23 Décembre 2009
AFRIQUE REDACTION | FAITS DIVERS | SENEGAL | Mise à jour le Mercredi 23-12-2009 à 09H55
Si les parents de la jeune H.B. savaient qu’il y avait un pédophile du nom de Makhtar Camara qui tournait autour de leur fille en usant de stratégie subtile du genre «sama guèle la» (boutade taquine pour dire : «c’est ma petite copine») pour mieux atteindre sa proie, ils auraient pris toutes les précautions pour la protéger contre ce prédateur sans vergogne.
Le gus savait s’y prendre pour avoir joué sur la corde sensible d’une jeune fille dans l’antichambre de l’adolescence et pour abuser d’elle à plusieurs reprises jusqu’à l’engrosser. Son malheur fut qu’elle avait fini de se croire une grande dame mais, hélas ! Elle apprendra à ses dépens qu’il ne faut jamais répondre au sourire carnassier de certains loups sous le manteau d’un agneau. Dans nos sociétés africaines, il se passe parfois des choses qui, désormais, doivent alerter. Comme le disent nos cousins latins : «deus ex machina», certaines paroles anodines dans l’entendement des parents peuvent avoir des effets désastreux et ravageurs pour leurs petites filles et particulièrement pour celles qui sont au pas de la porte de l’adolescence.
Celles-ci sont enclines à rêvasser et à se prendre déjà pour des dames face au début de la transformation de leur corps et tombent facilement dans le piège des mots doux venant de prédateurs. C’est ce qui est arrivé à la jeune élève de 12 ans d’Agname (Podor), H.B. Un certain Makhtar Camara, habitant le même quartier que la jeune fille, avait pris l’habitude anodine de tourner autour d’elle en l’abreuvant de compliments du genre «yaye sama guèle way» (tu es ma petite copine). Crédule et dupe comme les filles de son âge, elle finira par le croire tellement il était «gentil» avec elle.
En catimini, il allait lui rendre visite chez elle et ils se mettaient devant la maison pour passer en couple des heures sans que la grand-mère de la fille ne soit au courant. Makhtar Camara profitera de la fête du 31 décembre 2008, pour coucher avec la fille non sans la menacer de représailles si jamais elle en parlait à quiconque. Sentant qu’il tient sa proie par la peur puisqu’elle ne vivait qu’avec sa grand-mère (son père vivait lui à Aéré), le prédateur s’enhardit et passa à la vitesse supérieure et installa ses habitudes jusqu’au mois d’août dernier. De passage pour rendre visite à sa fille chez sa grand-mère, Oumar Bâ, le père de la jeune fille se rendra vite compte qu’elle avait trop changé à ses yeux.
Il remarqua que le ventre de H.B. avait plus de volume que d’habitude. Après une enquête serrée, il découvrit rapidement que c’est un certain Makhtar Camara, l’auteur de cette ignominie. Le père ne déposera pourtant pas plainte tout de suite. Il ira voir l’imam et chef du village de Agname pour proposer au violeur de mettre au grand soleil leurs relations coupables et de les régulariser en mariage dès l’accouchement. Un conseil des sages fut appelé mais le gus ne sera pas présent. Il se fera représenter par son oncle. Celui-ci refusera de s’engager.
Après des semaines de dilatoire, le père déposera une plainte contre Makhtar Camara à la gendarmerie pour l’obliger à faire face à ses responsabilités. Devant les pandores, tout comme devant le procureur, il reconnaîtra finalement avoir couché avec la jeune fille à plusieurs reprises mais refusera la paternité de l’enfant en accusant la jeune H.B. d’avoir eu à «sortir» aussi avec un certain Ibrahima. Ce qu’elle bottera en touche. Le tribunal donnera son verdict le 24 décembre prochain, à une semaine de la date d’anniversaire de la perte de la virginité de H.B.
Article publie dans La Voix Plus