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Kinshasa: des vrais faux agents de sécurité opèrent en ville

AFRIQUE REDACTION | SOCIETE | RDC | Article publié le Mardi 22-12-2009 |
mise à jour à 16H35


" Papa, montrez nous vos papiers ! ". C'est en ces termes provocateurs et de nature à vous faire monter de la bile à la tête qu'un agent de sécurité m'interpelle, alors que je viens de débarquer du bus. Nous sommes à l'arrêt Dibaya, à quelque 300 mètres de la très grouillante et populeuse place Victoire, ce dimanche 20 décembre, après une pluie abondante. Je me retourne et me retrouve devant un jeune homme, en tenue civile, aussi effilé qu'une aiguille, talkie-walkie en main. La colère ne fait qu'un petit tour : je lui lance un regard colérique et des idées bagarreuses me taraudent l'esprit, prêt à l'étrangler, alors que je me grouille pour ma rédaction.

 

" Que me voulez-vous, jeune homme ? " Je lui lance, fulminant de colère. Je vois passer le diable de toutes les choses qui se rapprochent de la colère, bagarre, injures… " Venez ici, notre chef va vous parler ", me répond cet homme, visiblement très zélé. Nous sommes devant le grand bâtiment sur l'avenue Dibaya, où l'on embarque à destination de Huileries-Regideso ou Huileries- Boulevard-Gare centrale.

Une fois devant lui, celui qui se présente comme le chef de ce gang fort de 4 personnes me pointe devant le nez un ordre de mission sur lequel je trouve une vingtaine de missions à remplir. La colère m'aveugle et m'empêche de comprendre ce qu'il me montre. " Nous sommes ici pour contrôler toute personne suspecte, détenant des documents critiquant le gouvernement ", me dit le chef des agents de sécurité, qui me demande de lui montrer ma carte de service.

" UPC… ? " Me demande-t-il alors que je lui brandis ma carte de presse de l'UNPC, qu'il a dû confondre avec l'Université protestante au Congo (UPC). Je me rends à l'évidence : j'ai affaire à des malfrats, mais je me laisse faire pour voir où ils voulaient m'emmener. La carte de service contrôlée, ils me demandent de leur montrer tout le contenu de mon sac plein de paperasse.

" Que cherchez-vous ? Laissez-moi partir à ma rédaction, j'ai une édition à diriger. Je refuse de fouiller mon sac ". Le plus zélé, l'agent filiforme, réagit dans un lingala et un langage qui décuple le degré de ma colère. " Papa, soki oboyi okozala awa ata ti 17 heures ", pérore cet en foiré d'agent. La seconde suivante, je vois passer Satan lui-même, extrêmement cornu. Le "chef", très réconciliant me demande de me calmer et de ne pas m'occuper que de lui.

Ainsi, calmement, mais très prudent et l'œil bien ouvert, je commence à leur montrer les quelques papiers de toutes natures que je trimbale : des imprimés, ceux écrits à la main, bref, tout ce qui fait la richesse et la particularité des personnes exerçant ma profession. " Non, nous, ce sont des papiers duplicateurs qui nous intéressent ", me précise le "chef", alors que je commence à lui balancer sous le nez du papier autre que duplicateur. Première poche, deuxième poche…la fouille est infructueuse.

Dix minutes plus tard, le "chef", fatigué de chercher des poux sur une tête sans cheveux, mais surtout dans un sac à plusieurs poches contenant tout ce qu'un journaliste de presse écrite peut avoir, me laisse partir, dépité de n'avoir découvert aucun document séditieux ou qui " critique le gouvernement ".

Je les quitte en les gratifiant d'un regard mêlé de colère, de haine, de…tout ce à quoi on pense lorsqu'on a été abordé par des personnes de cet acabit qui ne peuvent être que des escrocs opérant dans la ville de Kinshasa qui doit en être infesté en ce moment où chacun se débrouille par tous les moyens, le plus souvent illicites, pour survivre. En ce moment, je me demande combien de Kinois sont victimes des exactions de ces malfrats. Car je suis bien convaincu que les agents qui m'ont interpellé sont bien des vrais faux agents de sécurité qui grouillent dans la ville de Kinshasa.

Au gouvernement pour lequel ces agents semblent opérer à les mettre hors d'état de nuire. Car, au lieu de le servir, ces agents desservent le gouvernement en assurant une très mauvaise image des dirigeants congolais.



Kléber Kungu
L'Observateur
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