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23 Décembre 2009
AFRIQUE REDACTION | ECONOMIE | RDC | Mise à jour le Mercredi 23-12-2009 à 15H55
Freeport McMoran et First Quantum Minerals, deux majors classés dans le top ten de l’industrie mondiale du cuire, présents en RDC, respectivement dans Tenke Fungurume Mining (TFM) et Kingamyambo Musonoi Tailings (KMT), sont les deux recalés de la revisitation des contrats et conventions minières. Ils attendent encore d’être fixés sur leur sort. Pris ensemble, ils entendaient produire cette année plus de 100.000 tonnes de cuivre.
Malheureusement, c’est le contraire qui s’est produit. Ils ont été arrêtés dans leur course par la revisitation des contrats miniers.
L’année 2009 devait donc marquer le grand retour de la RDC sur la scène mondiale du cuivre – la plupart de grands projets miniers arrivant à maturité. Il n’en a pas été ainsi. La RDC a préféré s’étendre dans la revisitation semant le doute dans la tête des miniers. Les conséquences se conjuguent maintenant au présent. Sur le marché mondial, le cuivre est en pleine forme.
En RDC, les dividendes de cette remontée des cours sont maigres. La RDC paie le prix de ses atermoiements, conséquences d’une gestion hasardeuse d’un secteur, voué cependant à un avenir prometteur.
LA HAUSSE SE CONFIRME
6.850 Usd : c’est le dernier cours de la tonne de cuivre sur le London Metal Exchange (LME). Depuis son point bas de 2.765 Usd/t atteint le 24 décembre 2008, l’envolée magistrale du métal orange - +95% à ce jour - laisse loin derrière tous ses concurrents. Voilà une aubaine pour les producteurs.
Le cuivre est le « métal phare » de la classe d’actifs « métaux de base » parce qu’il est très utilisé dans la construction des ponts et le bâtiment, et donc ultra-sensible à la conjoncture économique américaine et chinoise (ses deux principaux débouchés).
La Chine est à nouveau venue voler au secours des métaux, avec des importations de métal en hausse et une impressionnante envolée de sa production industrielle. Autre facteur de soutien au cuivre : la grève des mineurs (pour revendications salariales) de la société étatique chilienne Codelco - dont la plus grosse mine à ciel ouvert du monde actuellement malmenée, produit 315.000 tonnes/an, soit 2% de la production mondiale.
C’est en Chili, premier producteur du cuivre, que se joue la grande bataille, en l’absence de ceux qui, comme la RDC, devaient faire l’arbitrage. Le Chili est donc seul maître à bord, réconforté dans cette position par d’autres concurrents moins ambitieux.
En pleine récession, une telle hausse a de quoi surprendre alors que la demande de cuivre est l’une des plus sensibles à l’évolution du PIB : les industries électriques, électroniques, des transports et de la construction en absorbent plus de 80%.
Ainsi, il semble que le marché table sur une reprise aussi rapide que vigoureuse. Nombre d’indicateurs économiques plaident d’ailleurs en ce sens, notamment aux Etats-Unis et en Chine.
Réel ou fantasmé, le très attendu retour de la croissance n’explique pas tout. L’industrie de l’empire du Milieu non plus : aussi dynamique soit-elle, la consommation cuprifère chinoise ne représentait que 30% de la demande totale en 2008, et se tassait en fin d’année. Pourtant, la Chine est le facteur explicatif principal de la hausse actuelle. Et, la tendance se confirme, ouvrant de nouvelles perspectives aux industriels.
En juin dernier, Richard Adkerson, patron de Freeport McMoran, maison-mère de TFM, prédisait le contraire. Il a eu tort – le marché a imposé sa propre loi. « En observant des statistiques comme la production industrielle et le PIB, on peut se faire une idée de la demande mondiale de cuivre. La reprise n’est pas encore arrivée », commentait-il, avant d’ajouter : « la Chine est robuste, mais pour que nous retrouvions un marché du cuivre solide, il faudra que la demande fondamentale des pays développés se reprenne ».
INQUIETUDES DANS LE RANG DES MINIERS
Dans le rang des opérateurs miniers, l’on s’active à accélérer le plan de production pour ne pas rater la barque. Ce qui n’est pas le cas en RDC où les miniers doivent encore se plier aux caprices du gouvernement qui hésite à conclure un processus de revisitation vieux de plus de deux ans, alors qu’il était initialement prévu pour trois mois. Si en Chili, premier producteur mondial du cuivre, en Australie ou en Zambie, l’activisme se lit dans le rang des miniers, en RDC, les pendules sont toujours suspendues. L’expectative est totale.
En RDC, les opérateurs sont plus qu’irrités. Les réactions parfois à l’emporte-pièce du gouvernement étonnent. Car là où les autres Nations multiplient des facilités, allègent leur législation pour tirer profit de la nouvelle embellie des marchés des matières premières, la RDC a choisi d’évoluer à contre-courant en entretenant le mauvais climat d’affaires dénoncé par le président de la République.
« On a des projets qu’on a bloqués pour des raisons inavouées », commente un expert du secteur. Il poursuit en ces termes : « Comment dans ces conditions profiter du grand retour qui s’annonce sur le marché des métaux de base tels que celui du cuivre ? ». Cependant, note-t-il, « la RDC a besoin de faire de la production de cuivre pour en tirer le meilleur profit et non bénéficier de petites rentes en termes des droits ou taxes perçues dans les mines ». D’où, sa déception : « La revisitation nous a fait rater une belle occasion de repositionner la RDC sur la scène internationale de l’industrie du cuivre ».
Pire, ajoute-t-il, « même au terme de la revisitation, on a confié certains projets miniers à des gens qui n’avaient pas l’expertise nécessaire ou qui ne disposaient pas d’une assise financière pour tenir leurs engagements. Les projets qui portent (Ndrl : il se réfère à KMT et TFM) sont malheureusement ceux qui pataugent encore dans la revisitation ». Sa conclusion : « C’est comme si la RDC veut une chose et son contraire à la fois ».
LE GOUVERNEMENT POINTE DU DOIGT
Dans tous les cas, il est loin le temps où le cuivre cotait à moins de 3.000 Usd. Actuellement, tout porte à croire que la tendance haussière des cours sur le marché mondial va se confirmer jusqu’au plus tard 2015, prédisent les plus grands spécialistes du secteur. La RDC a tous les atouts pour tirer profit de cette forte embellie du marché de cuivre. Pourvu que le gouvernement qui dicte les règles de jeu en soit conscient. Or, dans la plupart des cas, le gouvernement a brillé par son incompétence ou son inaction quand il s’est agi d’entreprendre les actions dans l’intérêt de relancer l’industrie minière.
En 2002, il s’était fixé de belles ambitions en initiant le Code minier, suivi une année après par le Règlement minier. Mais, il s’est vite rétracté en 2007 en amorçant un processus de revisitation des contrats miniers aux objectifs mal définis, sinon ambigus, plongeant l’ensemble du secteur minier dans une indescriptible confusion.
Aussi, à cause de ses propres turpitudes la RDC perd-elle d’importants revenus qui pouvaient bien servir de levier à la réalisation du grand projet de reconstruction nationale. Certains observateurs estiment qu’au moment où la RDC enregistrera un réel rebond dans la production minière que le peuple pourra enfin se représenter à quoi aura servi son cuivre, son cobalt, etc. Et, c’est à l’Etat de mettre les investisseurs miniers dans l’état d’opérer pour en tirer effectivement des dividendes.
LP