26 Janvier 2012
Le président de la BAD exprime son optimisme pour les économies africaines
Au moment où la Banque mondiale annonce dans ses prévisions un ralentissement de l’économie mondiale suite à la crise dans la zone euro et l’affaiblissement de la croissance dans les économies émergentes, les pays en développement, notamment africains, doivent se préparer à affronter des chocs exogènes. Le plus difficile est peut être devant nous. En dépit de ces perspectives sombres de l’économie mondiale, le président de la BAD, Donald Kaberuka, a exprimé son optimisme en ce qui concerne les économies africaines. Il l’a fait lors d’une réception offerte aux ambassadeurs des Etats membres de la BAD à l’occasion du déjeuner du nouvel an. La réception s’est déroulée le lundi 23 janvier à l’hôtel Mövenpick à Gammarth, à Tunis.
Selon les informations disponibles, Kaberuka a rassuré les diplomates que, malgré la crise économique, la BAD jouit d’une bonne santé financière, et que ses politiques demeurent saines et prudentes. Le président Donald Kaberuka a indiqué que la BAD est toujours capable, malgré les tensions du marché, d’accéder aux capitaux à des taux très compétitifs. Il a relevé le succès d’un emprunt obligataire d’un milliard de dollars EU sur cinq ans, lancé par l’institution un peu plus tôt ce mois. En ce qui concerne le bilan de l’année 2012, il a fait savoir que les concours financiers de la Banque pour le développement de l’Afrique en 2011 sont chiffrés à un total de 6,2 millions de dollars EU.
En ce qui le concerne, Kaberuka a fait part de son optimisme pour les économies africaines, en dépit des difficultés économiques du moment et de la crise actuelle de la zone euro, qui affecte singulièrement les pays d’Afrique du Nord. La région Afrique du Nord traverse une phase critique et a plus que jamais besoin de l’appui de la communauté internationale. La BAD travaillera d’arrache-pied pour contribuer à restaurer pleinement la confiance dans l’économie de la région, a souligné le numéro un de la BAD.
Pour une gestion saine des ressources naturelles
« Le président a salué les signaux clairs que le gouvernement tunisien a envoyés sur son avenir : celui d’un gouvernement stable et structuré, ayant un plan cohérent pour aller de l’avant. Le président a mis l’accent sur la croissance inclusive comme élément capital dans la stabilité de l’Afrique, face surtout à la persistance, de tant d’inégalités sociales », souligne le communiqué de presse publié par la BAD. Ce communiqué renchérit que le président a également parlé de l’importance d’une croissance verte responsable, au moment où l’Afrique veut relever les lourds défis du changement climatique. Il a aussi souligné la nécessité de la bonne gouvernance et l’importance d’une gestion saine et transparente des ressources naturelles.
Dans son adresse, le président de la BAD a également fait allusion aux perspectives électorales du continent. Il fait observer qu’il y aura de nombreuses élections présidentielles en Afrique en 2012. Il est absolument nécessaire, à cet égard, d’éviter les violences post électorales et de veiller à la transparence dans la gestion des processus post électoraux. D’autant plus que la stabilité politique et la paix ont une incidence heureuse sur la situation économique et le développement du continent africain, un espace meurtri par la persistance des conflits et la pauvreté. Les violences électorales ont fait beaucoup de mal à la situation économique globale du continent.
