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15 Mai 2013
Depuis quelques jours déjà, le processus de la composition du nouveau bureau de la CENI (Commission électorale nationale) a été engagé à l'Assemblée nationale, institution choisie pour ce faire. La ligne à suivre pour désigner les membres de ce nouveau bureau, deuxième étape après la promulgation de la loi sur la CENI a été tracée par les députés nationaux au cours de la plénière de samedi 4 mai dernier.
L'un après l'autre, les différents groupes parlementaires sont intervenus du haut de la tribune de la salle du congrès pour donner leurs points de vue sur ce qu'ils pensent être le mieux pour le fonctionnement de ce nouveau bureau attendu comme un messie. En même temps le président de la chambre basse du Parlement congolais a entamé des rencontres avec les représentants de différentes composantes à savoir : la majorité, l'opposition politique, la Société civile, les confessions religieuses et les associations féminines… toujours pour obtenir le consensus sur les futurs animateurs de la CENI.
Après observation minutieuse, les personnes averties se rendent compte que toutes ces démarches plutôt que d'unir, divisent les Congolais. Ce qui a visiblement donné de la matière à un compatriote, un libre penseur, Cheik Abdallah Fundi qui pense tout le contraire de toutes les discussions à l'ordre du jour aujourd'hui.
Il apporte un autre son de cloche. Pour lui en effet, si nous tenons à atteindre l'objectif et éviter la surchauffe des esprits et minimiser les dépenses, les hautes autorités du pays, feraient mieux de confier l'organisation des élections à l'administration publique.
Dans une interview qu'il nous a accordée lundi 13 mai 2013 en sa résidence du quartier Kimbangu, Abdallah Fundi s'en défend avec des références plutôt parlantes. Il dit que l'histoire des élections dans notre pays montre que c'est l'administration publique qui s'est toujours chargée d'organiser les élections. En 1960 déjà, à la veille de l'indépendance, c'est l'administration coloniale qui a organisé les élections. Et à cette époque, ce sont les partis nationalistes à savoir le CRA (Centre de regroupement africain), le parti de Balubakat de Janson Sendwe, le MNC de Patrice Emery Lumumba et le PSA (Parti solidaire africain) de Gizenga Antoine qui ont remporté les élections. Et la coalition de ces 4 partis politiques qui a permis que Lumumba soit élu Premier ministre.
Bien que les colonialistes étaient contre les nationalistes, l'administration publique de l'époque qu'ils contrôlaient ne leur a pas empêché de proclamer les nationalistes, vainqueur de ces élections. Il y a là, le caractère neutre de l'administration publique qui a prévalu. Et ces résultats n'ont pas donné lieu à des contestations. Ce n'est pas tout. Sous la deuxième République, c'est encore l'administration qui a eu la charge d'organiser les élections malgré les failles dues à la primauté du Parti Etat, le MPR qui régentait tout. Mais au moins l'objectif visé, était obtenu et elles n'ont souffert d'aucune contestation. Les élus étaient acceptés comme tel par la population.
Et puis opter pour l'administration publique, pense-t-il, diminuerait sensiblement les dépenses parce qu'aujourd'hui les membres du bureau ont rang de ministre et de vice-ministre. Où trouverait-on l'argent à le payer ? Ensuite ça éviterait les contestations puisque l'administration publique est neutre. Et puis après tout, la CEI ou la CENI tous ont eu recours aux fonctionnaires, aux enseignants qui sont des unités à part entière de l'administration publique pour diriger les bureaux de vote. De ce point de vue là, les Congolais ont tout à gagner à responsabiliser cette même administration qui a déjà fait ses preuves par le passé.
Abdallah Fundi estime même que l'administration aujourd'hui est beaucoup plus outillée qu'il y a 15 - 30 ans avec des cadres bien formés et bien avisés grâce à la technologie de l'information, etc.. C'est ici le lieu de responsabiliser es fonctionnaires de l'Etat, les mettre en valeur pour qu'ils se sentent revigorés et honorés par nous-mêmes les Congolais.
