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Lutte contre la corruption: Un marché des dupes au Palais du Peuple ?

 

 

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AFRIQUE REDACTION | SOCIETE | RDC | VENDREDI 18-12-2009 | 10H15


(Jean- Pierre Nkutu )

 

Le Forum National sur la Lutte contre la Corruption (Fonalc) a démarré hier au Palais du Peuple. Convoqué par le Chef de l’Etat sur base du protocole d’accord existant entre la RDC, la République Sud-africaine et le Bureau des Nations Unies en matière de lutte contre la corruption, il prend fin ce samedi 19 décembre. La cérémonie d’ouverture a été rehaussée de la présence du vice-Premier Ministre Bongeli, chargé de la Reconstruction, des ministres Botoro de la Fonction Publique de son collègue sud- africain Richard Baloy et du vice-ministre de la Justice, Musonga Kalusambo. Des centaines des participants provenant de divers horizons et de tous les coins du pays y prennent part.


La Société Civile claque la porte Les choses se sont gâtées peu après la cérémonie protocolaire. La mèche a été allumée par Philippe Kayumba, le Secrétaire général de la Ligue Congolaise contre la Corruption (Licoco). Dans son intervention, il a fustigé l’absence des délégués de la Présidence de la République, de la Primature, du Sénat, de l’Assemblée Nationale, du gouvernement et du pouvoir judiciaire, dont les actes et décisions sont pourtant étroitement liés au fléau de la corruption. Interpellés par les propos d’un des leurs, les délégués de la Société Civile ont aussitôt réalisé que ce qui allait se passer au Palais du Peuple ne répondait aux préoccupations de la population congolaise, convaincue que l’éradication de la corruption devait commencer par le sommet de la pyramide.


A leurs yeux, le forfait des représentants des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire était l’expression du manque de volonté politique d’engager une lutte sans merci contre le mal. Et, à l’unisson, la Société Civile a claqué la porte. Ebranlé par les chaises laissées vides par les délégués des forces vives de la Nation, le Bureau du Forum s’est immédiatement investi dans la recherche d’une solution pour une sortie rapide de crise. Un facilitateur de circonstance s’est mis à faire le tour de différentes sensibilités de la Société Civile, de manière à sauver un forum terriblement menacé d’implosion.


Au terme d’un débat interne fort passionné au sein de la Société Civile, il a été décidé que Chantal Kanyimbo, présente une motion en plénière. Celle-ci posait en fait une question de fond, c’est celle de la participation obligatoire de ceux dont dépend l’éradication ou la pérennisation de la corruption en République Démocratique du Congo. Un bref délai de grâce, courant jusqu’à ce jeudi à 12 heures, a été accordé au Bureau du Forum pour faire venir au Palais du Peuple, comme participants effectifs, des plénipotentiaires de la Présidence de la République et de la Primature, ainsi que des sénateurs, des députés, des ministres, de hauts magistrats civils comme militaires.


Si les animateurs des institutions de la République ne font pas signe de vie demain au Palais du Peuple, pour échanger avec leurs frères et sœurs de la Société Civile autour du thème de la corruption, cette structure va automatiquement relancer le boycott. Et si, malgré son retrait, les travaux se poursuivent tout de même, elle va considérer cela comme la preuve de l’organisation d’une mascarade au Palais du Peuple, destinée à jeter la poudre aux yeux du peuple, pour lui faire croire en la tolérance zéro en matière de corruption, alors que la volonté politique n’y est pas.


L’acte d’accusation de la FEC Alors que la Société civile était pointé présente, Jean Kalala de la FEC (Fédération des Entreprises du Congo) a tout même donné son message. Il a parlé des structures et organes de lutte contre la corruption depuis les règnes de Mobutu, en passant par celui de Laurent Désiré Kabila jusqu’au pouvoir actuel. « Pourquoi ce fléau continue-t-il de faire des ravages en RDC ? », s’est-il interrogé. L’Administrateur Délégué de la Fec a pointé un doigt accusateur sur certains fonctionnaires et ministres habitués à conditionner la signature des contrats et l’obtention des marchés au versement préalabe des pots de vin. Tout le monde a compris une chose : la corruption est institutionnalisée.


Augustin Mwendambali, Directeur Général de l’Observatoire du Code d’Ethique pour l’Agent Public (Ocep) a révélé que celui-ci est perçu comme le « gendarme » des fonctionnaires congolais. Vieux de six ans, l’Ocep a mis en place des mesures de prévention, des stratégies de détection et des sanctions collatérales. La fiche de déclaration du patrimoine de grands commis de l’Etat et des agents publics serait l’un des moyens de lutte contre l’enrichissment illicite. Malheureusment, jusqu’ici, les organes étatiques ( Obma, Comité interministériel d’Audit et de Bonne Gouvernance, l’Inspection Générale des Finances..) créés pour éradiquer la corruption travaillent en ordre dispersé.


Leurs actions en solo sont à la base des échecs enregistrés. Le pavé de Bongeli. Bien avant cela, l’assistance était émue par l’aveu du vice-Premier Ministre en charge de la Reconstruction.. . « C’est une honte pour nous de nous retrouver au bas du tableau des pays noyés par la corruption. Ce malheureux constat doit nous interpeller. Les moyens mis en œuvre pour juguler cette gangrène devraient servir à d’autres choses », a-t-il martelé. Il a rappelé les efforts déployés par le Chef de l’Etat pour éradiquer ce fléau chez nous. A ce propos, il a signalé le décret portant création d’un organe chargé de la lutte contre le blanchiment d’argent.


Chacun d’entre nous étant mêlé de loin ou de près à ce vice, il a émis le vœu de voir chaque Congolais prendre conscience du danger qu’il y a à s’enraciner dans le mal. Et ce au risque de faire fuir des potentiels investisseurs. Le ministre de la Fonction Publique, Michel Botoro, s’est dit heureux de la présence de son collègue sud africain et des experts burundais, namibiens, sud africains et d’autres partenaires à Kinshasa pour œuvrer à la réussite du forum. Favoriser un entendement commun de tous les Congolais sur le concept de la corruption, la vulgarisation du code d’éthique de l’agent public, la fixation d’un cadre légal et la formulation des axes de lutte contre la corruption sont les objectifs assignés à ce forum, a ajouté le ministre de la Fonction Publique.


Ce forum n’est pas un lieu de réglèment des comptes mais de repentance. . Il marque le passage de la période de prévention à celle de la répression, a-t-il souligné. Grégoire Bakandeja, le prof. Budimbani, le Dga de l’Ocep Robert Munsi, l’Adg de l’OFIDA, Deo Rugwiza, le Secrétaire général de l’Association des Banques du Congo, Célestin Tshibuabua, et d’autres personnalités sont retenus sur la liste des orateurs. Ils vont plancher sur la fraude douanière, les tracasseries administratives et judiciaires, le rôle des médias dans la lutte contre la corruption.

LE PHARE

 

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