Pour mémoire, en 2011 la croissance économique en Afrique subsaharienne aura été vigoureuse, soit un taux de 4,9 %.Dans un contexte où l’économie mondiale a fait face à la crise de la dette dans la zone euro et aux Etats Unis. En 2012, cette croissance économique devrait culminer à 5,3 %. En 2013, la croissance devrait atteindre un pic de 5,6 %. Toutefois, en cas d’une récession dans la zone euro ces prévisions pour la croissance en Afrique au sud du Sahara peuvent être remises en cause. Une telle évolution va impacter les exportations de marchandises, les investissements directs étrangers(IDE), les recettes provenant du tourisme, les cours des produits de base, les envois de fonds par la diaspora africaine,…
Pour consolider sa croissance économique et réduire la pauvreté, l’Afrique peut compter notamment sur le concours financier et technique de la BAD, une institution financière régionale certes, mais crédible qui a une notation AAA depuis plusieurs années, sous la présidence de Donald Kaberuka. En RDC, par exemple, la BAD intervient dans plusieurs opérations, entre autres, pour la réhabilitation de la centrale hydroélectrique d’Inga, les études sur le pont route-rail entre Kinshasa et Brazzaville et le chemin de fer Kinshasa-Ilebo, la fourniture d’eau en milieu rural, la modernisation des infrastructures aéroportuaires en faveur de la RVA, le renforcement des capacités des cadres dans la Fonction publique, l’appui financier pour la relance de la SNCC, l’appui à la balance de paiement pour faire face à la crise financière internationale, le financement des réformes structurelles pour faciliter l’accès de la RDC au Point d’achèvement de l’Initiative pays pauvres très endettés,…
Fonds pour la migration et le développement
Du côté de la BAD, les choses sérieuses pour booster le développement et l’économie africaine ont commencé cette année 2012 très tôt. Dès ce mois de janvier 2012, le Comité de supervision du Fonds pour la migration et le développement a approuvé une série de subventions s’élevant à 1,4 million d’euros octroyés à six projets de développement local soutenus par les transferts de fonds des migrants à travers le continent africain. « Six initiatives du Maghreb et d’Afrique de l’Ouest, en Algérie, au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Maroc, au Togo et en Tunisie ont donc obtenu l’appui de ce Fonds. Quatre sont situées au Maghreb et soutiennent l’investissement privé et mettent en œuvre des activités de renforcement des capacités soutenues par la diaspora. L’objectif est de développer l’entrepreneuriat local et les petites, moyennes et micro-entreprises dans les zones défavorisées et rurales afin d’améliorer l’accès à l’emploi des jeunes et des femmes. En Côte d’Ivoire, l’initiative a pour but de promouvoir la responsabilité sociale des entreprises ». Cette information a été livrée dans un communiqué de presse publié par cette institution. Le projet portant sur une zone couvrant à la fois le Bénin et le Togo vise à développer de nouveaux produits financiers, tels que la biométrie et les services bancaires électroniques, pour favoriser l’accès aux services financiers dans les territoires isolés.
Il est prévu la réduction des coûts des transferts des migrants et la mobilisation de ces ressources en complément d’autres sources de financement du développement qui suscitent, dans le monde entier, un intérêt croissant. En ce qui le concerne, le G20 a inclus ce thème dans son programme de travail, avec l’objectif de « faciliter les envois de fonds internationaux et l’amélioration de leur efficacité pour accroître leur contribution à la croissance et à la réduction de la pauvreté ». Ainsi, il y a le Fonds pour la migration et le développement et la Banque africaine de développement (BAD) qui participent à l’initiative visant la mobilisation et la réduction du coût des transferts de fonds, en concentrant leur attention sur le continent africain où les coûts de transfert restent encore les plus élevés au monde. Un vrai défi à relever.
A propos du Fonds pour la migration et le développement, il faut relever qu’il appuie les réformes du cadre réglementaire qui régit les conditions de transfert de fonds et la mise à niveau des opérateurs engagés dans ces transferts. Ce Fonds vise notamment à favoriser le développement de nouveaux produits financiers, et soutient l’investissement productif et le développement local dans les pays d’origine des migrants. Ainsi, les institutions et les personnes soutenues par le Fonds contribuent, par ricochet, au développement de produits financiers innovants et à la création de richesse et d’emplois en Afrique. Valoriser le capital économique, technologique et social des membres de la diaspora africaine au bénéfice de leurs pays et de leurs communautés d’origine, tel est l’ambition affichée par ce Fonds.
Ce Fonds a été créé en 2009. Il est financé par le ministère français de l’Intérieur, de l’Outre-Mer, des collectivités territoriales et le ministère de l’Immigration, ainsi que par le Fonds international de développement agricole (FIDA). Il est géré par la BAD. Son objectif est « d’améliorer la connaissance sur les flux des transferts de fonds des migrants, de réduire les coûts de ces transferts tout en optimisant l’utilisation des ressources transférées, et de promouvoir et de soutenir les initiatives locales des diasporas en faveur du développement de leurs régions d’origine ». Sur ce terrain précis, la Fonds et la BAD ont du pain sur la planche.
Didier Munsala Buakasa