Après la crise financière de 2007-2008 sous-tendue par le fort endettement des ménages américains, la prochaine crise sera-t-elle celle de l'endettement public?
Les Etats ont fortement accru leurs émissions de dette pour financer des déficits records depuis la fin de la guerre, aliemntés par les plans de relance massifs et une baisse des recettes fiscales.
A la fin de l'année, les nouvelles dettes émises par les Etats dans le monde auront augmenté de 45% par rapport à 2007, soit une hausse de 15.300 milliards de dollars, estime Moody's Investors Service dans une note publiée mardi 24 novembre. Le stock de la dette souveraine mondiale devrait atteindre 49.500 milliards de dollars d'ici la fin de l'année, dont 12.000 milliards pour les Etats-Unis.
Les nouvelles dettes représentent plus de 100 fois le montant du plan Marshall ajusté à l'inflation. Ce plan, destiné à la reconstruction de l'Europe après la deuxième guerre mondiale, avait coûté 13 milliards en dollars de l'époque.
Les pays riches, les plus endettés
"Sans surprise, les pays du G7 représentent 78% de cette hausse, leurs budgets ayant été les plus violemment touchés par la crise financière", écrit l'analyste de Moody's Jaime Reusche dans le rapport.
Selon Moody's, la dette mondiale devrait représenter 80% du PIB mondial en 2010, contre 63% en 2008.
Pour les 30 pays les plus riches regroupés au sein de l'OCDE, "le ratio dette publique brute/PIB devrait être supérieur à 100 % en 2011, soit environ 30 points de plus qu’en 2007, avant le déclenchement de la crise. Dans l’ensemble de la zone de l’OCDE", annonce l'OCDE dans ses dernières prévisions économiques..
Le Japon verra sa dette publique flirter avec les 200% de son produit intérieur brut (PIB), suivi par l'Italie (127,3%) et la Grèce (111,8%), selon les prévisions de l'OCDE. Aux Etats-Unis, le FMI table sur une dette équivalant à 108% du PIB en 2014. En France, la dette devrait atteindre 83% en 2010.
Ces émissions spectaculaires d'émissions de dettes souveraines devraient être bien absorbées par le marché qui a une appétence pour des titres sûrs.
Mais d'autres problèmes demeurent: d'une part, la dette publique évince la dette privée et rend plus difficile le financement des entreprises; d'autre part, certains Etats sont moins crédibles que d'autres vis-à-vis des investisseurs dans le retour à une gestion plus rigoureuse des finances et Ils vont payer cher ce dérapage.
Ecarts de taux d'emprunts souverains dans la zone euro
![]() |
Les écarts de taux d'emprunts souverains restent élevés entre les Etats même s'ils se sont réduits depuis mars 2009 (cf. graphique). La Grèce, l'Irlande et l'Italie ont tellement creusé leur endettement qu'ils paient leurs emprunts à des taux d'intérêts supérieurs de 1 à 2,5 points de pourcentage par rapport à l'Allemagne. Cette différence de traitement des Etats fait notamment peser un risque de dissension au sein de la zone euro.