Elections présidentielle: Tshisekedi démarre sa campagne électorale à l’Est pour la boucler au Centre, chez lui

4 Novembre 2011

Il a choisi d’embrasser l’Est du pays par Kisangani, chef-lieu de la province orientale. C’est dans cette ville-martyre – débaptisée ville-espoir qu’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, président national de l’UDPS, Union pour la démocratie et le progrès social lance sa campagne électorale. Selon le programme annoncé par lui-même au cours d’un entretien téléphonique aux antennes de RLTV, Radio télévision Lisanga, Tshitshi va fouler le sol de Kisangani d’ici la fin de cette semaine.

De Kisangani Boyoma singa mwambe, le vieil opposant amorcera sa tournée électorale dans tout l’Est avant de revenir dans la capitale, puis faire l’Ouest et boucler la boucle par le centre, son terroir. « Le déplacement ne posera aucun problème », a-t-il affirmé, il en a les moyens. Bien avant le retour au pays du Sphinx de Limete, l’UDPS son parti, a déjà ouvert le bal dimanche, le 30 octobre, au stade Tata Raphaël de Kinshasa. Ici, le tout jeune secrétaire national, Me Jacquemin Shabani Lukoo, a donné les contours et les atours du choix à porter sur leur candidat pour la « concrétisation des idéaux de trente années de lutte » pour un Etat de droit.

Pour revenir à Tshisekedi, l’homme dévoile lui-même, partir de l’Afrique du Sud où il séjourne depuis la fin de son dernier périple euro-américain, les secrets de sa campagne électorale. Interrogé sur ce qui bloquait encore son retour au pays alors que la campagne a déjà démarré, on dirait à l’américaine, avec pompe, le plus vieux candidat de l’opposition a indiqué qu’il devait finaliser des pourparlers avec l’ANC, African national Congress, un parti membre de l’international socialiste comme l’UDPS. Est-ce dire qu’en cas de victoire, l’UDPS qui s’est battu pendant plus de trente années pour « un Etat de droit », entend calquer le modèle de l’ANC de Nelson Mandela qui avait, lui aussi, mener plusieurs années de lutte contre le régime de l’Apartheid avant d’accéder au pouvoir?
Rien n’est moins sûr. Martin Fayulu, l’un des ceux qui soutiennent la candidature de Tshisekedi s’est voulu plus explicite sur cette réponse de son « mentor».
Pour le président de l’ECidé, « Le Congo doit jouer son rôle en Afrique centrale comme le joue l’Afrique du Sud, le Nigeria en Afrique de l’Ouest et l’Egypte en Afrique du Nord ».
Seulement, au Congo démocratique les moyens pour battre campagne différent grandement des autres. Outre le candidat Kabila qui dispose de l’avion présidentiel, d’autres candidats risquent de ne pas visiter certains coins du pays, faute d’avions.
D’ailleurs, il ne reste plus que les vols CAA, Compagnie africaine d’aviation, dont les appareils, selon toute vraisemblance, seraient déjà pris en location par un camp. Que faire ? Tshisekedi rassure ses combattants. «J’ai trois avions : un Boeing, un Jet et un hélicoptère », a-t-il dit. C’est dire qu’en principe, le problème de transport ne devrait pas se poser pour lui et toute sa suite pendant cette campagne. Tout comme son état de santé, contrairement à ceux qui le donnent pour malade au Pays de Nelson Mandela.
Afin que nul n’en ignore et n’en doute, « L’homme de la 12ème Rue» annonce un agenda très chargé que seul un vertébré ne peut réaliser, prévoyant des meetings et contacts à Kisangani, Isiro, Buta, Bunia, Isangi... (Province Orientale) ; Butembo, Beni, Goma... (Nord-Kivu) ; Bukavu (Sud-Kivu)
Kindu (Maniema) et Kalemie, Manono, Moba au Nord Katanga, avant de regagner Kinshasa. Après une courte halte dans la capitale, Tshisekedi sera à l’assaut du Bas-Congo, le Bandundu, l’Equateur et les deux Kasaï. Comme promis lors de sa tournée au Katanga, en juillet dernier, il votera à Kabongo, au Katanga.
Lauréat du « Prix africain de paix» Il n’est pas allé faire du tourisme en Afrique du Sud. Lundi le 26 octobre 2011, Etienne Tshisekedi wa Mulumba a été proclamé lauréat du « Prix africain de la paix », édition 2011, dénommé « Michael Cassidy Peace Award ». Cette distinction honorifique lui a été décernée par l’Ong « Christian Peace for Africa». La cérémonie de remise du prix a eu pour cadre la place Museum Africa, à Johannesburg, en .Afrique du Sud, en présence de ses proches. Fait non moins important, c’est que Tshisekedi a devancé sur le podium l’ancien président du Mozambique, Joachim Chissano, classé en seconde position.
Ce prix, qui tombe à pic juste à l’ouverture de la campagne électorale ne pourra que conforter la position de cette candidature qui pèse lourde dans les rangs de l’opposition.
D’ailleurs, selon les responsables de Christian Peace for Africa, le prix « Michael Cassidy Peace Award» a récompensé la précieuse contribution de l’opposant congolais à la promotion de la paix et de la démocratie. Non seulement en République démocratique du Congo, mais aussi à travers toute l’Afrique. Ils ont ainsi salué le long combat politique du « Mandela congolais» pour la fin de la dictature et le retour de l’Etat de droit dans son pays, le Congo. Sa longue lutte non violente, depuis 1982, pour l’émergence de la démocratie dans l’ex-Zaïre, sa contestation pacifique de la dictature de Mobutu sous la Conférence nationale souveraine, son travail de revendication pacifique du changement démocratique, essuyant au passage de nouveaux revers en termes de relégation sous M’Zée Laurent Désiré Kabila... Même lorsque plusieurs mouvements rebelles se sont dressés contre le pouvoir des Kabila, père et fils, entre 1998 et 2003, Tshisekedi s’est gardé de prendre les armes et ne s’est jamais découvert une âme de belligérant.

Une armée de “Kuluna” kinois amenée à Kisangani
Pendant que Tshisekedi, de la lointaine Afrique du Sud où il se trouve, annonçait son programme de campagne, des milliers de combattantes et combattants de l’UDPS ont pris part, dimanche 30 octobre, au lancement officiel de la campagne électorale. Tous les cadres du parti étaient réunis autour du secrétaire général, Me Jacquemin Shabani Lukoo. C’était surtout l’occasion tout indiquée pour les candidats UDPS à la députation nationale de se manifester en public avant d’al1er, chacun, dans sa circonscription électorale respective.., afin que, le moment venu, aucune confusion ne s’installe dans le choix à porte] dans l’isoloir.
Le secrétaire général de l’UDPS indiqué que la campagne qu’il venait de lancer était conforme à la volonté de son président. Elle se doit donc d’être pacifique et se dérouler dans l’unité, aussi bien du pays que de l’opposition. Il a demandé à tous les militants de « rester vigilants » et de traquer sans concession toute tricherie et toute duplicité durant c processus électoral. Il les a conviés à rester confiant, car la victoire d son leader est certaine. Mais au moment où nous mettons sous presse, des sources de la capitale de la Province orientale renseignent que des “Kuluna”, ce voyous bagarreurs de Kinshasa, on été amenés, par un parti politique bien connu, à Kisangani afin de perturber le cortège de Tshisekedi. Si cette information était avérée elle pourrait mettre le feu aux poudres dans une campagne que tous souhaitent pacifique.
Ricardo NYENGELA