Il y a pratiquement un an, jour pour jour, Dubaï annoncait la construction de la plus haute tour du monde (1 kilomètre) au sein d'un nouveau quartier d'affaires. Aujourd'hui, l'émirat doit faire face à une grave crise de liquidité. L'annonce a été un coup de tonnerre. Dubaï, vitrine des Emirats-Arabes-Unis (EAU), ne peut plus payer ses créanciers.
L'économie de Dubaï
Au pays de l'or noir, Dubaï n'a ni pétrole ni gaz. A une centaine de kilomètres, l'émirat voisin d'Abu Dhabi en regorge (les deux émirats font partie d'une fédération de 7 émirats disposant chacun d'une large autonomie, les Emirats arabes unis, EAU).
Dubaï - 30% du PIB de la fédération - a donc tout misé sur le développement du commerce maritime, de l'immobilier, des services financiers, du tourisme (compagnie aérienne Emirates) et des loisirs, le tout dans une cité-Etat entourée par le désert. Dubaï profite surtout de son positionnement géographique sur le Golfe persique. Dubai Port World est le quatrième opérateur portuaire mondial.
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Les Emirats-Arabes-Unis |
Endettement massif
Mais l'émirat a dû recourir massivement à l'endettement pour financer une croissance spectaculaire. Le montant de ses dettes souveraines s'élève à 80 milliards. Dubaï s'est aussi endetté auprès d'Abu Dhabi dont les banques ont souscrit pour 5 milliards d'obligations.
La crise a ébranlé le modèle de développement de Dubaï en frappant tous les secteurs économiques qui faisaient sa fierté: chute du commerce maritime, effondrement du tourisme et du trafic aérien, baisse de l'immobilier, rapatriement des capitaux étrangers, faibles performances du fond souverain de Dubaï...
Symbole de ce coup d'arrêt: les projets immobiliers gigantesques ont dû être stoppés ou freinés, le promoteur immobilier Nakheel a licencié à l'automne 15% de ses salariés, le promoteur Meraas a gelé son projet immobilier de 95 milliards de dollars (Jumeira Gardens).
Abu Dhabi, la prospère
Heureusement, le grand frère, l'émirat d'Abu Dhabi, reste très prospère et peut le secourir. Une solidarité fiscale existe entre les émirats.
Abu Dhabi réalise 91% de la production d'hydrocarbures et 60% du PIB de EAU. En 2008, les revenus tirés des exportations d'hydrocarbures des EAU s'élevaient à 110 milliards de dollars, selon le FMI, et devraient atteindre 80 milliards de dollars.
Au total, les EAU devraient présenter un excédent budgétaire de 9,3% du PIB en 2009, selon les perspectives économiques du FMI quand tous les pays de l'OCDE s'orientent plutôt vers des déficits d'un montant inverse.
Selon les notes de juin 2009 de Bercy sur les Emirats, "les fondamentaux demeurent solides, le stock d'épargne devrait permettre de faire face aux besoins, la filière hydrocarbures est puissante, la diversification de l'économie est engagée de longue date, dans des secteurs porteurs (énergies renouvelables notamment)".
Comme Dubaï, Abu Dhabi se prépare à l'après-pétrole en développant son industrie, l'éducation et le tourisme culturel (Le Louvre, le musée du Guggenheim, l’université de La Sorbonne). Avant la crise, les EAU ont ainsi connu un cycle de croissance spectaculaire. Le PIB a triplé entre 2002 (73,5 milliards de dollars) et 2008 (268 milliards) et le revenu par habitant a doublé sur la même période passant de 22.000 dollars par an à 41.900 dollars.
Il n'en reste pas moins que la bulle de Dubaï a éclaté et cette situation rappelle le scénario islandais. Sauf que l'émir de Dubaï, cheikh Mohammed Ben Rachid Al-Maktoum, pourra faire appel à Abu Dhabi.