AFRIQUE REDACTION | RELIGION | LUNDI 14-12-2009 | 19H36
LA BIBLE
Apocryphes la gangrène biblique, ou pourquoi 61 livres ont été ajoutés à la Bible pour contrer la Réforme au 16e siècle
C'est pour faire la pige à la Réforme naissante qu'en 1545, soit exactement 29 ans après que Luther ait affiché ses 95 thèses, que l'église de Rome a ajouté au canon des livres inspirés, 26 livres dans l'AT, et 35 dans le NT... Si vous gardez et si vous obéissez à mes commandements, les autres peuples vous trouveront sages et intelligents... (Deut.4;6)
Voici la suite du message sur les modifications apportées à la Bible. Nous avions tout d'abord parlé des sophismes, ces "petites" entorses à la vérité biblique, qui faisaient dire au texte exactement le contraire de ce qui était écrit. Ensuite nous avons examiné quelques parenthèses, virgules et italiques, qui faisaient subrepticement violence à la vérité révélée. Maintenant, je vous invite à étudier quelques exemples d'hérésies dont l'emprise est assurée grâce à l'insertion, à l'intérieur du canon de la Bible, de livres "apocryphes" à l'inspiration plus que douteuse, de laquelle fort heureusement se sont gardées les bibles protestantes depuis plus d'un siècle, mais que l'on trouve néanmoins ajoutés à des versions dites "oecuméniques"...
Apocryphes et messages cachés Pour vous faire gagner du temps, je ne vous ferai pas le laïus habituel sur l'origine des livres apocryphes: vous trouverez dans toutes vos bibles et concordances modernes de quoi satisfaire votre curiosité intellectuelle. Je m'attacherai donc à vous dire ce que l'on ne vous a pas dit. Et la première des choses, c'est que les apocryphes (qui signifient "cachés"), n'ont pas été reconnus, mais démentis par les plus anciennes traditions. C'est pour faire la pige à la Réforme naissante qu'en 1545, soit exactement 29 ans après que Luther ait affiché ses 95 thèses, que l'église de Rome a ajouté au canon des livres inspirés (selon elle), exactement 26 livres dans l'Ancien Testament, et 35 dans le Nouveau Testament.
Dans sa Bible allemande, Luther avait en 1539 regroupé certains de ces livres (Judith, Sagesse, Tobias, Siracide, 1 et 2 Maccabées, ajouts à Esther et Daniel, et Prière de Manassé) dans un cahier introduit ainsi "Apocryphes, livres qui ne doivent pas être estimés à l'égal de la Sainte Ecriture, mais qui pourtant sont utiles et bons à lire". Ces livres, ainsi que la longue liste des autres, se sont retrouvés collés à la version des Septante comme la boue sur la semelle du viticulteur, et s'ils pouvaient avoir quelques rares intérêts historiques, ils étaient souvent remplis d'erreurs historiques (livre de Tobie par exemple, voir liste plus complète en conclusion) et très souvent porteurs d'hérésies, comme nous allons le voir en examinant plusieurs exemples.
Jésus, l'Esprit Saint et les apocryphes Les auteurs du Nouveau Testament, qui aiment pourtant à citer la version des Septantes, n'y font pas une seule fois référence. La majeure partie de ces apocryphes a en effet été écrite non en hébreu, mais en grec, et dans la période de silence qui débute après Malachie. Jésus nous a informé que le canon des textes inspirés est arrêté dans Luc 11;51: les prophètes bibliques vont d'Abel (gen.4) à Zacharie (2 Chron.24;20-21). Le Nouveau Testament rapporte pourtant 2 textes qui semblent tirés d'apocryphes: la citation du livre d'Hénoc par Jude est de ceux-ci.
Mais Jude parle ici d'Hénoc, le 7e après Adam (1 Cor. 15;45), qui prophétisa des maux aux hommes de son temps qui abandonnèrent Dieu. Il n'est pas fait mention ici du "livre d'Hénoc", qui est lui une compilation de petits écrits que l'on dit venir d'Hénoc et qui ont manifestement été écrits par plusieurs auteurs, infiniment plus tardivement! Parlons aussi de la citation de Jésus dans Actes 20;35: "Il y a plus de joie à donner qu'à recevoir", qui semble faire référence à un proverbe bien connu, vraisemblablement repris par Jésus qui n'a, comme vous le savez sans doute, jamais cité d'apocryphes.
