10 Décembre 2009
Les « insurgés » de Dongo ont attaqué l’hélicoptère de la Monuc « à l’arme lourde ». Ce qui n’était qu’une rivalité interethnique devient une véritable « menace armée ». Le Potentiel, dans son édition n°4795 du vendredi 4 décembre 2009, intitulait déjà à la « Une » : « Dongo, une nouvelle menace armée ». Les faits semblent lui donner raison. Ce n’est plus un fait divers. Il faut agir vite et bien pour éviter le syndrome du Kivu et de la Province Orientale, précisément dans le district de l’Ituri.
Les déclarations contradictoires sur la situation à Dongo, dans la province de l’Equateur, méritent que l’on ne verse nullement dans la naïveté. En effet, dans son édition n°4795 du 4 décembre 2009, Le Potentiel mettait en garde la Nation contre une nouvelle menace armée.
Depuis quelques jours, cette menace se précise. Loin d’un simple fait divers, même s’il ne s’agissait que d’une querelle interethnique due à quelques illuminés, les choses sont en train de prendre une tournure dangereuse au risque de plonger le pays dans un nouveau cycle de violence et de personnes déplacées. Tout a pratiquement commencé de la même façon au Kivu, ensuite dans la Province Orientale, dans le district de l’Ituri. La suite ? Tout le monde la connaît. C’est dire que les va-t-en guerre ou les seigneurs de guerre, c’est selon, n’ont pas encore désarmé. Il en est de même des agitateurs tant internes qu’externes, ces esprits malins de la violence, ces faiseurs de guerre qui ne démordent pas tant il est vrai qu’ils vivent de la rente de la guerre. La situation à Dongo, dans la province de l’Equateur, nécessite des réactions rapides et efficaces.
DECLARATIONS QUI INTERPELLENT
La situation n’était « pas claire » la semaine dernière dans la localité de Dongo. A ce sujet, le porte-parole de la Monuc a même dit que « tous les acteurs ont très peu d’informations ». A en croire Jean-Paul Dietrich, « les autorités (congolaises) n’ont peut-être pas vu la gravité de la situation. Elles ont sous-estimé le potentiel agressif (des assaillants) , ils ont perdu le contrôle. C’est pourquoi les choses se sont dirigées dans cette direction ». Quelle direction ? Les réponses divergent selon qu’il s’agit des sources onusiennes ou des autorités congolaises tant sur l’identité des insurgés que sur leur puissance de feu.
Dans tous les cas, le président de la République, Joseph Kabila Kabange, s’en tient à la version des affrontements intercommunautaires sur la gestion des étangs poissonneux à Dongo. « Je ne peux clore le chapitre sur la sécurité sans dénoncer, avec la plus grande fermeté, les événements tragiques de Dongo, dans la province de l’Equateur où, récemment, des affrontements ont opposé deux tribus, causant plus d’une centaine de morts, dont des officiers de police », a-t-il déclaré lundi devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès. Pour la Monuc, il s’agit de « gens qui possèdent des armes de guerre et ont tiré sur un hélicoptère civil à l’arme lourde ».
LE DANGER SE PRECISE
Affrontements intercommunautaires pour la gestion d’étangs poissonneux ou « rébellion » qui ne serait « pas clairement définie », il semble aujourd’hui que la situation à Dongo n’est toujours « pas claire ». Cependant, la sonnette d’alarme est venue de la Monuc.
Mercredi, le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu en RDC a déclaré, au sujet de ces insurgés : « Nous devons parer à toute éventualité ». Alan Doss s’est toutefois abstenu de dire s’il s’agissait d’un conflit interethnique ou d’un mouvement insurrectionnel qui se trame dans le Sud-Ubangi. Il a laissé au gouvernement le soin de le faire.
Cependant, les autorités congolaises ont décidé de mettre le paquet pour arrêter l’aventure des « insurgés » de Dongo. Les informations en provenance de Gemena tendent à le confirmer. Des renforts ont été acheminés sur place. La Monuc a promis d’apporter toute son assistance. Dans son discours sur l’état de la Nation, le président la République a promis que l’ordre et l’autorité de l’Etat seront rétablis.
Pour preuve, plusieurs sources indiquent que « les marchés et les boutiques de la ville ont ouvert mardi. Cependant, les écoles, de manière générale, n’ont pas fonctionné de même que les services publics. C’est à peine que quelques élèves en uniformes ont été remarqués la matinée dans les rues de la ville ». Il faut s’en tenir à la promesse du chef de l’Etat, selon laquelle « dans tous les cas, l’ordre public doit être, et sera rétabli », les renforts militaires et policiers sont arrivés dimanche à Gemena dans cette perspective. « Des drames semblables et tout aussi regrettables se sont produits en d’autres lieux », a-t-il rappelé, demandant à « tous les élus de travailler à l’éradication de ce tribalisme d’un autre âge ».
Aujourd’hui que la menace armée se précise, il y a lieu de tout mettre en œuvre pour rétablir l’autorité de l’Etat. En même temps, s’imposer une réflexion profonde sur cette situation qui vient de se produire à Dongo. L’objectif est d’arrêter cet élan criminel de « faiseurs de conflits » pour bénéficier des rentes de la guerre comme plusieurs hypothèses l’ont soutenu en ce qui concerne le Kivu et l’Ituri.
Dans le même ordre d’idées, il serait tout aussi positif d’initier des concertations dans le but de vider certains contentieux inhérents à la vie de nos entités provinciales. Il appartient ici, comme ce fut le cas à Goma, aux ressortissants de l’Equateur de ne point jouer aux pyromanes, mais plutôt d’aider la communauté de la province de l’Equateur à se réconcilier avec elle-même. Pourquoi ce silence des élus de cette province ? La question est pertinente.
Par Le Potentiel