15 Février 2011
Créé le 15 -02-2011 à 00 h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le mardi 15 -02-2011 à 11 h10 | PAR : UHURU
On pouvait en douter, tant l’expérience était prolixe en la matière. Devant ce qui est convenu d’appeler la ‘voie royale pour la majorité présidentielle, l’opposition politique congolaise avait laissé entendre qu’elle était à la recherche d’un consensus pour présenter un candidat unique à l’élection présidentielle de 2011.
Cette annonce devait conforter l’opinion publique dans la thèse qu’une fois n’étant pas coutume, les ténors de l’opposition allaient enfin accorder leurs violons à cause de l’importance des enjeux. Mais même en politique, quand on chasse précipitamment le naturel, ce dernier revient très vite dans le coeur de ceux qui croyaient faire la mue spontanément. Les observateurs ont jugé impossible la fusion des ambitions des acteurs politiques nationaux qui se réclament de l’opposition, ainsi que la mise au boisseau des querelles intestines qui ont toujours caractérisé l’apprentissage de la démocratie du côté de l’opposition congolaise au- delà des intérêts supérieurs du pays. Ce cocktail Molotov en forme de signe indien qui colle à la peau de l’égo surdimensionné des politiciens congolais a fini par exploser à la face de tous, reléguant aux oubliettes de l’histoire événementielle l’espoir de voir les opposants présenter un seul candidat au scrutin présidentiel prévu en cette année 2011.
Cohésion de façade
L’effervescence observée dans les rangs de l’opposition politique à partir du mois de novembre dernier, à la faveur des grandes manœuvres initiées par certains gros bonnets du paysage politique congolais, mais surtout occasionnée par le retour du leader de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social, UDPS en sigle a duré juste un trimestre.
Le temps devoir la surchauffe baisser d’un cran, et voir chaque crocodile regagner son coin dans le marigot, après avoir pris part au festin commun. Les leaders de l’opposition n’ont pas réussi à se mettre d’accord pour présenter un seul homme candidat à l’élection présidentielle de novembre 2O11. Le peuple congolais est donc fixé: au sein de l‘opposition, tous ceux qui estiment qu’ils ont une chance de battre le candidat issu de la majorité présidentielle dans neuf mois, vont s’inscrire sur les listes comme candidats. Il n’est plus question de choisir l’oiseau rare susceptible de relever de la boue le drapeau de l’opposition. Cela veut dire que l’entente qui avait semblé se dessiner dans le camp de l’opposition au lendemain de la révision de la Constitution, n’était qu’une unité de façade destinée à secouer un tant soit peu la morosité du train-train de la vie des Congolais, et à donner une autre image de l’opposition congolaise. Aujourd’hui cette image est à réviser entièrement. Comment en est on arrivé là? Deux thèses se sont affrontées sans parvenir à dégager une solution de consensus. Une partie de l’opposition était en faveur de l’élaboration d’un programme commun de gouvernement accepté par tous, et ensuite confié à un homme suffisamment expérimenté et populaire pour diriger en tant que capitaine de l’équipe, les affaires de l’opposition au moment des joutes électorales prochaines. Une autre composante avait rejeté cette thèse, ses représentants préférant se présenter individuellement contre les autres. Au vu du résultat auquel l‘on est arrivé aujourd’hui, on peut dire que c’est cette thèse qui a prévalu par l’absurde, pourrait-on dire, car il n’est pas question de boycotter les scrutins présidentiels malgré le risque d’échec.
Quelles chances pour demain ?
Les ambitions à la fois démesurées et fragmentaires de l’opposition sont entrain de réduire comme peau de chagrin ses chances de réussite au cours de la compétition des urnes qui aura lieu cette année. Si par calcul politique, les partisans d’un programme commun de gouvernement à l’instar de Ne Muanda Nsemi, s’accrochent à cette idée pour connaître la place éventuelle qu’ils doivent occuper au lendemain de la présidentielle, et en cas de victoire de l’opposition, les cadres du MLC de Jean Pierre Bemba ne savent pas encore sur quelle musique danser, à cause de l’incertitude qui entoure l’avenir politique de leur leader charismatique incarcéré à la Haye aux Pays Bas, tout en attendant la tenue du premier congrès du parti. Quant aux cadres et militants de l’UDPS, ils ne jurent que par leur président Etienne Tshisekedi récemment revenu d’un exil forcé pour raisons de santé. C’était d’ailleurs autour de lui que devaient fédérer toutes les tendances de l’opposition quel que soit le point de vue qu’il fallait adopter. En décidant d’aller en ordre dispersé à la présidentielle, l’opposition est consciente d’avoir pris un risque sérieux. En le faisant, elle s’est ouvert la voie vers la défaite et son corollaire habituel sur le continent, à savoir la contestation des résultats et le recours incertain et aléatoire aux procédures juridiques d’annulation. Tshisekedi qui avait à un certain moment incarné la voie du salut de l’opposition, a vu se lever de manière inattendue contre lui un nouveau front intérieur qui porte la marque d’une trahison.
Il s’agit des élucubrations d’un certain François Xavier Belchika qui s’est auto proclamé président ad intérim de l’UDPS par la volonté d’une nébuleuse connue sous le nom de “club des fondateurs“. Cette zizanie qui vient une fois de plus miné la cohésion au sein de l’UDPS, tombe à point nommé pour requinque la famille présidentielle de l’AMR Auréolée par la quasi certitude pour son candidat, de se défaire de ses adversaires pendant l’unique tour de l’élection présidentielle, l’AMP peut en outre compter sur leur marginalisation, et sur la défection de beaucoup d’opposants qui devront juger inutile désormais de continuer à pouvoir croire en leurs propres chances. C’est ce qui explique les crocs enjambe que se font les enfants de la famille oppositionnelle à l’intérieur de leurs plates formes respectives. On apprend ainsi qu’au sein de l’USA autrement dit Union Sacrée pour l’Alternance du vénérable Ne Muanda Nsemi, des courants opportunistes font aussi surface, qui laissent présager un schisme dans un parti dont l’unité était citée en exemple. L’édifice politico religieux de Ne Muanda Nsemi serait-il entrain de s’écrouler comme un château de cartes ? En tout cas, chez le clan du MLC, la gestion des contradictions internes cache mal là aussi, les ambitions individuelles. Tout laisse entendre que même si elles ne sont pas encore suites totalement, les carottes de l’opposition à l’élection présidentielle sont suffisamment chauffées au point d’être consommées sans préjudice. A moins que la stratégie de qui perd gagne » ne soit adoptée en secondes noces par les ténors de l’opposition qui doivent se dire que, ce qu’on perd à la présidentielle peut être regagné aux législatives. Car il ne faut pas l’oublier, la gestion du parlement fait aussi partie des enjeux de prochaine législative en RD Congo.
Bomela Tondo Bo-Lisoma