Cependant, même si Luc et Jude avaient cité des textes non inspirés, cette citation serait égale à celle des Anciens, par Paul. Il ne viendrait en effet à l'idée de personne de reprocher à Paul ses citations d'auteurs comme Aratus (Actes 17:28), Menandre (1 Cor. 15:33), et Epimenides (Tit. 1:12). Les auteurs classiques, malgré la citation de certains de leurs écrits dans la Bible, n'en sont pas environnés de l'aura de l'Inspiration divine pour autant, n'est-ce pas?
Citons aussi, sans nous y attarder, les embellissements de la vie de Moïse, qu'on ne trouve pas dans le Pentateuque, par Etienne avant sa lapidation, l'allusion à Jannès et Jambrès (2 Tim.3;8), la dispute entre l'archange Michael et le diable pour le corps de Moïse (Jude 9), au "rocher qui suivait" les israélites (1 Cor.10;4): ces textes attestent que les semi-apocryphes (livres dont Luther dit qu'ils présentaient un certain intérêt historique) étaient peut-être connus. Mais aucun de ces textes cités ne change la doctrine de la Bible, contrairement à ceux que nous allons voir...
Gnosticisme, occultisme et sorcellerie Il est bien connu que les 6e et 7e "livres de Moïse" sont fort utilisés pour les rituels magiques occultes. De même, c'est en s'appuyant sur des apocryphes que certains ont fait de Gabriel un archange, qui dicta le Coran à Mahomet, ou vécut une vie physique au temps de Noé, selon les mormons et leur livre "saint". Moins connues, sont les doctrines gnostiques dont la pensée se déguise sous des dehors "bibliques", ou dans des écrits pseudo-bibliques, donc apocryphes.
Ces "sages" gnostiques tordent à leur avantage tout ce qui est dit de Christ, et notamment dans l'épître de Paul aux Colossiens (2;3): "en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance". Ces doctrines, qui sont encore très répandues, notamment dans tous les textes mystiques apocryphes venus des Coptes, Ethiopiens, etc. n'ont pas épargné notre monde évangélique qui mange bien souvent du fruit de l'arbre de la connaissance... Cette gnose trouve également son point culminant dans la notion de "Christ cosmique" si chère au Nouvel Âge, et qui met l'accent sur la lumière et l'expérience personnelle, plutôt que sur l'expiation de la personne de Christ, et l'observation de ses commandements.
Vénération de Marie "toujours vierge" C'est dans l'Evangile de la Nativité de Marie, et surtout dans le Protévangile de Jacques que l'on trouve l'origine des hérésies mariales les plus communes. L'apôtre Jacques n'aurait certes pas écrit ce que vous pouvez lire dans le Protévangile portant son nom: ce n'est qu'une très grossière paraphrase de la nativité de Jésus rapportée par Luc, avec l'épisode de Siméon et d'Anne.
Cette Anne-ci, "la mère de la mère de Dieu", y aurait également enfanté "Marie, née sans péché et perpétuellement glorieuse" (Nativité de Marie). "Marie", enfantée surnaturellement, grandit donc dans le Temple, et reçoit sa nourriture directement dans la main d'un ange, pendant qu'elle danse sur l'autel: c'est ce qu'on lit dans ces livres qui mélangent les récits bibliques authentiques (Siméon dans le Nouveau Testament, ou Samuel dans l'Ancien) et les légendes douteuses. Mais cela va plus loin.
Le "vieux" Joseph C'est dans ce même "Protévangile de Jacques" (nommé ainsi par l'humaniste français qui le découvrit en Orient au 16e siècle) que l'on trouve le texte suivant: "J'ai des fils, je suis un vieillard et elle est une toute jeune fille. Ne vais-je pas devenir la risée des fils d'Israël ? " (ch.9 v.2). Vous voyez maintenant où je veux en venir: la fausse doctrine de Joseph le "vieillard", argumentant sur son grand âge à l'ange qui vient lui annoncer ce qu'il doit faire, vient de là. Elle est donc "biblique", pour un catholique romain mal enseigné.
