PROFANATION DES TOMBES A KINSHASA - Envoi imminent des bulldozers de la ville aux cimetières de Kinsuka et de Kintambo

Créé le 03 -08-2010 à 00h00 | AFRIQUE REDACTION | REDACTEUR EN CHEF : ROGER BONGOS | SITE PANAFRICAIN | ACTUALITE | RDC | Mis à jour le mardi 03 -08-2010 à 00h00 : LES DEPECHES DE BRAZZAVILLE

Toutes les constructions anarchiques seront réduites en poussière dans ces deux sites. L'annonce a été faite à l'occasion de la journée nationale dédiée aux morts, le 1er août. Le gouverneur de la ville, André Kimbuta, a confirmé l'entrée en action des engins de la ville dès le 4 août au cimetière de Kinsuka, dans la commune de Ngaliema. L'arrêté de l'autorité urbaine autorisant le démarrage de l'opération dans les quarante huit heures, informe clairement les propriétaires que toute résistance entraînera une démolition des constructions concernées à leurs frais. Cette action va s'étendre aux autres cimetières, a-t-on appris auprès de l'administration urbaine. Kintambo est bien le prochain sur la liste. Sur un autre plan, en prélude à la fermeture annoncée du cimetière de Kinkole, la ville est en train d'aménager un nouveau site à Benzale, dans la commune de périphérique de Nsele. Il s'agit d'un cimetière VIP où les petites bourses seront aussi prises en compte. « Entre ciel et terre », c'est son nom, a été ouvert au public le même dimanche dans le cadre d'une journée porte-ouverte mais sa date de mise en service est le 1er novembre.

Phénomènes inquiétants

Les cimetières sont devenus des lieux de débrouille pour les adolescents et les jeunes en situation de précarité. Le dimanche, la capitale s'est mobilisée pour rendre hommage aux personnes disparues. Il y avait une affluence sans précédent à Gombe, Kintambo et même Benseke, dans la périphérie de la ville. En effet, les familles ont mis plus de deux heures pour y arriver à cause des embouteillages. Beaucoup se sont confiés aux « Dépêches de Brazzaville » pour déplorer l'état des anciens sites (Gombé, Kinsuka, Kintambo, etc.) mais aussi attirer l'attention des autorités sur une grave dérive observée dans les cimetières. « Des enfants qui ont l'âge de ma fille, dix ans, sont venus me demander de faire l'entretien de la tombe de ma femme. J'ai refusé, bien entendu. A son âge, je ne mettais pas les pieds dans un cimetière. Regardez Gombe, on marche sur les tombes pour progresser. Ces enfants dorment sur place ; ils me demandent cinq dollars américains pour nettoyer deux tombes. Comme je ne sarais pas marcher sur mes semblables, même décédés, pour visiter ma femme, je ne peux qu'accepter la proposition », a expliqué un visiteur. Beaucoup parmi eux se sont improvisés en guides pour retrouver et identifier des tombes perdues ou enfouies sous les plantes sauvages, en réparateurs lorsqu'il s'agissait de boucher les trous ou encore en peintres.

Laurent Essolomwa