fête. Il était difficile d’obtenir un changement d’attitude de la part des ONG des droits de l’homme sur un incident qui est venu briser le fragile consensus national. Kabi¬la, de son côté, n’avait rien entrepris sauf une visite de Pierre Lumbi, conseiller spé¬cial du chef de l’Etat en ma¬tière de sécurité, à la famille éprouvée. Certains pensent que la seule façon de se sau¬ver pour Kabila, c’est de dire son mea culpa en rapport avec les aveux de Mukalay et de changer radicalement l’orientation du régime: ac¬célérer la mise en place d’un Etat de droit et l’assainisse¬ment du climat des affaires, s’engager à enrayer la cor¬ruption et en même temps lever les malentendus en¬tretenus dans les capitales occidentales. Si rien n’est fait, les ONG de droits de l’homme passeront inévi¬blement à une ou d’autres exigences plus radicales. Avec la bénédiction de l’Oc¬cident tenté par l’idée d’un nouveau schéma. D’ailleurs, trois chefs d’Etat de la ré¬gion en ont parlé avec Ni¬colas Sarkozy en marge du dernier sommet France-Afri¬que, fin mai, à Nices, selon «LE CANARD ENCHAINE», l’hebdomadaire français le plus connu dans le monde dans le genre satyrique.
H.M. MUKEBAYI NKOSO