Nous avons abondamment expliqué dans notre texte sur Les frères et soeurs de Jésus l'inanité de cette doctrine qui dit que Jésus n'avait pas de frères et soeurs, qu'en Orient, on s'appelle tous "frères", et nous vous invitons à vous y référer. Le Protévangile de Jacques fournit à l'exégète catholique en mal de prétexte une fameuse rustine: Joseph, qui d'un premier lit a déjà eu des enfants, est un vieillard qui ne pourra pas, comme la Bible le dit pourtant "connaître" Marie (connaître, dans la pensée biblique signifie avoir des relations sexuelles). Or, la relation sexuelle a justement un but précis dans le plan de Dieu...
Sexualité et péché Car c'est de la pensée babylonienne, où la prostitution n'est jamais loin de la virginité (voir édito Guérir Babylone?), que vient l'idée que la sexualité est un péché. Puisque le péché est venu par Adam, il faut donc que Marie naisse d'un sein virginal pour être elle-même sans péché, et ce prétexte est donné dans ces fallacieux récits de nativité de Marie.
Cette hérésie qui fait de la sexualité un péché, et qui veut que les prêtres et servantes de l'Eglise soient abstinents vient de la religion babylonienne antique. Et ce célibat imposé contre nature ("nous avons tous des dons différents", dit Paul, les uns de chasteté, les autres de mariage...) est également cause des multitudes d'actes de pédérastie (action de coucher avec des enfants, qui est appelée à tort de nos jours "pédophilie") et d'homosexualité (action de coucher avec des individus de même sexe, que l'on appelle aussi à tort pédérastie) que tente de camoufler l'église de Rome.
Et je ne parle pas des innombrables scandales d'enfants illégitimes, assassinés ou cachés, dont on raconte que même une serait devenue Pape (la "papesse Jeanne", de l'existence de laquelle Jean Huss était fermement convaincu) ! Car il y avait aussi des papes mariés, et même un qui est mort battu par un mari jaloux ! Mais toutes ces doctrines tordent la Parole de Dieu qui ordonna à Adam de "croître et multiplier": si effectivement la semence de l'homme contenait le "germe du péché", et si tous les hommes naquirent ainsi dans le péché, ce sont les débauchés, et les adultères que Dieu jugera au final. L'acte sexuel fécond dans le mariage est pur, et ne constitue pas un péché.
Prières pour les morts Même si Cyprien, évêque de Carthage, qui subit le martyre au 3e siècle, cita les livres apocryphes des Maccabées, l'origine non inspirée de ces écrits se voit rapidement. C'est par eux (ainsi que dans Siracide 42;14) que l'église romaine justifie 2 doctrines spirites: la prière pour les morts et le purgatoire. 2 Maccabées 12;44 dit clairement que l'on pourrait prier pour des défunts. On y voit également les Maccabées envoyer à Jérusalem de l'argent comme offrande pour les morts (2 Maccabées 12;39-46) et plus loin on voit que ces morts sont en attente de la délivrance de leurs péchés dans une sorte de purgatoire (2 Maccabées 12;42 et 46). La Bible n'enseigne pas cela. Elle dit dans Hébreux 9;27 (un verset qui détruit d'ailleurs la croyance dans la réincarnation): "Il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement". La Bible dit également: "Si un arbre tombe, vers le sud ou vers le nord, c'est au lieu où l'arbre est tombé qu'il restera". Ce verset d'Ecclésiaste est à comprendre ainsi: si quelqu'un meurt en état de péché, ou de jugement (le "nord", symbole de jugement dans la Bible), il restera dans cet état de jugement. Aucune intercession future ne le sauvera: c'est ici-bas que nous devons faire nos choix éternels.