Nous vous proposons quelques extraits de son interview dans les lignes qui suivent
L'Observateur : Cheik Abdallah Fundi, vous trouvez que la CENI cause beaucoup de problèmes au pays. Elle divise au lieu de rapprocher le peuple. Elle coûte ensuite très cher au Trésor public. De votre point de vue, vous pensez qu'elle est à bannir ou à améliorer tout simplement ?
Cheik Abdallah Fundi : Je ne dis pas qu'il faut bannir la CENI. Mais je pense qu'il y a moyen de trouver des solutions beaucoup plus économique. Et opter pour une formule qui rapproche le peuple plutôt que de l'amener à un schéma qui le divise davantage comme le prouve si bien la composition du nouveau bureau de la CENI.
Aujourd'hui le peuple est complètement divisé en commençant par la Société civile qui est incapable de s'entendre. L'opposition politique elle-même qui avait souhaité le changement de ce bureau, a difficile d'accorder ses violons. Je ne suis pas contre la CENI mais j'estime pour ma part que le mieux à faire, c'est de responsabiliser par exemple l'administration publique. Elle a organisé les élections à la veille de l'indépendance qui a donné lieu à l'élection de Patrice Emery Lumumba alors que les colons étaient contre les nationalistes. Voyez-vous.
Quel est d'après-vous l'avantage en confiant l'organisation des élections à l'administration publique ?
L'avantage pour l'administration publique, c'est son caractère neutre. Et puis elle se retrouve sur toute l'étendue du territoire national. En plus de cela, l'organisation des élections. Ce n'est pas comme la C CENI où à part les frais à engager pour l'organisation matérielle des élections, il faut devoir payer les membres du bureau comme des ministres ou vice-ministres. C'est des dépenses colossales qu'on peut éviter et ainsi économiser de l'argent. C'est un aspect que les gens ne voient pas mais sils réfléchissent mûrement, ils me donneront raison.
Mais concrètement comment cela va-t-il se passer et par où commencer ?
Merci pour la question, je crois que c'est simple. Les autorités compétentes peuvent choisir parmi les secrétaires généraux, celui qui est plus honnête, plus crédible. Il y en a dans l'administration parce que l'Etat connaît les valeurs de chacun, ils les côte. On le place à la tête du bureau électoral national en définissant ses compétences et ses limites. Il va, en intellectuel avéré et grâce à son expérience et son expertise choisir des responsables au niveau des provinces, des villes, des districts, des communes, des territoires, des secteurs, des quartiers, des groupements, etc. qui, à leur tour, vont former des comités sur base des critères objectifs. Je crois que ça évitera tout soupçon.
Mais si pour mettre en place le bureau de la CENI, on prend les membres de toutes les composantes. C'est pour préserver l'unité et la cohésion nationale afin que tous les Congolais se sentent concernés et impliqués. Vous ne trouvez pas que c'est positif ?
Ecoutez, l'idée est noble si réellement elle vise l'unité et la cohésion des Congolais. Mais est-ce que tous ces 11 ou 13 membres qui vont diriger le bureau de la CENI, représentent-ils les 70 millions de Congolais ? Et nous savons que tous seront nommés à partir de Kinshasa. Parce qu'il est prouvé que tous les partis et associations de la Société civile sont basés dans la capitale. Je ne crois pas que le Congolais de l'arrière-pays se reconnaisse à travers ces gens qui seront nommés à partir de Kinshasa. Etes-vous sûr que ce nouveau bureau de la CENI qu'on veut mettre en place sur base du même principe de désignation de ses membres comme les deux précédentes commissions électorales, échappera vraiment à ce que nous déplorons ce jour ? Sera-t-il à l'abri des contestations ? Voilà l'objet de notre crainte.
Propos recueillis par
Jean-Pierre Seke