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RDC: échec des opérations contre les FDLR, protégés par leur réseau international

KINSHASA (AFP)

Les rebelles hutu rwandais qui sévissent dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) ont bâti un réseau de financement et de soutien international, qui fait échec à toute tentative de neutralisation, selon un rapport d'experts de l'ONU dont l'AFP a obtenu copie.

voir_le_zoom : Deux rebelles hutu rwandais du FDLR dans la forêt, le 6 février 2009, près de Pinga, à 150 km au nord-ouest de GomaDeux rebelles hutu rwandais du FDLR dans la forêt, le 6 février 2009, près de Pinga, à 150 km au nord-ouest de Goma

Les rebelles hutu rwandais qui sévissent dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) ont bâti un réseau de financement et de soutien international, qui fait échec à toute tentative de neutralisation, selon un rapport d'experts de l'ONU dont l'AFP a obtenu copie.

AFP/Archives - Lionel Healing

L'armée congolaise et les Casques bleus de l'ONU qui l'appuient ont échoué à démanteler les rebelles hutus rwandais dans l'est de la RDC qui restent actifs aussi grâce à un réseau de financement et de soutien international, selon un rapport d'experts de l'ONU.

Dans ce rapport transmis début novembre au Conseil de sécurité de l'ONU, non rendu public et dont l'AFP a obtenu copie, les experts affirment que "les opérations militaires menées contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) ont échoué à démanteler les structures politiques et militaires de l'organisation".

Ces opérations, menées en janvier-février par Kigali et Kinshasa, et depuis par l'armée congolaise seule, avec le soutien de la Mission de l'Onu en RDC (Monuc), ont "aggravé la crise humanitaire" au Nord et Sud-Kivu. "Plusieurs centaines" de civils ont été tués, des villages pillés et incendiés, et des "centaines de milliers de personnes" ont fui les violences, notent les experts.

Les FDLR sont estimés à environ 5.000 dans l'est de l'ex-Zaïre où ils se sont installés après le génocide de 1994 qui visait essentiellement la minorité tutsi au Rwanda. Certains ont activement participé au génocide.

Malgré les offensives contre eux, les rebelles se sont réinstallés dans de nombreuses zones d'où ils avait été chassés début 2009.

Surtout, affirment le rapport, les FDLR ont fait jouer leurs "réseaux de soutien régionaux et internationaux pour contrer les effets" de ces offensives.

Ils ont ainsi "reçu d'importantes cargaisons d'armes et de munitions en 2009 (...) en provenance de Tanzanie" et se serviraient du Burundi comme "base-arrière" notamment pour le recrutement de combattants.

Les experts désignent plusieurs personnalités étrangères qui ont "apporté un soutien financier et matériel régulier aux FDLR", citant des membres de "Fundacio S'Olivar" et de "Inshuti", deux organisations caritatives espagnoles qui seraient "financées par le gouvernement des Iles Baléares".

Le président d'Inshuti, l'Espagnol Joan Casoliva, qui avait des contacts au sein du gouvernement des Baléares, avait ainsi promis de "lever jusqu'à 200.000 dollars pour les FDLR", à qui il aurait fait parvenir des fonds avec l'aide d'un prêtre belge basé en Tanzanie.

Le parlement autonome des Baléares a réagi, en affirmant que la fondation S'Olivar a toujours travaillé "pour la défense de la paix, de la justice et de la solidarité, en appliquant toujours les principes pacifistes et non violents".

Les rebelles parviennent également via des intermédiaires, notamment ougandais, à exporter des minerais, tirant des "profits significatifs" notamment de l'exploitation de l'or. Le groupe d'experts cite des compagnies britannique, malaisienne ou thaïlandaise, qui achèteraient des pierres issues de mines contrôlées par des rebelles.

Le rapport déplore aussi le manque de coopération des pays occidentaux, comme la France, la Belgique, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, où sont installés des cadres des FDLR en liaison régulière avec les combattants en RDC.

Depuis la rédaction du rapport, l'Allemagne a toutefois arrêté le 17 novembre le chef des FDLR, Ignace Murwanashyaka, et son adjoint Straton Musoni, qui vivaient dans ce pays.

La France a réagi mercredi en indiquant qu'elle "(coopérait) avec le groupe d'experts" et qu'elles répondrait "naturellement" à leurs requêtes.

Persuadé que sans soutien extérieur, la capacité de nuisance des rebelles serait "considérablement diminuée", le groupe plaide pour une "approche commune" par tous les pays concernés par l'activité des FDLR et recommande au Conseil de sécurité d'inciter au lancement de mandats contre les principaux leaders rebelles vivant à l'étranger.

© 2009 AFP

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