Saints et anges intercesseurs Tout d'abord, dans 2 Maccabées 5, versets 12 à 16, on peut voir Jérémie qui, bien que décédé, prie pour le peuple hébreu. Dans Tobie 12;12 et Baruch 3;4, on peut également voir des anges et des saints intercéder. Arguant de ces versets, l'église romaine a justifié la prière à des défunts, des saints patrons, des anges et des protecteurs, comme toutes les religions fétichistes. Pourtant la Bible dit: "Si l'on vous dit : Consultez les spirites et les médiums, qui chuchotent et murmurent ! Un peuple ne consulte-t-il pas ses dieux ? Ne s'adresse-t-on pas aux morts pour les vivants ?" (Esaïe 8;19). Le livre d'Ecclésiaste ajoute: "Les vivants, en effet, savent qu'ils mourront ; mais les morts ne savent rien" (Eccl.9;5a). Le livre du Deutéronome est extrêmement clair sur le sort réservé aux spirites et aux nécromanciens (Deut.18), et la magicienne d'Ein-Dor, que Saül alla consulter et qui fit "remonter" le prophète Samuel du séjour des morts, le savait bien ! Adresser des prières à un défunt est inutile et même dangereux: Christ est tout, pourquoi ne pas Le prier, Lui?
Salut par les oeuvres Une église corrompue, qui ne peut accepter la simplicité de l'Evangile, ne peut que se masquer son péché à l'aide de "feuilles de figuier", comme Adam et Eve dans le jardin d'Eden. C'est donc tout naturellement que le livre apocryphe de Tobie a été utilisé pour justifier la doctrine du salut par les oeuvres. On peut en effet y lire: "L'aumône délivre de la mort et elle purifie de tout péché. Ceux qui font l'aumône seront rassasiés de vie" (Tobie 12;9). Inutile d'épiloguer, cette coutume est balayée sans le moindre doute par le chapitre 2 de l'Epître de Paul aux Ephésiens (v.8 et 9): "Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. Ce n'est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie."
Conclusion Si l'on peut compter dans le Nouveau Testament 260 citations et 370 allusions à l'Ancien Testament, on n'y trouve aucune citation d'un livre apocryphe. Les livres de la Bible ne se contredisent jamais, à part en quelques rares endroits, et pour celui qui la connaît mal. Pour les seuls livres deutérocanoniques (je vous épargne les plus farfelus), voici le nombre d'erreurs relevées, et le nombre d'hérésies que ces livres promeuvent:
Tobie, 5 erreurs historiques (en 9 pages); Judith 14 erreurs historiques (en 14 pages); ajouts à Esther, 2 erreurs historiques (en 4 pages); Sagesse, 2 erreurs doctrinales (en 19 pages); Siracide, 8 erreurs doctrinales (en 44 pages, dont une particulièrement misogyne en Siracide 42;14); Baruch, 4 erreurs historiques (en 7 pages); Bel et le Dragon, ajouté dans Daniel, 1 erreur historique (en 2 pages); 1 et 2 Maccabées, 2 erreurs historiques. Chers amis, ne prenez pas ce que disent ces écrits non inspirés pour parole d'Evangile: la semence qu'ils contiennent est néfaste pour votre foi. Faites une seule chose: rejetez-les !
Déclarations protestantes sur les apocryphes
"Livres qui ne doivent pas être estimés à l'égal de la Ste Ecriture, mais qui pourtant sont utiles et bons à lire." (Martin Luther, Bible en allemand, 1539)
"Ces livres ne sont pas divinement inspirés comme le reste des Stes Ecritures, et ne doivent pas être produits publiquement en l'Eglise pour servir de règle aux articles de foi, ni même aux points de vérité de l'histoire sainte." (Robert Olivetan, Bible en français, 1588) -
"Les livres appelés apocryphes ne sont pas divinement inspirés, ne font pas partie du Canon des Ecritures et n'ont donc aucune autorité dans l'Eglise de Dieu.
Il ne faut pas les considérer autrement que n'importe quel écrit humain." (Confession de foi de Westminster, 1643)
"Ces livres sont lus de fort peu de monde, et si on en excepte l'Ecclésiastique, la Sapience, le 1er livre des Macchabées et le ch. 7 du 2e, tout le reste ne vaut presque pas la peine d'être lu." (David Martin, préface aux Apocryphes, 1707)
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